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Citations sur Valcrétin (7)

On comprenait en les voyant la légende des harpies : elles en avaient la laideur et la fureur, et aussi l'odeur, que le vent glacial apportait jusqu'à nous. Comme nous avancions toujours, leur cris et leur agitation redoublèrent. Les mâles se mirent à faire tournoyer leurs bras comme des ailes de moulin. La sécrétion de bave se faisait plus intense, et ils mirent à fienter avec bruit dans leurs larges mains qu'ils plaçaient en auges sous leur fesses ; puis ils lançaient avec force, dans notre direction leurs déjections toutes fumantes et gluantes. Ce bombardement d'un nouveau genre nous fit reculer [...]
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Une utopie, la description d'une société imaginaire, n'est jamais entièrement imaginaire. L'auteur, qu'il le veuille ou non, y reproduit en partie la société de son temps : ce qu'il nous décrit, c'est en réalité la société où il vit, mais revue et corrigée, embellie et idéalisée, ou au contraire, enlaidie et caricaturée, car il y a aussi des utopies satiriques, et ce sont souvent les plus amusantes. Une histoire des utopies serait donc une histoire des idéaux de l'humanité, des luttes et des critiques sociales, qui devrait être à chaque instant mise en relation avec l'histoire des sociétés réelles.

(Préface. Régis Messac dans "Les Primaires", mars 1939.)
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Plus d’espaces inexplorés sur le globe ? Quelle plaisanterie !

[Incipit]

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L'être semblait courir à quatre pattes, avec une sorte d'agilité maladroite, si je puis dire. [...] Déjà Corrabin épaulait sa carabine ; le professeur l'arrêta. Lui posant la main sur le bras, il proféra avec une gravité inaccoutumé :
- Ne tirez pas, c'est un homme !
- Un homme, ça ?
- Un crétin, si vous voulez. C'est la même chose.
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Les crétins ont une façon bien à eux de dépecer la viande : avec les mains, les ongles, les dents, les pieds au besoin.
Ah! Comme ils s'en chargent ! C'est à donner le frisson.
À peine les quartiers de chèvre avaient-ils été déposés devant eux, qu'ils se jetaient sur la viande avec fureur, avec folie, avec rage.
Sans précaution, sans discernement, aucune tentative pour choisir entre les bons et les mauvais morceaux.
Ils se jetaient sur les abatis, les membres saignants, arrachant les chairs, brisant les os, massacrant les quartiers de viande et gâchant les trois quarts de la nourriture., Comme ils font toujours, par excessive précipitation.
Si quelque chose, semblait allécher particulièrement leur goinfrerie, c'était de préférence les entrailles, les organes mous, les poumons pareil à des éponges sanglantes, les cœurs et les foies bientôt écharpés en haillons sanguinolents, les intestins crevés laissant fuir un hachis d'herbes encore fumantes, au fumet nauséeux.
Une vieille crétine, en tout semblable à un vieux macaque, se barbouillait la face d'un morceau de poumon auquel adhérait encore un fragment de trachée, se l'enfonçait dans la gorge avec des rots et des râles de délices.
À côté d'elle, un mâle essayait en vain d'engloutir un foie tout entier, sans mâcher, l'éructait, le rattrapait, se l'enfonçait dans la bouche avec rage, pour le revomir tout aussitôt en s'étranglant et en s'étouffant.
Mais les intestins, c'était horrible.
Ils bâfraient le sang, goinfraient à même les boyaux déchirés, l'herbe toute chaude, à demi digérée, qui n'était plus de l'herbe et pas encore de l'excrément, de la crotte en formation.
Dans un coin, une femelle tenait en équilibre sur son ventre une caricature d'avorton morveux. Littéralement morveux, car deux chandelles glaireuses lui coulaient des narines. Ce que voyant, la mère, d'un coup de langue, lapa les chandelles et moucha l'avorton.....tendresse ou gourmandise ?
Cependant, le bruit et le tumulte augmentaient sans arrêt dans ce pandémonium de clameurs, de fureurs et de puanteurs. Ça pouvait tourner mal.
Soudain, voilà qu'un de nos sujets, le moins évolué, Moulouf, se précipite vers la mère du morveux et se met à l'accoler. Je crus d'abord qu'ils allaient se battre. Mais je compris bien vite que l'étreinte était d'une autre nature.
Oh! Ils ne se gênaient pas du tout ! Le morveux restait pendu à l'outre flasque du sein maternel, tandis qu'elle s'abandonnait, renversée, d'assez mauvaise grâce pourtant, semblait-il.
Je ne saurais dire à quel point cet accouplement était répugnant.
Je ne pouvais m'empêcher de me répéter intérieurement avec une sueur d'angoisse : vraiment, sommes-nous comme ça, quand ?... Pour détourner le cours de mes idées, j'interrogeai Peignouf. "C'est sa... compagne ?" demandai-je, en parlant de Moulouf et de la triste femelle à la répugnante bedaine.
J'eus quelque mal à comprendre sa réponse...
..."C'est sa mère. C'est sa mère".
_Sa mère ?
"
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Est-ce que les théories de Baber seraient plus sérieuses que je ne l'avais cru ? Jusqu'ici, je n'avais guère confiance, je l'avoue.
Toujours est-il, que sous l'influence du traitement, notre hôte semble révéler des possibilités inattendues.
D'abord, il a un nom et un langage, ou quelque chose d'approchant. Il s'appelle Peignouf ; du moins, c'est ce que prétend le professeur, qui passe une bonne partie de son temps à converser avec lui. Déjà, Peignouf aurait fait de véritables révélations.
Je reste un peu septique. D'abord Baber seul, est à même de comprendre et d'interpréter le langage de notre pensionnaire. Et il interprète beaucoup. Je me méfie de l'imagination du professeur.
Peut-être est-ce tout simplement Baber qui lui a appris à parler, après l'avoir rendu éducable grâce au sérum. Quoique là encore, ce sérum...
...Peignouf fait des progrès rapides. Il parle de plus en plus. Il bavarde, même, il est on ne peut plus bavard. Grâce à lui, nous en apprenons des belles, sur les mœurs des crétins.
Mais, les apprenons-nous vraiment ?
Ou bien, les inventons-nous, les lui faisons-nous inventer à mesure, pris à notre jeu ?
Tout cela n'est peut-être qu'un roman, et nous des romanciers involontaires, si je puis dire.
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