Cité 19, tome 1 : Ville noire

Elle comprit que certains mots devaient être appris deux fois : la première avec le cerveau, la seconde avec le cœur.

- Tiens donc ! Evidemment qu'ils n'ont pas envie de bêcher la terre... Ils préfèrent jouer au tire-laine avec un doubleur de sorgue.
La mine de Tixier indiquait qu'il n'avait pas compris un traitre mot à l'argot du commissaire.
Gontran traduisit, de guerre lasse :
- Jouer au voleur avec un complice qui opère la nuit... Combien de fois dois-je le répéter, Tixier ? L'argot doit être pour nous comme une seconde nature, sinon la racaille aura toujours une longueur d'avance !
- Oui, commissaire, fit l'inspecteur qui semblait peu convaincu de la nécessité d'apprendre ces vocables poisseux."

Dans ce Paris-là, où les femmes étaient cantonnées dans un atelier sous les ordres d'un contremaître, ou dans un logis sous l'autorité d'un mari, Faustine ne voulait même pas être une fille.
Pour retrouver son père, elle devait garder sa liberté de mouvement. Car dans cette cité où s'envolaient toutes ses certitudes, il lui en restait une à laquelle elle se cramponnait : son père l'avait précédée ici.

Après tout, qu'est-ce qu'une révolution, sinon la décision collective, brusque et inexorable, de fixer toutes les horloges sur la même heure ?

Ne humez pas. Buvez sans tarder. Trop de gens hument la vie et s'en tiennent là.

Il faut affronter la mort comme on affronte les vivants : sans beaucoup se froisser. Et en se ménageant, dans les deux cas, la possibilité de vomir.

Elle comprit que certains mots devaient être appris deux fois ;
la première avec la tête,la seconde avec le cœur.

on se disait qu'elle réglait ses comptes avec quelqu'un, sans se douter que ce quelqu'un était sa peur.

Ne sentez-vous pas une odeur de cadavre ? C'est que nous sommes ici au carrefour de tous les dangers. La Cité est le berceau de Paris, et de ce berceau s'élève une odeur de putréfaction et de mort !

Pour la première fois, le mot "inconsolable" correspondait à quelque chose de réel pour Faustine. Elle comprit que certains mots devaient être appris deux fois : la première avec le cerveau, la seconde avec le coeur.