Une lecture assez inégale, d'où mon avis un peu mitigé. Je vais essayer de l'expliquer ici.
J'ai apprécié une grande partie du livre. Oui, c'est lent, mais je pense que j'ai accepté cette caractéristique dès le début, cela ne m'a donc pas tellement ennuyé - à quelques exceptions peut-être, de descriptions particulièrement longues qui ont relâché mon attention. le livre a un aspect très dépaysant, c'est d'ailleurs exactement ce que je recherchais lorsque je l'ai choisi. Il nous fait voyager vers des contrées blanches et inhabitées que peu de nous verront en personne, ce qui fait inmanquablement rêver.
Le livre est aussi un formidable récit d'amitié. Charles
McIntyre et Tapio sont de très beaux personnages que l'ont aurait envie de cotoyer, généreux, érudits, touchants, sensibles, et sincères. Même si, pour être honnête, la générosité dont bénéficie le héros tout au long du livre me paraît un peu excessive, voire pas vraiment crédible. Peut-être cette impression est-elle renforcée par le fait que Sven (le narrateur donc) ne semble pas particulièrement mériter de telles faveurs. On lui offre des terres, des chasses prisées, des livres de valeur, un chien, des biens divers, on fait jouer ses relations à-tout-va pour lui... Il bénéficie aussi à de nombreuses reprises de l'hospitalité de Charles, souvent pendant plusieurs semaines. En lisant, je me suis fait la réflexion, "j'aimerais bien avoir des amis aussi généreux". D'autant que Sven ne semble jamais rien donner en retour.
Comme je le disais plus haut, j'ai aimé la plus grande partie du livre, mais mon avis a changé sur les dernières 100 pages. Tout-à-coup, il y a eu des développements étranges qui ne collaient plus avec le récit. L'apparition d'Helga est en soi un développement intéressant qui apporte de la nouveauté, mais malheureusement son personnage restera, à mon sens, sous-développé et un peu unidimensionnel. Pour moi, le voyage à Pyramiden est vraiment une anomalie dans le récit, et je n'ai pas du tout accroché à cette partie du récit.
On doit imaginer Sven, qui n'a pas vécu en société depuis des décennies, a le visage défiguré, partager un coup de foudre réciproque et une relation charnelle et passionnelle avec une belle femme... ça n'a pas pris pour moi. L'histoire du meurtre m'a également paru sans intérêt, et dans une certaine mesure, le personnage d'Illya également.
J'ai aussi été déçue par le développement de Tapio. Ce personnage qui est une force de la nature, qui représente la force tranquille, est à mon avis complètement gâché par
la révélation (qu'on voit venir...) qu'il est tombé amoureux d'Helga (de 30 ans sa cadette, bien sûr...) Mon dieu, quel dommage. Encore un développement que je n'ai pas trouvé crédible du tout. Ces péripéties, qui interviennent vers la fin, m'ont laissé assez perplexe.
Mon impression générale est donc un peu mitigée pour le moment. Je ne pense pas que je conseillerai le livre à mes proches, ce qui en soi est un indicateur de mon ressenti. Mais ceci étant dit, je vais aussi laisser reposer tout ça (j'ai terminé le livre hier...). Il se pourrait que mon impression générale reste assez bonne malgré tout, car j'ai aussi passé un bon moment sur les hauteurs du Spitzberg.
Je termine ma critique avec un passage sur l'amitié que j'ai trouvé très beau (p. 487). "J'aimerais pouvoir dire que j'ai quitté mes amis les plus chers sur un geste mémorable - un serment, une déclaration de mon amitié indéfectible. Mais si j'en crois mon expérience, les adieux sont rarement mémorables, sauf dans le cas d'une mort. Ce sont toujours des moments bousculés, gauches. On n'a jamais le temps de dire ce qu'on aurait aimé dire. On est réduit à gager que l'autre connaît ses sentiments et qu'on restera dans sa mémoire tel qu'on l'était."