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Citations sur J'ai choisi la terre (12)

Chaque feu a sa vie propre, une vie que toute la famille entretient. C’est bien pour cela qu’ils sont si longs à éteindre, ces petits foyers qui chauffent à peine mais qui éclairent un coin de campagne.
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Le rural est viscéralement indépendant.
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Cette fois j'ai presque fini.
Commencé en hiver, je termine cet ouvrage alors que l'été descend déjà vers l'automne. Que d'événements ont secoué le monde entre la première ligne et ces derniers mots !
Mais la terre est toujours immuable, presque hautaine. Les bourrasques qui nous secouent ne l'atteignent pas. A nos bouleversements, à nos balbutiements, elle oppose l'implacable horloge des saisons. Tous nos fourmillements, nos grosses colères, notre science, n'empêcheront pas les feuilles de jaunir, puis de tomber, bientôt. Déjà les bourgeons sont prêts pour le printemps prochain.
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J'aime les oiseaux et les connais un peu. Ils font partie de ma vie au même titre que les arbres, le paysage, le rythme des saisons. Je suis bien placé pour constater, à chaque printemps, la diminution de leur densité, et pour certaines espèces, leur disparition.
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Nous avons tous des ancêtres paysans.
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Que ceux-là me laissent au moins aimer la solitude, elle est le seul miroir de l'homme, miroir fidèle mais impitoyable. Qu'ils me laissent aussi aimer le silence, il me permet d'écouter. Quand à la foule, qu'ils m'excusent si je l'évite, je ne l'aime pas ; elle est anonyme, donc méchante et vicieuse, pleine d'un tumulte dont j'ai horreur car il rend aphone.
Chacun ses goûts. Pour beaucoup, les miens sont peut-être indéfendables. Pour d'autres, qui ont parfaitement le droit d'apprécier ce que bon leur semble, ils sont incompréhensibles. Cela n'a aucune importance, absolument aucune. Le danger viendra le jour où quelqu'un, ou un système, voudra imposer sa propre, sa seule vision de l'existence, son unique idée du "bonheur". Ce jour-là, une fois de plus, notre métier tel que je le conçois, c'est-à-dire et avant tout, libre, sera menacé.
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Après ving-cinq ans, on peut établir un bilan. Est-il positif, est-il négatif ? Cette appréciation est d'ordre personnel.
Positif oui, si l'on comprend, ou simplement si l'on admet, mon optique de la vie ; si l'on conçoit que je puisse trouver ma joie, ma raison d'être, mon épanouissement loin des foules et du bruit, dans une profession que nul ne m'a imposée, que j'ai choisie, que j'aime en bloc.
Positif oui, puisque pour le moment, ce métier me permet de faire vivre ma famille et surtout de partager avec elle la joie de chaque jour ; la joie qui souvent remplace ce que mon choix ne me permet pas d'acquérir, ce dont il nous prive. Vu sous cet angle, le bilan est positif, oui.
Mais pour les avides, il sera négatif, bien entendu. Ceux-là ne peuvent comprendre ; ceux-là qui n'apprécient pas un Van Gogh parce qu'il est plein de soleil, mais parce qu'il vaut de l'or. Ceux-là ne peuvent aimer la terre que si elle les enrichit.
Moi je l'aime davantage, je lui pardonne de ne pas m'enrichir, je ne lui en veux même pas de me coûter cher, parfois.
Elle est si belle ! Belle dans sa nudité et son réparateur sommeil d'hiver. Belle au réveil du printemps, quand elle embaume et qu'elle chante. Belle au soleil d'été. Belle sous les labours d'automne qui l'ouvrent et l'ensemencent, la cajolent et la comblent avant la longue nuit.
Mais rien de cela n'est monnayable, négatif donc.
Bilan négatif aussi pour ceux qu'affolent la solitude profonde d'une forêt, l'épais silence d'une nuit de décembre, l'absence de la foule et du vacarme.
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Tout semble fait et étudié pour obtenir le citoyen moyen type An 2000, bête comme un cochon, discipliné comme un nazi, malléable et manœuvrable à merci. Une sorte de bipède dont le cerveau sclérosé obéira sans rechigner aux ordres, publicités ou sondages qui régiront toute son existence, et dans les plus intimes détails.
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Pourquoi ne pas le dire, je n'ai plus beaucoup d'optimisme quant à la survie de l'agriculture des régions pauvres. Je serais déjà bien heureux si je parviens à m'accrocher à la terre ; c'est dire que je ne suis pas prêt d'encourager un de nos enfants à prendre la relève !
Dans le fond, qu'importe ! Il faut prendre la pluie et le soleil lorsqu'ils viennent, l'organisation de l'avenir lointain est un jeu dangereux et sans pitié. Je ne connais personne qui ait pu me dire : j'ai gagné à ce jeu-là.
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De cette vieille agriculture, il faut conserver un certain esprit, celui qui donne la patience, l'entêtement, l'obstination, qui rappelle à l'homme que, quels que soient ses connaissances, son matériel et tout son bagage professionnel, il reste et demeurera à jamais impuissant devant certains phénomènes naturels. Rien ni personne n'arrête une tornade, nul ne peut empêcher qu'un troupeau soit foudroyé, qu'une bête se casse une patte. C'est alors qu'il faut retrouver cet atavisme de terrien, cette espèce d'acceptation paisible de l'événement qui n'est pas du fatalisme résigné ou du défaitisme, mais la pleine conscience de son impuissance devant certains faits, de sa faiblesse d'homme.
Il est sain, et je crois indispensable, d'avoir toujours à l'esprit que nous ne pouvons pas vaincre la nature. Nous l'apprivoiserons de plus en plus, nous la domestiquerons, c'est bien, nous sommes là pour ça, mais jamais nous n'en serons les maîtres au sens rigoureux du terme. Un jour viendra où un événement, tout ce qu'il y a de plus naturel, nous remettra à notre juste place, les pieds sur terre.
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