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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La réussite de l'auteur de ce beau roman de vie, de voyages, de nature et de relations humaines m'a semblé consister dans le fait que Nathaniel Ian Miller soit parvenu à immobiliser le temps tout en faisant raconter par son héros lui-même une large tranche de sa vie sur environ une trentaine d'années.

Le héros, c'est Sven dont l'odyssée commence en 1916, alors qu'il est encore un jeune homme, il va quitter la Suède où il est né pour le Spitzberg, espérant y vivre l'aventure et découvrir en profondeur l'Arctique qui le fascine. Il va d'abord travailler dans une mine de charbon où un effondrement le blesse sérieusement au visage mais ses espérances d'aventure vont rebondir et il va pouvoir vivre ses désirs au coeur de la nature sauvage où la survie, particulièrement dans la longue nuit hivernale, est rude et emplie d'aléas.

Il est le narrateur de son quotidien et, ce faisant, son histoire s'articule autour de différentes rencontres, de deux amitiés qu'il noue avec des hommes intègres et fidèles, l'un d'eux lui apprenant à devenir un vrai trappeur, l'autre lui dispensant ses conseils de vie, chacun des deux respectant sa liberté.

C'est aussi un roman de famille car Sven reste en contact avec la sienne par l'échange de lettres, lesquelles peuvent mettre des mois pour atteindre leurs destinataires. C'est un roman de séparations, d'adieux, de retrouvailles, d'attentes, de doutes, de traumatismes, d'humanité, d'amitié et d'amour familial et indirectement filial.

La relation de Sven avec l'une de ses soeurs, avec sa nièce, puis sa petite-nièce est aussi l'une des trames de l'histoire de sa vie, même si c'est la nature et la survie qui l'emplissent réellement. Sven est devenu un solitaire qui garde en lui le besoin de contacts et son approche de la solitude, de la nostalgie, de la mélancolie génère une alternance de sentiments et d' évolutions de sa personnalité au fil de son existence. Celle-ci est forcément atteinte, même aussi loin de presque tout, par les soubresauts de l'Histoire, le dernier étant la deuxième guerre mondiale.

L'odyssée de Sven ne manque pas d'humour, elle est pleine de sagesse et de risque, d'inconscience et de raison, de rêves vécus ou fracassés. Tout cet ensemble donne une oeuvre riche, séduisante pour tous les amateurs de nature, de solitude, mais aussi d'amitié et d'amour.


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J'ai commencé ce roman il y a quelques jours, à la recherche de fraicheur. A ce moment-là, on fermait les fenêtres pour se préserver de la chaleur. Je le finis, fenêtres fermées ... pour se protéger du froid :-( Notez bien, je suis ainsi plus plongée dans l'ambiance de ce livre, découvert grâce au billet de spleen, que je remercie. Cher et tendre l'a lu avant moi, et me l'a tendu en disant : c'est plein d'humour. Alors comment résister ?

L'odyssée de Sven, plus justement en Anglais The Memoirs of Stockholm Sven est la biographie romancée d'un suédois ayant vécu au Spitzberg, une bonne partie de sa vie. Ne sachant pas quoi faire de sa vie en Suède, après avoir joué pendant quelques années le rôle de Nounou pour les enfants de sa soeur, sur une idée de celle-ci, il signe un contrat pour un poste de mineur au Spitzberg. Défiguré par un accident dans la mine, il choisit alors de vivre en ermite une bonne partie de sa vie, pour ne pas être en butte à l'horreur ou la pitié à la vue de son visage. Mais sa vie ne sera finalement pas si solitaire, parsemée de nombreuses rencontres, qui donnent tout son charme à ce roman.
« « Et la vérité c'est que, même si je suis connu comme un chasseur arctique solitaire et sans égal, je ne suis rien de tel et j'ai rarement été seul. »

