Ce tome fait suite à Lord Of Misrule. Il contient 4 récits dont 1 composé de 2 parties. Tous les scénarios sont de
Pat Mills. La majeure partie de ces épisodes est parue en 1997/1998, à l'exception de "The battle of Clontarf" parue dans le numéro annuel de 1985.
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- The demon hitchhiker (6 pages, prog 1032, illustrations de
Steve Tappin) - En voyage entre 2 dimensions (et 2 époques), Sláine est en plein désarroi : il se souvient de 2 passés différents, hésitant pour savoir lequel est véridique.
Pat Mills réalise un bref interlude pour gérer les conséquences de la fin du tome précédent. La réflexion sur la nature de la réalité et sur les illusions est squelettique. La seule touche d'humour correspond à Sláine en train d'admonester Ukko (sans le frapper). Les illustrations sont sympathiques, malgré l'absence d'arrière plan. 3 étoiles.
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- King of hearts (42 pages, progs 1033 à 1039, illustrations de
Nick Percival) - Sláine se retrouve en écosse à lutter aux côtés de William Wallace, en 1305 (l'année de la mort de ce dernier). Ils font équipe pour récupérer la pierre du destin.
Avec ce nouveau saut dans le temps (quatorzième siècle),
Pat Mills éloigne de plus en plus le personnage de son point de départ, pour le projeter dans une époque où la culture celte devient un souvenir lointain. Au fil des pages, le lecteur se dit que l'objectif de Mills est plus de visiter des moments emblématiques de l'Histoire de l'Angleterre, que de vraiment s'attacher à son personnage principal. Cette histoire assez courte n'apporte pas d'éclairage original sur William Wallace, la quête pour la pierre du destin est assez basique, et l'ennemi est à nouveau un Cyth (une entité extradimensionnelle, dépourvue de personnalité).
Les peintures de Percival sont assez sombres, avec une approche un peu naïve des décors (en particulier ces châteaux plus Disney que médiévaux). Il transcrit bien la sauvagerie de Sláine et réussit un ou deux monstres, mais pour le reste ses images restent à un niveau fonctionnel, manquant de personnalité. 2 étoiles.
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- Grail war (60 pages, progs 1040 à 1049, illustrations de
Steve Tappin) - Après un bref rappel sur l'amour éternel liant Niamh et Sláine (avec le dispositif narratif d'Ukko écrivant la biographie du héros), Sláine émerge cette fois-ci en 1218, dans le Sud de la France, aux côtés de Simon de Montfort (1195-1218), comte de Toulouse, menant une croisade contre les cathares. Sláine doit retrouver la pierre du Graal. Il s'allie à Lauretta une mercenaire, les 2 s'engageant dans l'armée de Simon de Monfort dont l'objectif est d'occire la communauté cathare menée par Esclarmonde de Foix (1151-1215).
C'est reparti pour une couche de Cyth et une Histoire triturée au gré des contraintes de Mills pour servir sa vision idiosyncrasique du devenir du christianisme. La narration est hachée, sans transition, avec des raccords à la hussarde et l'intégration de force d'éléments de la série dans ce contexte (par exemple l'amour de Niamh et Sláine). La quête pour une nouvelle pierre semble une décalque de la précédente. le raboutage de la celtitude de Sláine à la foi de Simon de Monfort n'a aucun sens. Les illustrations de Tappin vont de personnages remarquables, à des décors trop naïfs.
Dans ce salmigondis, seules les activités d'Ukko arrivent à capter l'attention du lecteur. Il s'engage dans une guilde des voleurs, dans laquelle il se montre des plus efficaces. 2 étoiles.
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- Secret of the Grail (60 pages, progs 1090 à 1099, illustrations de
Steve Tappin) - Il s'agit de la suite de l'histoire précédente. Sláine doit toujours récupérer la pierre du Graal, cette fois-ci en s'alliant avec Esclarmonde de Foix, toujours aidé par Lauretta et Ukko.
Ça recommence de plus belle, avec des Cyth, des transitions tellement abruptes qu'elles n'en méritent pas le nom, la recherche de la pierre du Graal, etc. Mais cette fois-ci ça fonctionne admirablement bien.
Steve Tappin a effectué des progrès visibles à l'oeil nu. Ses personnages présentent tous une forte identité visuelle sur la page. Sláine est massif et magnifique de sauvagerie, avec son beau torque autour du cou. Ukko a retrouvé sa prognathie prononcée. Les décors sont moins simplistes, avec un réel parti pris esthétique. Les tenues vestimentaires sont plus soignées. Les expressions des visages sont plus nuancées et plus variées (inoubliable visage de Sláine croquant la pomme). Chaque séquence comprend une ou plusieurs images mémorables par leur exagération ou leur vision pénétrante (les femmes vénérant le serpent). Tappin n'est pas loin de retrouver la fougue de
Simon Bisley. Ses pages sont d'autant plus frappantes qu'il a progressé de manière flagrante sur la gestion des couleurs.
De son côté,
Pat Mills communique mieux la logique interne de son récit. Pourtant, il ne lésine pas sur les choix arbitraires prenant le lecteur à rebrousse-poil, à commencer par l'alliance de Sláine avec l'ennemie de l'histoire précédente (Esclarmonde de Foix), ou la décision de Sláine d'adopter une attitude passive pour voir ce qui se passera. Mais voilà, les personnages prennent le temps d'exposer leur point de vue, souvent original. Mills intègre avec plus d'habilité les bizarreries des hérésies religieuses (2 pages inoubliables consacrées à des variantes du gnosticisme - terme à prendre ici avec des pincettes - dont les stylites). La personnalité de Sláine ressort avec plus de véracité. Les entourloupes d'Ukko sont raccord avec le récit, et aussi ingénieuses que drôles (trafic d'indulgence et certificat authentique de pèlerinage). S'il reste bien des combats physiques contre des Cyths, le noeud de l'intrigue est traité sous la forme d'un procès pendant lequel l'amour que Sláine porte à Niamh est jugé.
Après 2 histoires à la construction artificielle, aux éléments imbriqués de force,
Pat Mills retrouve enfin le point d'équilibre précaire qui transforme ce bric-à-brac en un récit digne de ce nom, avec un rythme entraînant, bénéficiant de surcroît d'illustrations de qualité supérieure. 5 étoiles.
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- The Battle of Clontarf (6 pages, prog annuel 1985, dessin et encrage de
Massimo Belardinelli) - Cette fois-ci l'esprit de Sláine habite le corps de Mordach, le fils de Brian Boru (941-1014), lors de la bataille de Clontarf en 1014.
C'est l'occasion pour Bellardinelli (le deuxième dessinateur des aventures de Sláine) de revenir sur le personnage. Ces dessins sont moins détaillés que dans Warrior's dawn et ils sont enlaidis par une mise en couleurs criarde atroce. le scénario se limite à un affrontement grotesque entre Sláine et Elfric. 1 étoile.
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- Dans l'ordre de parution des tomes, le suivant est la première partie de la Geste des Invasion Moloch and Golamh. Toutefois, en 2014, est paru Lord of the Beasts qui regroupe des récits parus entre 1998 et 2000, c'est-à-dire juste après ceux contenus dans le présent tome.