Voir si les machines machinent avant de se demander... si le dormeur rêve... ou si le rêveur ment. Une comptine. On pourrait enchaîner : dormeur rêve, rêveur conte, conteur ment, menteur tue, tueur pleure, pleureur meurt, mourant dort... (page 257)
À en croire la très bonne parole, il faut que je sois fou. Ils ont réfléchi toute la nuit derrière des portes closes, et maintenant que la fatigue a fini par les mettre d'accord, ils peuvent le dire sans aucun risque de se tromper : c'est ça. L'un deux monte au créneau pour défendre cette position. Le pauvre est mal barré. Pour rien au monde je n'échangerais nos places. (page 11, premières phrases du roman)
Longtemps le monde n'a eu qu'indifférence pour moi- mais depuis que j'ai réussi, en sept ou huit coups de feu, à attirer son attention, sa curiosité me harcèle. Je me suis rendu compte un peu tard que je n'en demandais pas tant.
Et ainsi, Calder parla aux représentants des Vallées :
"-C'est pour ça que je disais à Arlington : ne renoncez pas aux ignares ; faites en sorte que ça suive, et vous aurez des troupes ; sortez et vous recruterez des gens qui vous aideront. Car il faut, une bonne fois, que nous nous mettions d'accord sur les fins. La fin ultime que nous poursuivons, est-ce le savoir, ou est-ce la vie ? Vous donnez trop souvent l'impression de ne vous occuper que de livres, mais je pense qu'au fond c'est bien la vie que vous avez en tête. Alors, si c'est la vie... il faut pratiquer les fins dès le début, même en pure perte, même avec des gestes maladroits. Et je vous dirai aussi : nul ne peut servir deux maîtres ; vous ne pouvez pas servir et les livres et la joie ; vous êtes parfaitement libres de consacrer toute votre vie au savoir, et d'oublier la joie, enfermés dans la prison de vos crânes. Ou alors : servez la joie, servez-la par les livres, montrez comment votre savoir transforme en aventure de chaque instant ce qui, sans lui, n'est que survie, cycle de pur hasard, digestion et défécation. Allez à la joie en prenant ce détour. Montrez aux autres pourquoi le détour est nécessaire, quel investissement il représente, et pour quel gain énorme ! Ou bien enfermez-vous, mais dans ce cas : en entrant dans le caveau des idées que seul le cénacle est capable de comprendre, soyez bien conscients que vous laissez la vie à la porte !"
« Il avait compris désormais : c'est le rêve qui allait exercer sa volonté de vivre »
Tout part de l'infini. Si l'infini existe, toutes les choses sont réelles. Elles sont dispersées dans l'espace et dans le temps, mais possèdent en un certain point de l'espace et du temps une forme de réalité (pages 488-489)
Dirave. Dévigue. (page 168)
Ils devraient savoir qu'une existence dont on excave peu à peu les formes pleines est pire qu'une vie qui reste creuse de son origine à sa fin.
Pourtant c'est évidence, mes jours sont des massacres, mes nuits des carnavalges,j'empeste la mort, la douce mort de la mort, et je fuis le soleil car il n'existe pas.
Cet homme n'avait pas de vie – ou bien une vie tout intérieure. (page 63)