J'ai trouvé le début un peu longuet, et le narrateur un peu sujet à l'apitoiement sur lui-même, ainsi qu'aurait pu lui dire un de ses mentors : « Seul un homme comme toi, pourrait-il dire, qui marine dans sa sottise, peut passer autant de temps sur lui-même et ses malheurs, sans être fichu pour autant d'accorder la moindre pensée bénéfique à la survie de sa précieuse personne. »
Mon intérêt s'est accru après l'incident de la mine et donc le désir de Sven de vivre isolé. L'isolement ne sera pas absolu, et les quelques personnes rencontrées au fil des années peupleront ce livre d'humanité. Même si ce livre se passe dans le grand nord et que la nature y est omniprésente, ce sont les hommes et les femmes rencontrées qui en font la richesse.
Deux hommes en particulier, qui lui ouvriront un chemin vers de nouvelles connaissances :
Livresques pour le premier, mais aussi conseils sur la vie et les rapports avec les autres, un écossais prospecteur.
Pratiques, chasse et survie dans le grand nord, pour le deuxième, untrappeur finlandais.
Leur portrait est dressé par petites touches tout au long du livre et emplit celui-ci d'humanité. Ils seront toujours là, aux moments où le désespoir aurait pu avoir raison de lui, et viendront à son aide quand cela sera nécessaire, l'air de rien. Il y a beaucoup de pudeur dans leurs rapports. Quelques femmes aussi joueront un rôle, là je ne vous en dirai pas plus, ce serait déflorer les dernières parties du roman.

Et l'humour alors ? il est bien présent. Je n'ai pas ri aux éclats, mais souri souvent. Ce penchant à l'auto apitoiement que je regrettais s'est mué en auto-dérision, et j'ai beaucoup apprécié ce ton un peu décalé qu'emploie le narrateur.
Un livre au milieu de la nature qui célèbre l'amitié et l'amour, la famille celle du sang mais aussi et surtout celles du coeur, celles que l'on se construit.
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Voici un premier roman de voyage, de nature et d'aventure, d'amitié et d'amour que propose Nathaniel Ian Miller, un récit à la fois sombre et douloureux qui nous emmène dans l'incroyable épopée d'un finlandais parti vivre dans l'archipel du Svalbard, à mi-chemin entre la Norvège et le pôle Nord.
Repéré grâce au beau billet d'Anne-Sophie (@dannso), je n'ai pas hésité à le sélectionner lors de la dernière masse critique. Je remercie Babelio et les éditions J'ai lu pour leur envoi.

*
Le personnage de Sven Ormson est librement inspiré de la vie d'un homme qui a réellement existé et dont on ne sait que peu de choses. Biographie fictive, roman initiatique, récit de survie, l'histoire est bien souvent dure, plombante, mais également parfois traversée par des instants de grâce, à la fois touchants et lénifiants.

Enfant passionné par les récits de marins et d'expéditions polaires, Sven rêvait de voyager dans le cercle arctique, d'être un aventurier, de vivre dans le froid arctique et de parcourir ces immenses étendues sauvages.
En grandissant, ce rêve ne le quitte pas. En effet, la vie qu'il mène à Stockholm ne le satisfait pas, il n'est pas heureux, ni dans sa vie personnelle, ni dans sa vie professionnelle. Oppressé par un quotidien insipide et étouffant, il se laisse convaincre par une offre d'emploi dans les mines de charbon que sa jeune soeur Olga déniche pour lui. Il part en 1916, à l'âge de 32 ans, pour le camp minier sur l'île du Spitzberg, un endroit reculé où les paysages sont aussi spectaculaires que la nuit polaire est longue. Là, règne en maître l'ours polaire et les attaques de ce grands prédateurs sont loin d'être rares.
Après quelques mois de travail pénible et peu gratifiant, une explosion dévaste les galeries de la mine. Sauvé de justesse, son visage est néanmoins abîmé à jamais. Ne supportant pas le regard insistant, apitoyé ou révulsé des gens, ne se sentant pas à sa place dans le monde des hommes, il décide de s'éloigner encore davantage de la civilisation et de gagner sa vie en apprenant le métier de trappeur dans un fjord inhabité.

Est-ce le destin, la malchance, de mauvais choix ou des rêves d'enfance qui vont le pousser toujours plus loin dans l'isolement et y trouver peut-être ce qu'il recherche le plus, un sens à sa vie ?

*
« L'odyssée de Sven » est bien entendu un roman d'exploration, de survie, de partage, de transmission et de dépassement de soi, mais cela serait très restrictif de le cantonner à uniquement cela : c'est aussi un roman introspectif et profond, celui d'un homme discret devenu solitaire par la force des choses, un homme sensible et touchant qui a le sentiment d'être différent, d'un homme profondément humain, capable d'une grande résilience.

C'est un beau roman sur la souffrance, la solitude, le désespoir, mais également sur l'amitié et l'amour, l'acceptation de soi et des autres.

