AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 37 notes
5
6 avis
4
1 avis
3
4 avis
2
2 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Cécile est commandant au sein d'un service policier d'enquête à Rouen, qui accueille en son sein Malone, ancien marine beau gosse venu de Paris, qui se révèle efficace, mais dont les raisons de la mutation restent mystérieuses. Epaulés par leurs collègues, ils vont se lancer sur la piste d'un tueur en série sadique, et être confrontés, au même moment, à des enlèvements répétés.

Les personnages du roman sont d'un manichéisme rarement lu. La nuance n'y existe pas. Cécile est douée, fière, volontaire, mais elle a bien un petit coeur de femme - on y reviendra -, bref, c'est une gentille ; son collègue Prudhomme est un blaireau fini, harceleur sexuel, tire au flanc, et ripou de surcroît (son basculement sera d'autant plus artificiel), il n'a rien pour le sauver, bref, c'est un méchant. Même chose pour les personnages secondaires : croisé tôt dans le récit, le clochard qui aide à l'enquête est un cliché sur pattes, poli, gentiment excentrique, serviable. Seconde sur le podium du binarisme bon-ou-mauvais, la religieuse nymphomane : Son personnage est tellement surécrit, irréel, qu'on ressent un vrai malaise lorsqu'elle intervient. Ce même genre de malaise devant un nanar qui n'a pas le bon goût du second degré. Elle n'a aucune profondeur, et son existence n'a d'utilité qu'au prétexte du scénario.

Mais le pire d'entre eux, la palme d'or, c'est le véritable héros du bouquin : Malone. Il est parfait du début à la fin. Efficace, précis dans son travail, poli, il sait garder son calme mais sait s'énerver juste quand il le faut, élégant avec les femmes, même les plus vilaines tentatrices, il s'intègre sans accroc au sein de son nouveau service. C'est le sauveur de la veuve et l'orphelin, y a pas un pet' sur sa carrosserie. Mais c'est pas tout ! Cette montagne de muscle, gendre idéal et super beau gosse, apprend l'intégralité de l'histoire de toute la région et de la ville avant de s'y installer (ce qui donnera un indice important à un moment décisif), lit des revues de médecine spécialisée (ce qui, là encore, fait évidemment progresser l'enquête là où la police scientifique semblait bloquer), et il apprend même des vers par coeur.

Même la relation entre les personnages, qui est peut-être l'aspect le moins raté - la complicité des collègues et parfois touchante -, est gâchée : les "beaux moments" sont surlignés au maximum. Un simple exemple, marquant car il revient bien six ou sept fois (mais c'est malheureusement loin d'être le seul) : à de nombreuses reprises, l'équipe réunie patine dans leur enquête, ou vient de recevoir une dure nouvelle (nouveau meurtre ou enlèvement) : alors que tout le monde broie du noir, un perso lâche une blague ou lance une vanne à la volée. C'est sympa, c'est la camaraderie. Mais la narration ne peut s'empêcher d'appuyer bêbêtement que "ça leur fit tant de bien de rire ensemble" ou "c'était exactement ce dont ils avaient besoin". Lourdingue.


Nos enquêteurs progressent dans une histoire poussive, scénario d'un film noir un peu idiot, eu égard à la fois aux personnages dont l'absence de finesse a déjà été évoquée, mais aussi à la structure du récit. On suit le déroulé de l'enquête comme dans un guide, étape par étape, mais... je voulais lire une histoire moi, qu'on me raconte quelque chose ! Pas lire la transcription rasoir d'un documentaire sans esprit.

En parallèle de l'ennui s'immisce parfois le manque de vraisemblance. le boss de la mafia russe, par exemple, qui accompagne dans sa voiture ses hommes de main envoyés pour l'exécution vengeresse d'un policier - avec tous les risques que ça comporte, en sachant qu'il vit habituellement dans un bunker ultra protégé ? On n'y croit pas une seconde. de même, j'ai du mal à croire qu'un flic poursuivi par la mafia russe, qui vient de subir une tentative d'assassinat, soit autorisé à continuer son service tranquillement, comme si de rien n'était - ne serait-ce que par égard pour la sécurité de ses collègues...

