Citations sur Chroniques lunaires, tome 3.5 : Levana (46)
Dans l’idéal, une femme devrait avoir trois hommes à sa disposition. Un pour lui faire la cour, un autre pour réchauffer son lit, et un dernier pour la couvrir de bijoux.
Mais elle savait aussi que le feu était dangereux, que les illusions étaient dangereuses, et que se laisser convaincre qu'une chose n'était pas réelle était souvent la chose la plus dangereuse de toutes.
Elle rêvait de lui constamment. Il lui tenait la main dans la grande-salle pendant que sa sœur pérorait stupidement à propos des robes qu'elle s'était commandées. Il la dévorait des yeux dans la salle du trône pendant que les thaumaturges exposaient des mesures politiques dépassées que Channary ne se donnerait jamais la peine de comprendre ou d'améliorer. Et tous les soirs, elle l'imaginait se glisser dans son lit, la serrer dans ses bras musclés et lui souffler des baisers enfiévrés dans le cou.
p.135.
- Je sais que ta sœur t'a mis dans la crâne que tu étais affreuse depuis l'époque où tu étais encore un bébé. Je peux imaginer les conséquences que cela a entraînées chez toi. Mais enfin... Levana...
- Avec un soupir, Evret vint se placer derrière elle et la prit par les épaules. Il avait les mains chaudes.
Avec ma première femme, nous pouvions parler de tout. Il y avait une confiance implicite entre nous. Je crois que si nous voulons nous donner une chance que ça fonctionne, nous devrions essayer d'instaurer la même chose entre nous. Mais ça n'arrivera jamais si tu continues à te cacher de moi.
- Manipuler une proie est un moyen trop facile de tricher, continua Channary. [...] Je n'ai pas envie de gagner de cette manière. J'aurai gagné quand j'entrerai dans l'histoire lunaire comme la reine la plus désirable de tous les temps.
- La moins sélective, en tout cas. Tu n'as jamais envie de... tomber amoureuse, tout simplement ?
- L'amour... Quelle enfant tu fais. [...] L'amour est une conquête ! L'amour est une guerre ! [...] Voilà ce que je pense de l'amour ! cria Channary.
p.129.
- Par le passé, nous avons parfois connu des épisodes d'agitation populaire quand les gens passaient trop de temps dans l'oisiveté à… développer des idées.
"L'amour est une conquête. L'amour est une guerre. Voilà ce que je pense de l'amour."
Elle ne voulait pas rester dans l'histoire comme la plus belle souveraine que ce petit satellite ait jamais connue. Elle voulait qu'on se souvienne d'elle comme de la plus belle reine de toute la galaxie. La souveraine qui aurait uni la Terre sous la même monarchie.
Cette ambition s'était d'abord formée en silence, prenant dans son ventre la place qu'un enfant aurait dû occuper. Elle s'était développée si profondément chez Levana qu'elle n'en avait pas eu conscience jusqu'à ce qu'un jour elle lève les yeux vers la planète qui flottait insolemment au-dessus d'elle, hors de portée, et tombe presque à genoux sous la force du manque.
Plus le temps s'écoulait, plus son envie se faisait insistante.
Elle méritait la Terre.
La Lune méritait la Terre.
Pourtant, elle avait beau tirer des plans, passer de longues réunions à discuter soldats et épidémies elle ne savait toujours pas comment s'en emparer.
- Je crains que ce ne soit pas des assassins dont il vous faille vous méfier le plus.
Elle toucha la chaîne qu'elle portait à son cou.
- De quoi devrais-je donc me méfier, selon vous ?
Elle fit un pas hésitant vers lui.
- De vous-même, répondit-il d'un ton ferme.
p.53.
- Vous voudriez les rendre malades, résuma Channary d'une voix lasse, avant de les guérir ? C'est la tactique militaire la plus bête que j'aie jamais entendu proposer.
- Non, pas du tout, intervint Levana.
L'attention d'une centaine de membres de la cour royale se focalisa sur elle, comme le regard furibond de sa sœur qui la toisait du haut de son trône. Mais Levana bomba le torse et refusa de se laisser intimider.
- Ils n'auraient pas besoin de connaître les origines de la maladie, expliqua-t-elle. Ce serait l'acte de guerre idéal, car personne ne le prendrait pour un acte de guerre.