« On n'imagine pas les tours que l'esprit peut jouer, quand il est privé d'une écoute humaine.
Mais il n'y avait rien à faire. J'étais esclave de la solitude. Elle flottait au-dessus de moi comme une lune malveillante, croissant et décroissant, mais toujours exerçant son attraction, maîtresse au coeur dur de toutes les marées. »

La vie, parfois, prend des chemins bien détournés pour nous apporter ce qui nous manque cruellement. D'autres fois, elle est versatile et reprend tout. Mais c'est dans cette vie solitaire et précaire à laquelle il se condamne qu'il va faire les plus belles rencontres : Tapio, un trappeur socialiste finlandais qui lui apprend le trappage et l'éthique de la chasse ; l'excentrique Charles MacIntyre, un géologue écossais, amoureux de musique et des livres. Il y a aussi Eberhard, son merveilleux compagnon à quatre pattes. Et puis, encore d'autres personnages que je vous laisse découvrir.

*
Ces paysages désolés et monochromes sont à l'image des hommes, à la fois rudes, austères et d'une beauté à couper le souffle.
J'ai aimé me promener dans cet archipel où se concentre une très grande population d'ours polaires, parcourir des yeux les fjords cristallins, explorer les immenses glaciers, écouter le bruit de la glace qui craque, être le témoin de la magie des aurores boréales, contempler les premiers rayons du soleil mettant fin à la longue nuit polaire.

*
C'est un roman assez long d'environ 500 pages qui étend sa trame historique dans la première moitié du XXe, de 1916 à 1947 : il englobe les deux guerres mondiales ainsi que la révolution russe.
Je ne savais pas comment les grands conflits européens avaient pu toucher cette partie du monde et j'ai trouvé très intéressant de lire, à travers la vie de Sven et ses amis, comment ont été vécues toutes ces années de conflits.

« J'en ai vu assez pour savoir que rien n'est probable, mais tout est possible. »

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La plume de Nathaniel Ian Miller est instructive, touchante, allant chercher les émotions.
Mais je ne sais pourquoi, j'ai eu du mal à entrer dans le livre, à vouloir y rester. Mon ennui est peut-être venu de la lenteur de la première partie, du ton maussade et dépressif du narrateur ? Ou peut-être n'était-ce tout simplement pas la lecture idéale lorsque l'on est malade ?
Mon intérêt s'est réveillé sur le tard, avec l'arrivée de personnages singuliers amenant plus de rythme, de rebondissements, de chaleur et d'émotions ; mon attention s'est d'autant plus renforcée lorsque l'histoire mondiale est entrée en résonnance avec leur vie.
Le ton, lourd et déprimant, évolue aussi au fil du récit, pour devenir doucement ironique et gentiment moqueur, laissant voir un homme bon et attachant, marqué par les aléas de sa vie.

*
Après avoir tourné la dernière page, « L'odyssée de Sven » est en définitive un bon roman : pour son cadre dépaysant fascinant de beauté et de magie, pour certains de ses personnages subtilement dessinés, pour l'écriture de Nathaniel Ian Miller qui allie une grande sensibilité et des émotions retenues. Les hommes ne sont pas caricaturaux, au contraire, face aux drames de la vie, ils sont pleins de nuances et de fêlures.
A découvrir.
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Un roman contemplatif sur un homme qui a décidé de vivre en marge ; cela sera l'Arctique.
Des rencontres, des amitiés, des livres vont, çà et là, rompre un peu cette solitude.
Les pensées du narrateur nous racontent le froid, la crasse, la dépression, la beauté des paysages, la violence des éléments et la profondeur des sentiments.
L'histoire se déroule lentement, traverse les années au gré des évènements, des épreuves et des fraternités.
C'est brut, profond, nostalgique et émouvant.
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L'odyssée de Sven est un premier roman qui tient toutes ses promesses. Il ne faut pas s'arrêter au titre et à la couverture du livre. Il ne s'agit pas seulement d'un roman d'aventure se déroulant dans le Grand Nord au Spitzberg.
Nathaniel Ian Miller s'est inspiré d'un véritable chasseur - trappeur dont on ne sait pas grand chose pour son histoire.
Sven est un jeune suédois vivant à Stockholm au début du 20éme siècle. Ce nouveau siècle synonyme de travail , de lutte des classes ne lui convient guère. Ses lectures lui ont fait découvrir Nansen, Amundsen, les explorateurs polaires.
Quittant Stockholm il décide d'assouvir cette passion en rejoignant le Spitzberg et en devenant mineur .
L'aventure géographique, exploratrice va devenir humaine.
A travers ces expériences Sven va découvrir en lui un besoin de solitude, de retrait de la famille, du monde mais aussi un besoin de retour à l'animal, à la nature.
Plus prenant encore un retour à la pierre, à la géologie. Dans ces contrées sauvages, dures et froides le minéral prend toute sa place.
Pour vivre ce chamboulement Sven va être accompagné de personnages profondément humains comme Tapio le trappeur, Charles McIntyre ou encore Eberhard le chien.
C'est avec cette palette de personnages que le roman est plus qu'un roman d'aventures.
Nathaniel Ian Miller nous met en présence de personnages atypiques, improbables. Dans une société dite civilisée, ces personnages n'auraient pas pignon sur rue. Ils feraient partie des déclassés, des laisser pour compte.
Ici, il porte l'histoire. Derrière les affres de la vie il n'y a qu'empathie, solidarité.
On se trouve bien dans ce Grand Nord ! Ce Grand Nord dans lequel Sven et Charles McIntyre n'oublient pas les bienfaits des livres et de l'amitié.
C'est aussi un roman de l intériorité, de la découverte de soi et de la redéfinition de la famille.
Sven était parti pour connaître la solitude. Il en reviendra plus social et ayant fait des émules.
L'odyssée porte bien son nom : un voyage rempli d'aventures singulières auquel Nathaniel Ian Miller donne un éclat particulier par son empathie et son humanité.
Les cabanes du Spitzberg doivent encore être empreintes de l'âme de Sven, Tapio, Helga, Charles ou Eberhard.







