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Citations sur De la liberté (25)

Après la perte irréparable que j'avais subie, l'un de mes premiers soins fut d'imprimer et de publier le traité, dont une si grande part avait été l'œuvre de celle que j'avais perdue, et de le dédier à sa mémoire. Je n'y ai fait aucun changement, ni non plus aucune addition, et je n'en ferai jamais. Quoiqu'il y manque la dernière retouche de sa main, jamais la mienne n'essayera d'y suppléer.
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J’ai déjà observé qu’à cause du manque de prin-
cipes généraux reconnus, la liberté est souvent ac-
cordée là où elle devrait être refusée, et refusée là où
elle devrait être accordée. Et l’un des cas où, dans le
monde de l’Europe moderne, le sentiment de la li-
berté est le plus fort, est précisément à mon avis un
cas où il n’est pas du tout à sa place. Une personne
devrait être libre de faire ce qui lui plaît dans ses
propres affaires, mais elle ne devrait pas être libre de
faire ce qu’elle veut lorsqu’elle agit pour un autre
sous prétexte que les affaires de cet autre sont ses
propres affaires. Tout en respectant la liberté de cha-
cun dans ce qui le concerne spécialement, l’État a
l’obligation de continuer à contrôler avec vigilance
l’exercice par l’individu de tous les pouvoirs qu’on lui
octroie sur d’autres. Cette obligation est presque en-
tièrement négligée dans le cas des relations familiales
— un cas qui, par son influence directe sur le bon-
heur humain, est plus important que tous les autres
pris ensemble. Il n’est pas nécessaire de s’étendre ici
sur le pouvoir à peu près despotique des maris sur
les femmes, parce que, pour supprimer entièrement
ce mal, il ne faut rien de plus que de donner aux
femmes les mêmes droits et la même protection lé-
gale qu’aux autres personnes, et parce que, sur ce
sujet, les défenseurs de l’injustice régnante ne se pré-
valent pas de l’excuse de la liberté, mais se posent
ouvertement comme des champions du pouvoir.
C’est dans le cas des enfants que le mauvais usage de
l’idée de liberté empêche réellement l’État de remplir
ses devoirs. On croirait presque que les enfants d’un
homme sont supposés être littéralement une part de
lui-même, et non pas seulement métaphoriquement,
tant l’opinion est jalouse de la moindre intervention
de la loi dans le contrôle absolu et exclusif qu’il a sur
eux, plus jalouse que de presque n’importe quelle
intervention dans la liberté d’action privée : tant
l’humanité estime généralement moins la liberté que
le pouvoir.
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Dans des pays d'une civilisation plus avancée et d'un esprit plus insurrectionnel, les gens, habitués à attendre que l'État fasse tout pour eux - ou du moins à ne rien faire par eux-mêmes sans que l'État leur en ait non seulement accordé la permission, mais indiqué la marche à suivre -, ces gens tiennent naturellement l'État pour responsable de tout ce qui leur arrive de fâcheux, et lorsque les maux excèdent leur patience, ils se soulèvent contre le gouvernement et font ce qu'on appelle une révolution; après quoi, quelqu'un d'autre, avec ou sans l'autorité légitime de la nation, saute sur le trône, donne ses ordres à la bureaucratie, et tout reprend comme avant, sans que la bureaucratie ait changé et que personne soit capable de la remplacer.
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L'objet de cet essai est d'affirmer un principe simple comme autorisé à
gouverner absolument ce en quoi la société à affaire à l'individu par le moyen de la coercition et du contrôle, que le moyen utilisé soit la force physique sous la forme des peines légales, ou qu'il soit la contrainte morale de l'opinion publique. Le principe est que le seul but en vue duquel les hommes sont individuellement ou collectivement légitimés à interférer avec la liberté d'action d'un des leurs, est la protection de soi. Que le seul but pour lequel le pouvoir peut être justement exercé sur quelque membre que ce soit d'une communauté civilisée, sans le consentement de celui-ci, est d'éviter aux autres un dommage.
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Il est étrange que les hommes admettent la validité des arguments dans une discussion libre, mais qu'ils récusent le fait qu'on les pousse à l'extrême, – comme on dit – ne voyant pas qu'à moins que des raisons soient bonnes pour un cas-limite, elles ne sont bonnes en aucun cas. Il est étrange qu'ils imaginent ne pas présumer leur infaillibilité quand ils savent qu'il doit y avoir une discussion libre sur tous les sujets potentiellement douteux, en pensant toutefois qu'on doive interdire de remettre en question un certain principe particulier ou une certaine doctrine particulière au motif qu'ils en sont très certains, c'est-à-dire au motif qu'ils sont certains que ce motif ou cette doctrine sont certains. Dire d'une proposition qu'elle est certaine, tandis que n'importe qui nierait sa certitude si on le lui permettait – mais on ne le permet pas – c'est prétendre que nous sommes nous-mêmes, avec ceux qui sont de notre côté, les juges de la certitude, et des juges qui n'écoutent pas la partie adverse.
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De même que les autres tyrannies, la tyrannie de la majorité inspirait - et inspire encore généralement - de la crainte d'abord parce qu'elle transparaissait dans les actes des autorités publiques. Mais les gens réfléchis s'aperçurent que, lorsque la société devient le tyran - lorsque la masse en vient à opprimer l'individu - ses moyens de tyranniser ne se limitent pas aux actes qu'elle impose à ses fonctionnaires politiques. La société applique les décisions qu'elle prend. Si elle en prend de mauvaises, si elle veut ce faisant s'ingérer dans des affaires qui ne sont pas de son ressort, elle pratique une tyrannie sociale d'une ampleur nouvelle - différente des formes d'oppression politique qui s'imposent à coups de sanctions pénales - tyrannie qui laisse d'autant moins d'échappatoire qu'elle va jusqu'à se glisser dans les plus petits détails de la vie, asservissant ainsi l'âme elle-même. Se protéger contre la tyrannie du magistrat ne suffit donc pas. Il faut aussi se protéger contre la tyrannie de l'opinion et du sentiment dominants, contre la tendance de la société à imposer, par d'autres moyens que les sanctions pénales, ses propres idées et ses propres pratiques comme règles de conduite à ceux qui ne seraient pas de son avis
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L'humanité gagnera davantage à laisser chaque homme vivre comme bon lui semble qu'à le contraindre à vivre comme bon semble aux autres.
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Un État qui subordonne l'intérêt que les individus ont au développement et à l'élévation de leur esprit, à un peu plus de compétence administrative, ou au semblant de compétence administrative que donne la pratique, dans le détail des affaires ; un État qui rapetisse ses hommes afin qu'ils puissent être entre ses mains des instruments plus dociles, même pour des objectifs bénéfiques, verra qu'avec de petits hommes, rien de grand ne peut vraiment être accompli, et que le perfectionnement de la machine à laquelle il aura tout sacrifié ne servira finalement à rien, faute de ce pouvoir vital qu'afin de pouvoir faciliter le fonctionnement de la machine, l'État aura préféré sacrifier.
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Dans notre époque - qu'on a décrit comme « privée de foi, mais terrifiée devant le scepticisme » - où les gens se sentent sûrs non pas tant de la vérité de leurs opinions que de leur nécessité, les droits d'une opinion à demeurer protégée contre l'attaque publique se fondent moins sur sa vérité que sur son importance pour la société.
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La valeur d'un État, en ultime instance, c'est la valeur des individus qui le composent.
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