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126 pages
Editions Présence Africaine (01/01/1961)
5/5   1 notes
Résumé :
Premier recueil de poèmes de l'écrivain, auteur-compositeur-interprète, dramaturge et romancier Joseph Miézan-Bognini, originaire de Grand-Bassam, en Côte d'Ivoire (1936 - 2017). Édité en 1961 par Présence Africaine, il rassemble des textes composés entre 1959 et 1960. Préface de Jacques Howlett.
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Ô mon poème prend feu
sur ces pierres qui fument déjà
au seuil palpitant d'un monde neuf,
Où les âmes exaspérées
puisent leur souffle.

Où êtes-vous, enfants d'Afrique,
qui tous les soirs chantent gaiement
autour des feux de bois
Où l'on égrenait quelques prières à haute voix.

Ô prières insolites de demain !
Fertile est la brise qui fouette le visage
et réfute la répugnance des hommes.

Ceux qui demeuraient dans le désespoir
au souffle oppressé de la vie,
avaient leur passé, leur moisson
Que nulle goutte de pluie ne venait arroser.

Lorsque ces feux brûleront dans les cœurs,
Tendre sera la douce mélodie
qui ravivera d'amour les foyers,
et les fontaines abreuveront les assoiffés.

Ces pierres qui fument autour de nous
ne sont guère que douceur
quand le soir renvoie la lumière
aux confins des sombres villages.

Ô mon poème prend feu
sur ces pierres célestes
au seuil de la liberté,
Où les âmes exaspérées
puisent leur souffle.

Midi scande la splendeur des rêves
au flanc des coteaux boisés,
la palme verte aux mille chansons
affleurent jour et nuit le rivage.

Ô chansons des cœurs purs,
Disons-les d'un plus tendre amour
car nos yeux sont la lumière
de ce royaume cher à nos rites.

Visages imprégnés de sentiment
Il fallut que s'ouvrent devant vous
les portes célestes du salut,
et qu'au-delà des mythes
recule l'immonde accoutumance.

Que des pierres fument
et embaument ces visages lugubres
tachés de scepticisme
que mon poème prenne feu
sur ces pierres qui fument déjà
au seuil d'un monde neuf
où les âmes exaspérées
puiseront leur souffle.
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Une jetée de paille à la fourche
Avec des oracles en déguisements,
La chair d'un pauvre éléphant
Lancée en pâture aux petits oiseaux ;

Le socle de la charrue ploie
Dans l'air vide sous le poids
De l'effort — miraculeusement dédié
À l'instinct d'un vieux papillon,
Voilà de quoi secouer l'univers
La noblesse des terres abruptes
Où se jette au même moment
L'âge du remords et de l'attente.

Mille compliments à ceux qui
Le méritent — non, ils ont semé dans le vide
Dans nos lieux, dans nos forêts,
Et le chant du colibri colporte leur histoire.

Il y a encore plus d'herbes à arracher
Que celles qui nourrissent les ovins.
Je ne crois plus à la tierce jouissance
Resserrée entre deux collines
Où coule brutalement un ruisseau.

Les forêts sont entrées en éruption,
Le sable bout dans les buissons,
Les cases ne sont plus que des gîtes.
Hélas ! combien pèse la négligence !

Ici, là-bas, sur les routes, sur les sentiers,
Ici, déjà on se déchire — on s'installe
On oublie le passé — là il y a du confort
Là, il y a l'amertume.

Offre que le ciel te vienne en aide
Jeune torture qui marche en boîtant ;
Ma tombe, ainsi s'exprime-t-elle,
Est creusée, et déjà l'habite mon temps.
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J'ai dansé sur les sillons d'un vieux champ.
L'herbe était encore sèche avant de souper,
Quand lassé d'un surcroît de musique,
Je devenais muet, allant m'asseoir pour un rêve.

Il y avait plaisir à leur faire la leçon ;
Et l'horizon se gonflait ballon d'espace.

Il y avait plaisir à leur parler d'immortalité
Lorsque vint le silence des oiseaux nocturnes.

Ils ont eu le contentement de s'étirer
dans leurs cellules ;
Le diable s'était enfui sans s'accrocher
à leurs chemises ;
Un mensonge errait dans les sillons
du vieux champ, et il a fallu
le recueillir et le forger.

Et là-bas le ciel est nu, décoiffé de son fardeau ;

Ils ont vécu l'austère journée d'un soir de deuil :
Ce fut la complainte des larmes aux yeux
souillés depuis le commencement du monde.

Hélas ! nous eûmes à retenir la pluie à nos chevets,
pour l'empêcher de crépiter sur nos toitures ;
Elle n'a pas lâché sa dentelle
d'argent liquide,
Et nos heures devinrent
délicieuses à déguster.
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Ici le sol est fin
Au milieu de la savane parfumée,
Au cœur de la forêt chantante.
Berceau des petits oiseaux,
Antre paisible de la faune,
Où la vie semble être envieuse.

Et l'horizon demeure interminable,
Où nous avons pavané nos étuves,
Avec lenteur nous allons dans le vent
Et pataugeant dans la boue,
Nos pieds alourdis éternisent l'espace.

La destinée nous promettait la lune,
Elle n'ose plus nous répondre.
Le jour avait étalé sa blancheur
Sur une étagère flexible,
La feuille nous servait d'éventail.

Et nos efforts s'en souviennent
Tel était notre dévouement
Avec la force d'un passé pur
Tout était couleur de crépuscule.
Entendre gémir l'humanité,
Nous étions là, les volets aux écoutes.

Nous attendions que demain s'y allège,
Le lendemain chanteur des grands aveux,
Et nos yeux creusaient la nuit
Pour dissoudre la boue
Et fondre les pleurs.
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Toi tu portes ton collier en liesse
Du bout du monde à la fin du monde,
Et tes multiples bras s'éparpillent
Pourvus chacun d'une lorgnette.

À tes yeux tout est nu, tout est noir,
Ta lumière est un observateur
Ton écorce s'éclabousse en menus morceaux
Et la terre les a fichés aux flancs.

Le monde est fait pour t'écouter
Pour t'aimer — pour s'enrichir
Pour s'éveiller à ton réveil
Pour guider tes pas vers ses enfances.

Désastre au ciel, où l'astre luit,
Contraire à ta souveraineté,
Il te couvre d'un manteau noir
Pour te dire bas sa colère.

Nous voici, les étés pleuvent
Sur nos visages assombris ;
Sur nos places, les pluies dansent,
Et sur nos forêts — vraies semences ;

Nous voici, le jour prend la couleur des nuits
le tonnerre roucoule au loin
Mais une lueur scintille dans nos cœurs
pour te recueillir.
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