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Sven rêve d'aventures et de Grand Nord, de chasses aux phoques et de survie en conditions extrêmes. Il a lu les grands récits de ses idoles et s'imagine explorateur et découvreur de territoires inconnus. Alors quand, à la veille des années 1920, sa soeur Olga lui suggère de quitter Stockholm pour s'engager dans une compagnie minière norvégienne, implantée dans l'archipel du Sptizberg, un archipel de l'Arctique, le jeune homme n'hésite pas, voyant là une opportunité de se rapprocher de son rêve…

Mais la désillusion est rude, les conditions extrêmes et le travail abrutissant en plus d'être dangereux. Jusqu'au jour où survient un terrible accident à la mine. S'il n'a pas perdu la vie, Sven se retrouve néanmoins largement défiguré et rejoint le triste rang des “gueules cassées”. Honteux de ce qu'il est devenu, il décide de fuir la compagnie des hommes et de ne plus jamais retourner à Stockholm. Mais, alors qu'il pense sa vie terminée avant même d'avoir commencée, c'est au contraire le début d'une grande aventure humaine qui va débuter…

Inspiré d'un personnage ayant réellement existé mais dont on ignore presque tout, “Sven le borgne”, ou encore “Sven le baiseur de phoques”, notre narrateur, est l'avatar fictionnel de cet ermite ayant vécu au début du XXème siècle et va se charger de réhabiliter sa propre histoire, largement déformée par les racontars...

Si je n'ai pas été captivée tout de suite par son récit, peinant à m'attacher à ce personnage détaché et arrogant que je trouvais peu sympathique, je dois dire que la tendance s'est vite inversée avec l'arrivée de Sven au Spitzberg! Au fil de ses expériences (de mineur à intendant, puis à trappeur), et de ses rencontres, le jeune homme s'étoffe, apprend et s'enrichit. Les conditions extrêmes dans lesquelles il évolue le rendent plus humble, plus conscient de son ignorance et de ses limites et donc plus humain, plus attachant.

Finalement, je m'attendais à lire un grand roman d'aventures se déroulant au coeur des fjords et c'est avec bonheur que j'ai découvert un magnifique roman initiatique, rythmé par les saisons, dans ces contrées où il fait nuit noire presque la moitié de l'année. Bien que le climat y façonne les gens à son image, avec dureté et rudesse, on découvre un univers où l'entraide, l'amour et l'amitié sont tout aussi capitaux qu'ailleurs, voire plus.

Nathaniel Ian Miller nous initie avec brio à cette vie quasi monacale, où l'on peut ne pas voir âme qui vive (en dehors des phoques, des renards polaires et des ours) durant sept mois! Une vie dans laquelle il faut savoir tout faire: dresser des lignes de trappe, récupérer les fourrures pour les vendre, faire ses vêtements, conserver sa viande, construire une cabane (elles ont tendance à succomber régulièrement aux incendies…), se soigner seul (inutile d'attendre le prochain rendez-vous chez le dentiste…) et ne pas devenir fou à force de solitude…

Un premier roman passionnant en somme, avec des personnages attachants et hauts en couleurs, qui nous font découvrir un mode de vie à part et nous convient à partager une grande aventure humaine! le ton ne manque pas d'humour par ailleurs, ce qui permet d'adoucir une atmosphère qui serait parfois glaciale sans ça! Une belle découverte de cette rentrée littéraire, riche en émotions et en partage, qui vous fera découvrir des contrées inhospitalières, bien pelotonné au chaud, sous un plaid et avec une tasse de thé, au fond de votre canapé!
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Stockholm Sven fut un trappeur solitaire au Spitzberg dans la première moitié du 20ᵉ siècle.

