Le bûcher de Montségur/
Zoé Oldenburg
Voici un ouvrage très complet non seulement sur le catharisme mais aussi sur l'état de l'Église au XIII é siècle en Languedoc et sur la croisade contre les Albigeois, l'Inquisition et enfin le célèbre siège de Monségur dernier bastion des Cathares.
Pour qui s'est rendu sur le site, l'évocation de cette tragédie dans ce livre prend une dimension moins abstraite. Au crépuscule d'une journée de juillet 2007, j'ai fait l'ascension de l'escarpement menant aux ruines du château (1207 mètres). Personne pour troubler l'enchantement : j'étais le dernier visiteur. L'ascension dura environ une demie heure et me laissa le temps de méditer tous les souvenirs de lecture sur cette terrible journée du 16 mars 1244. le jour déclinait et de gros nuages sombres poussés par un vent assez violent créaient une ambiance étrange. Au milieu de toutes ces pierres, je me remémorais la décision du pape Innocent III qui prêcha en 1209 la croisade contre la soi-disant hérésie cathare jusqu'à l'anéantissement.
Issu en partie de la doctrine de Mani, ainsi que de l'arianisme , du gnosticisme et du bogomilisme, le catharisme se développa à partir du XII é siècle.
En fait le catharisme d'une part déplorait les « magouilles » financières de l'Église catholique, et d'autre part refusait le dogme et se plaçait en marge de la droite ligne tracée par la Papauté lors des Conciles de Nicée ( en 325 et 787 ) et de Latran (1179). « Les dogmes catholiques qui choquaient le plus les Cathares étaient ceux de la Trinité et de l'Incarnation. Ce pendant, les Cathares ont toujours manifesté une telle dévotion à la personne du Christ qu'aucun catholique ne pouvait aller plus loin. »
L'ascétisme des « Parfaits » occitans et la ferveur des « croyants » de plus en plus nombreux aussi bien au sein des classes nanties que des masses populaires induisait un manque à gagner non négligeable (mariages, baptêmes, messes etc…) et était jalousé par l'Église.
En quelques lignes, voici un résumé de l'esprit cathare : « "De ces hommes qui jouissaient d'un si grand prestige, dont l'ascendant sur les âmes devait être énorme, aucun n'a cherché à se mettre en avant , à brandir la bannière de son Église contre une Église haïe de tous, à entraîner les foules vers quelque contre-croisade vengeresse. On ne peut qu'être surpris par la force d'âme de ces pacifiques entre les pacifiques, qui dans une tentation si terrible ont su rester fidèles à la pureté de leur vocation. Ce n'est certainement pas par peur ni par manque d'énergie qu'ils ont choisi de ne jouer dans le drame sanglant que fut la croisade d'autre rôle que celui de martyrs. Leur force, ils le savaient n'était pas de ce monde. Ennemis de la violence, ils ne pouvaient lutter qu'avec des armes spirituelles, bien différentes de celle de l'Église où le spirituel et le temporel étaient si intimement mêlés l'un à l'autre que les meilleurs ne parvenaient plus à les distinguer. La lutte était trop inégale, et à l'heure où un Arnaud-Amaury pouvait se prendre pour une force spirituelle et où
Saint Dominique, abandonnant la bénédiction pour le bâton, se transformait en pourvoyeur de bûchers, l'Église cathare devenait dans le midi de le France la seule véritable Église ; et les « bons hommes », vénérés à l'égal de saints, pouvaient être assurés de la complicité de tout le pays languedocien. "
Un très beau livre d'histoire relatant avec clarté les hauts et les bas de l'Église en Occitanie jusqu'au drame final pour les Cathares qui survint après un siège de six mois.