Etendu sur mon lit, il me semblait sentir la morphine parcourir mes veines en silence et me dispenser sa pacifique torpeur.
C’est le XXème siècle qui a tué le Fantôme.
(..) cela, je le compris soudain, me donnait une occasion inespérée de réaliser ce que bien peu de gens peuvent tenter : repartir de zéro.
Quelle délicieuse perspective, et d'autant plus que je n'avais rien fait pour cela ! J'avais été jeté arbitrairement dans une situation unique, et lorsque je me mis à rêver à toutes les opportunités qui en découlaient, j'en eus littéralement le vertige, bouleversé par une joie presque enfantine au spectacle des voies nouvelles qui s'ouvraient devant moi.
Grâce au récit que vous aviez eu l'amabilité d'écrire, mon cher compagnon, le monde avait toutes les raisons de me croire mort, et cela, je le compris soudain, me donnait une occasion inespérée de réaliser ce que bien peu de gens peuvent tenter : repartir de zéro.
L'une des premières choses qui m'ont frappé après Reichenbach, Watson, c'est que personne ne pouvait imaginer que j'étais vivant.
Ainsi en va-t-il de la nature humaine; nous négligeons nos plus grands dons et nous nous démenons pour qu'on nous accepte dans des domaines où d'autres sont beaucoup plus qualifiés. Les clowns veulent jouer Hamlet, les médecins écrivent des romans, et moi, j'étais un détective bien décidé à devenir violoniste.
Il n'est pas bon de théoriser avant de constater. Ca ne peut que fausser le jugement.
Certains témoins vous diront que les plaisirs de la respectabilité ont tué les vrais plaisirs.
Notre puritanisme victorien allait bientôt traverser La Manche (malgré les efforts du joyeux prince de Galles) et assécher les rivières de permissivité qui baignaient jadis les nuits des classes aisées.
Il faut que je vous avoue, mon cher ami, qu'à ce point de mon enquête - et ce fut la seule et unique fois - je me pris à rêver à l'apaisante consolation de la piqûre. Etendu sur mon lit, il me semblait sentir la morphine parcourir mes veines en silence et me dispenser sa pacifique torpeur.