Sven a commencé en tant que mineur en 1916, sur un site d'exploitation au Spitzberg (Svalbard, maintenant) et est revenu à son fjord après la fin de la seconde guerre mondiale.

Comme il y avait des trous dans sa vie, l'auteur a tenté de les reboucher, tout en donnant vie à cet étrange personnage que fut Sven.

Sven manque déjà d'énergie, se laisse aller très souvent, durant son histoire, on a envie de le secouer violemment. Pourtant, malgré son apathie et son côté fainéant, on s'attache à Sven et on vit son aventure comme si on y était.

Le début de ce roman commence doucement et manque un peu de punch, surtout dans les dialogues que j'ai trouvés plats. Malgré tout, je me plaisais bien dans le Grand Nord et j'avais envie d'y rester.

Lorsque le récit entame la partie où Sven part dans un fjord isolé, encore plus loin dans le Grand Nord, afin d'y construire sa cabane et de vivre en tant que trappeur, le récit est devenu viral, difficile à lâcher, à tel point que j'ai failli louper ma station de métro.

La Nature y est grandiose, mais hautement dangereuse ! le moins faux pas, la moindre nonchalance et la mort ou l'accident vous guette. Il faut couper son bois, chasser, relever ses pièges, parce que là-bas, il n'y a pas d'épicerie pour vous vendre de la bouffe. Et Sven, avec son spleen, va comprendre qu'on ne joue pas, dans le Grand Nord.

La solitude, ça n'existe pas vraiment et ce récit le prouve. Oui, Sven est seul, mais pas vraiment. Son chien lui apporte beaucoup et il rencontrera des personnages haut en couleurs ou hautement sympathiques. Ces personnages secondaires sont aussi importants que Sven, ils feront de lui ce qu'il est, l'aideront, le guideront, Dame Nature finissant de le forger.

C'est un beau roman, c'est une belle histoire. le ton est assez ironique, Sven étant devenu une gueule cassée suite à un accident dans la mine. C'est un roman sur l'acceptation de soi, sur la survie, l'amitié, celle qui dure, celle qui soude les humains.

C'est un roman sur la rudesse du climat qui règne dans le Spitzberg, donnant des hommes rudes, qui ne parlent pas beaucoup et qui vous montrent leur amitié autrement qu'avec de grands discours. Un récit d'une aventure humaine.

C'est aussi l'histoire de Sven, le personnage principal qui n'attire pas la sympathie du lecteur au début de son récit. Il est hautain, glandeur, s'apitoie sur lui-même, avant de changer, suite à ses rencontres, son accident et sa vie sur son fjord. Au moins, les personnages ne sont pas figés, dans ce roman.

Bref, si au départ, je n'étais pas conquise par l'histoire et Sven, au fil des pages, comme lui, j'ai évolué, j'ai grandi et c'est en immersion totale que je suis entrée sur les terres glacées, souffrant du froid avec eux, chassant tout comme eux (mais moi, avec dégoût), me laissant bercer par la Nature, tout en la surveillant du coin de l'oeil, car sous ses latitudes, elle est traître, elle ne pardonne rien.

Un beau roman initiatique, une belle Aventure, avec un grand A !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ouvrir ce roman, c'est la promesse de découvrir un autre monde, celui des grands espaces et du froid polaire, où la nature en majesté remet les hommes à leur juste place.
Sven l'a bien compris.
Las de sa vie monotone, le jeune homme quitte son job et devient nounou des enfants de sa soeur.
Lorsque sa plus jeune nièce entre à l'école, l'ennui et la mélancolie refont surface.
Quoi de mieux qu'un dépaysement total, il accepte de travailler dans une mine de charbon au Spitzberg.
Après un terrible accident, Sven se rêve en ermite trappeur.
La solitude dans ce désert blanc n'est pas au rendez-vous. Sven doit partager son quotidien avec 3 compagnons, Tapio, Sigur et Kalle.
Une belle et virile amitié lie ses hommes perdus dans un froid polaire.
Il y a des moments magiques dans ce roman lorsque l'auteur nous invite à partager les repas d'un ours blanc, se régalant d'un phoque.
« L'odyssée de Sven » est un livre captivant et rythmé, une ode magnifique à la nature.
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Dans le Stockholm de 1916, Sven est un jeune suédois un peu perdu : il ne court pas après les filles bien qu'il fréquente à l'occasion des professionnelles, est un éternel amoureux des livres d'aventures et n'est pas particulièrement à l'aise en société. Ne parlons pas de son travail, qui l'ennuie mortellement.