Quant au dénouement, il est particulièrement déceptif - si on attendait encore quelque chose. Ce retournement ne sert qu'à tromper le lecteur pendant la majeure partie du bouquin, pour finalement créer une surprise entièrement artificielle.


Le tout est formulé dans un style globalement correct, si l'on excepte des formulations parfois bancales ou bizarres. Au-delà, l'auteur semble être particulièrement fier de nous assommer de sa connaissance des degrés hiérarchiques dans la police, de ses sigles, de son argot ou son jargon technique... Et on ne peut que le féliciter d'avoir lu la page Wikipedia des spécialités culinaires et des jurons russes, puisqu'il en place à chaque ligne dès que le boss mafieux est là. C'est déjà lourdingue au possible, mais il ne s'arrête pas là, car il allourdit systématiquement ces termes avec des notes explicatives de bas de page. Si j'avais voulu lire un dictionnaire amoureux de la police ou de la Russie, j'aurais choisi un autre ouvrage.

Pour en terminer sur le style, la description des crimes, ou à défaut le détail des corps découverts par les policiers, est assez voyeuriste. On sent dans ces passages une forme de fascination, presque de délectation de l'auteur. Il y a mille manières de rendre de telles scènes avec force et intensité, pour susciter l'horreur et le dégoût, mais sans complaisance. Un simple exemple, qui me vient en tête car je l'ai lu récemment, Les Démoniaques de Mattias Köping fourmille de ce genre de scènes - parfois plus dures encore - mais il usait d'un style tranchant, sec, qui convenait à son sujet... Contrairement à Milo-Vacéri.


Je termine sur un dernier aspect, que je me sens rarement tenu d'évoquer : le positionnement idéologique que l'auteur a laissé (grassement) suinter au travers de son histoire : une sorte de conservatisme peu subtil et assez bas du front. On ne parle pas ici de deux-trois remarques perdues dans le livre, qui m'auraient simplement interpelé un instant, mais bien une d'une vision du monde pas très finaude qui se dessine au fil des 300 pages, m'obligeant à la relater.

Commencons par Cécile : elle est certes "une bonne enquêtrice, mais avant tout une femme" et elle a forcément un "instinct" propre à sa condition féminine. Elle est compétente, bien sûr, mais elle est systématiquement aidée, voir sauvée par son grand mâle qui lui sert de second (et, c'est écrit de fil blanc, bientôt de compagnon). Y compris pour faire changer le comportement de son collègue qui la harcèle, son refus clair et ferme n'y fait rien, mais le rôle modèle du beau Malone viril le transforme du tout au tout ! Et quand les femmes ne sont pas, malgré toute leur compétence, au second plan, elles sont de vilaines tentatrices, cf. plus haut, la nymphomane mal écrite.

Autre brique dans cette vision du monde, la confusion totale entre comportement criminel et maladie mentale. Les deux semblent totalement interchangeables, les tueurs ou ravisseurs sont systématiquement des "malades mentaux", "fondus du bulbe", voire "schyzophrènes" (sur ce dernier terme, il faut vraiment ne pas savoir de quoi on parle) ! Rappelons qu'une personne présentant un trouble mental n'a pas plus de chance de commettre un acte criminel que n'importe qui, mais en plus, a bien plus de risque d'en être victime (y compris et en particulier des agressions sexuelles). Cette confusion est présente à chaque évocation d'un tueur, à se demander s'il ne s'agit que d'une manière de parler (ce qui serait déjà limite), ou d'une véritable conviction de l'auteur.

Dernier point mais pas des moindres, la police a dans ce bouquin le même statut que ce cher Malone Casey, elle est parfaite. Et certains passages ou commentaires semblent directement extraits d'un tract d'Alliance Police : le problème de la police, c'est la justice (qui devrait être à son service et enfermer bien plus longtemps), mais aussi la presse (qui devrait être plus reconnaissante et, j'imagine, ne jamais interroger le travail de l'institution), c'est encore le manque de moyen et surtout de liberté (il faudrait les laisser faire ce qu'ils veulent), et c'est même la vilaine IGPN qui veut leur mettre des bâtons dans les roues (on se pince, quand on connaît la connivence existant entre eux).


Vous l'aurez compris, ma lecture a été laborieuse, parfois ennuyeuse quand je n'étais pas pris par le malaise ou le ridicule. Je ne conseille évidemment pas.
Commenter  J’apprécie          10
Cécile est commandant au sein d'un service policier d'enquête à Rouen, qui accueille en son sein Malone, ancien marine beau gosse venu de Paris, qui se révèle efficace, mais dont les raisons de la mutation restent mystérieuses. Epaulés par leurs collègues, ils vont se lancer sur la piste d'un tueur en série sadique, et être confrontés, au même moment, à des enlèvements répétés.

Les personnages du roman sont d'un manichéisme rarement lu. La nuance n'y existe pas. Cécile est douée, fière, volontaire, mais elle a bien un petit coeur de femme - on y reviendra -, bref, c'est une gentille ; son collègue Prudhomme est un blaireau fini, harceleur sexuel, tire au flanc, et ripou de surcroît (son basculement sera d'autant plus artificiel), il n'a rien pour le sauver, bref, c'est un méchant. Même chose pour les personnages secondaires : croisé tôt dans le récit, le clochard qui aide à l'enquête est un cliché sur pattes, poli, gentiment excentrique, serviable. Seconde sur le podium du binarisme bon-ou-mauvais, la religieuse nymphomane : Son personnage est tellement surécrit, irréel, qu'on ressent un vrai malaise lorsqu'elle intervient. Ce même genre de malaise devant un nanar qui n'a pas le bon goût du second degré. Elle n'a aucune profondeur, et son existence n'a d'utilité qu'au prétexte du scénario.

Mais le pire d'entre eux, la palme d'or, c'est le véritable héros du bouquin : Malone. Il est parfait du début à la fin. Efficace, précis dans son travail, poli, il sait garder son calme mais sait s'énerver juste quand il le faut, élégant avec les femmes, même les plus vilaines tentatrices, il s'intègre sans accroc au sein de son nouveau service. C'est le sauveur de la veuve et l'orphelin, y a pas un pet' sur sa carrosserie. Mais c'est pas tout ! Cette montagne de muscle, gendre idéal et super beau gosse, apprend l'intégralité de l'histoire de toute la région et de la ville avant de s'y installer (ce qui donnera un indice important à un moment décisif), lit des revues de médecine spécialisée (ce qui, là encore, fait évidemment progresser l'enquête là où la police scientifique semblait bloquer), et il apprend même des vers par coeur.

Même la relation entre les personnages, qui est peut-être l'aspect le moins raté - la complicité des collègues et parfois touchante -, est gâchée : les "beaux moments" sont surlignés au maximum. Un simple exemple, marquant car il revient bien six ou sept fois (mais c'est malheureusement loin d'être le seul) : à de nombreuses reprises, l'équipe réunie patine dans leur enquête, ou vient de recevoir une dure nouvelle (nouveau meurtre ou enlèvement) : alors que tout le monde broie du noir, un perso lâche une blague ou lance une vanne à la volée. C'est sympa, c'est la camaraderie. Mais la narration ne peut s'empêcher d'appuyer bêbêtement que "ça leur fit tant de bien de rire ensemble" ou "c'était exactement ce dont ils avaient besoin". Lourdingue.


Nos enquêteurs progressent dans une histoire poussive, scénario d'un film noir un peu idiot, eu égard à la fois aux personnages dont l'absence de finesse a déjà été évoquée, mais aussi à la structure du récit. On suit le déroulé de l'enquête comme dans un guide, étape par étape, mais... je voulais lire une histoire moi, qu'on me raconte quelque chose ! Pas lire la transcription rasoir d'un documentaire sans esprit.

En parallèle de l'ennui s'immisce parfois le manque de vraisemblance. le boss de la mafia russe, par exemple, qui accompagne dans sa voiture ses hommes de main envoyés pour l'exécution vengeresse d'un policier - avec tous les risques que ça comporte, en sachant qu'il vit habituellement dans un bunker ultra protégé ? On n'y croit pas une seconde. de même, j'ai du mal à croire qu'un flic poursuivi par la mafia russe, qui vient de subir une tentative d'assassinat, soit autorisé à continuer son service tranquillement, comme si de rien n'était - ne serait-ce que par égard pour la sécurité de ses collègues...

Quant au dénouement, il est particulièrement déceptif - si on attendait encore quelque chose. Ce retournement ne sert qu'à tromper le lecteur pendant la majeure partie du bouquin, pour finalement créer une surprise entièrement artificielle.