Après un séjour chez sa soeur Olga où il se découvre oncle attentif et relativement patient avec ses neveux Helga et Wilmer, il décide de larguer les amarres pour s'exiler dans l'Arctique et plus précisément au Spitzberg, une des deux îles habitées de l'archipel du Svalbard. Sur ces terres hostiles où le soleil disparaît pendant de très longs mois, il travaillera comme mineur avec ces troubadours de norvégiens à Longyear et fera la rencontre de son ami l'écossais Charles MacIntyre.

Après un dramatique accident à la mine qui le laissa défiguré mais vivant, il cherchera encore plus l'isolement et c'est auprès des trappeurs et notamment de Tapio qu'il apprendra à survivre en construisant sa cabane, montant ses lignes de pièges pour chasser renards et autres petits animaux et évitant autant que possible de se confronter aux ours blancs. Confronté à l'isolement total, il découvrira que le plus grand danger ne se trouve pas toujours à l'extérieur.

Ce fut une sacré aventure que d'embarquer avec Sven dans ces contrées givrées, j'ai adoré suivre la vie tumultueuse de ce personnage complexe mais délicieusement attachant. Voilà longtemps que je n'avais pas lu un si bon nature writing, j'y ai retrouvé l'esprit de Into the Wild dans le face à face entre l'homme et la nature hostile mais surtout entre l'homme isolé et lui-même. Un excellent premier roman qui se lit très facilement, étonnamment moderne sur certaines thématiques et librement inspiré d'un homme ayant réellement existé : si vous n'avez pas peur d'attraper froid, foncez !

📖 L'odyssée de Sven de Nathaniel Ian Miller a paru aux éditions Buchet-Chastel le 25 août 2022 dans une traduction de Mona de Pracontal. 480 pages, 24,50€.

🔗 Service de presse numérique obtenu via NetGalley.
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Au début du XXème siècle vivait dans les solitudes du Spitzberg un chasseur dont l'existence est mentionnée dans quelques ouvrages de l'époque, sans toutefois que personne n'en connaisse véritablement les détails.
C'est l'occasion que saisit Nathaniel Ian Miller pour faire de cet homme un héros de fiction nommé Sven Ormson, dont il imagine l'histoire au fil du récit que ce personnage fait lui-même de son parcours de vie.
Le lecteur est ainsi transporté bien au-delà du cercle polaire au coeur de l'archipel du Spitzberg, rebaptisé "Svalbard" lorsqu'en 1925 ces îles furent placées sous la souveraineté de la Norvège. Sven raconte son "odyssée", un titre, dans sa traduction française, qui convient tout à fait à ce long périple aventureux dans une nature sauvage, inhospitalière, dangereuse à maints égards, mais fascinante.
"L'odyssée de Sven", né à Stockholm, débute en 1916 alors qu'il a 32 ans. Il emporte avec lui sa jeunesse et une imagination fertile nourrie par ses lectures d'enfance et d'adolescence sur les explorations polaires. La réalité de l'époque va toutefois se révéler compliquée. D'abord ouvrier dans les mines de charbon du sud de l'archipel, gravement défiguré accidentellement, devenu plus tard trappeur dans le Haut-Arctique sur les bords du majestueux Raudfjord, Sven est contraint de résister à tout, la solitude, le froid, la neige, l'environnement d'animaux peu amènes, la topographie complexe des lieux. Mais il a pour lui l'endurance physique, la ténacité , la solidité d'amitiés qu'il parvient à construire, la tendresse à l'égard de ceux qui vont l'approcher de façon inattendue, et surtout peut-être, l'aptitude à s'adapter et à s'émerveiller devant la beauté des paysages austères du Grand Nord.
Quant au lecteur de ce récit, certes romanesque, parfois même rocambolesque, il fait un voyage insolite dans une géographie lointaine, parsemée ici de quelques touches de "Grande Histoire".
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