Le tout est formulé dans un style globalement correct, si l'on excepte des formulations parfois bancales ou bizarres. Au-delà, l'auteur semble être particulièrement fier de nous assommer de sa connaissance des degrés hiérarchiques dans la police, de ses sigles, de son argot ou son jargon technique... Et on ne peut que le féliciter d'avoir lu la page Wikipedia des spécialités culinaires et des jurons russes, puisqu'il en place à chaque ligne dès que le boss mafieux est là. C'est déjà lourdingue au possible, mais il ne s'arrête pas là, car il allourdit systématiquement ces termes avec des notes explicatives de bas de page. Si j'avais voulu lire un dictionnaire amoureux de la police ou de la Russie, j'aurais choisi un autre ouvrage.

Pour en terminer sur le style, la description des crimes, ou à défaut le détail des corps découverts par les policiers, est assez voyeuriste. On sent dans ces passages une forme de fascination, presque de délectation de l'auteur. Il y a mille manières de rendre de telles scènes avec force et intensité, pour susciter l'horreur et le dégoût, mais sans complaisance. Un simple exemple, qui me vient en tête car je l'ai lu récemment, Les Démoniaques de Mattias Köping fourmille de ce genre de scènes - parfois plus dures encore - mais il usait d'un style tranchant, sec, qui convenait à son sujet... Contrairement à Milo-Vacéri.


Je termine sur un dernier aspect, que je me sens rarement tenu d'évoquer : le positionnement idéologique que l'auteur a laissé (grassement) suinter au travers de son histoire : une sorte de conservatisme peu subtil et assez bas du front. On ne parle pas ici de deux-trois remarques perdues dans le livre, qui m'auraient simplement interpelé un instant, mais bien une d'une vision du monde pas très finaude qui se dessine au fil des 300 pages, m'obligeant à la relater.

Commencons par Cécile : elle est certes "une bonne enquêtrice, mais avant tout une femme" et elle a forcément un "instinct" propre à sa condition féminine. Elle est compétente, bien sûr, mais elle est systématiquement aidée, voir sauvée par son grand mâle qui lui sert de second (et, c'est écrit de fil blanc, bientôt de compagnon). Y compris pour faire changer le comportement de son collègue qui la harcèle, son refus clair et ferme n'y fait rien, mais le rôle modèle du beau Malone viril le transforme du tout au tout ! Et quand les femmes ne sont pas, malgré toute leur compétence, au second plan, elles sont de vilaines tentatrices, cf. plus haut, la nymphomane mal écrite.

Autre brique dans cette vision du monde, la confusion totale entre comportement criminel et maladie mentale. Les deux semblent totalement interchangeables, les tueurs ou ravisseurs sont systématiquement des "malades mentaux", "fondus du bulbe", voire "schyzophrènes" (sur ce dernier terme, il faut vraiment ne pas savoir de quoi on parle) ! Rappelons qu'une personne présentant un trouble mental n'a pas plus de chance de commettre un acte criminel que n'importe qui, mais en plus, a bien plus de risque d'en être victime (y compris et en particulier des agressions sexuelles). Cette confusion est présente à chaque évocation d'un tueur, à se demander s'il ne s'agit que d'une manière de parler (ce qui serait déjà limite), ou d'une véritable conviction de l'auteur.

Dernier point mais pas des moindres, la police a dans ce bouquin le même statut que ce cher Malone Casey, elle est parfaite. Et certains passages ou commentaires semblent directement extraits d'un tract d'Alliance Police : le problème de la police, c'est la justice (qui devrait être à son service et enfermer bien plus longtemps), mais aussi la presse (qui devrait être plus reconnaissante et, j'imagine, ne jamais interroger le travail de l'institution), c'est encore le manque de moyen et surtout de liberté (il faudrait les laisser faire ce qu'ils veulent), et c'est même la vilaine IGPN qui veut leur mettre des bâtons dans les roues (on se pince, quand on connaît la connivence existant entre eux).


Vous l'aurez compris, ma lecture a été laborieuse, parfois ennuyeuse quand je n'étais pas pris par le malaise ou le ridicule. Je ne conseille évidemment pas.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (66) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}