Citations sur Nuit (112)
Décidément, tout le monde jouait à qui pisse le plus loin ici, songea Kirsten. Même les ovaires de ces dames produisaient assez de testostérone pour fabriquer un régiment de Monsieur Univers.
Toulouse était une ville qui sécrétait de la délinquance come une glande libère une hormone. Si l’université était le cerveau, l’hôtel de ville le cœur et les avenues les artères, la police, elle, était le foie, les poumons, les reins… Comme eux, elle assurait l’équilibre de l’organisme par filtration des éléments impurs, élimination éventuelle des substances toxiques, stockage provisoire de certaines impuretés. Les déchets irrécupérables finissaient en taule ou ressortaient dans la rue – autrement dit, dans les intestine de la ville. Bien entendu, comme tout organe, il lui arrivait de dysfonctionner.
Il approchait la cinquantaine, peut étre l’avait il déjà. Un cadre supérieur dans la banque ou le commerce, un chef d’entreprise dans le numérique, un travail de consultant hautement rémunérateur ou un prof d’université : il suintait l’argent gagné sans trop se salir les mains.
- Que quand on a un enfant, on cesse de raisonner comme avant. Quand on a un enfant, le monde redevient dangereux n'est-ce pas ? Avoir un enfant, c'est réapprendre que nous sommes fragiles, un enfant vous rend vulnérable. Tu sais tout ça bien sûr, Regarde le Martin. Que se passera-t-il si je disparais ? Si je meurs ? Si je vais en prison ? Que deviendra-t-il ? Qui s'occupera de lui ? Dans quel foyer, équilibré ou dysfonctionnel, atterrira-t-il ?
J’ai peur ! répéta Guastav. Je ne veux pas le faire. S’il te plait, papa !
Surmonter ses peurs, c’est le secret de la vie. Gustav. Ceux qui écoutent leurs peurs ne vont pas bien loin. Tu es prêt?
Il le va les yeux de l'article qui annonçait que Toulouse accueillait 19000 nouveaux habitants chaque année et pourrait dépasser Lyon d'ici à dix ans, possédait 95789 étudiants, 12000 chercheurs, était reliée à 43 villes européennes par son aéroport, à Paris par plus de 30 vols quotidiens, mais - dans la queue le venin - l'article faisait ensuite remarquer que entre 2005 et 2011, les effectifs de la police toulousaine comme ceux de la police nationale dans son ensemble n'avaient cessé de diminuer pour des raisons strictement budgétaires et que cette baisse dramatique n'avait pas été totalement compensée depuis.
Servaz n'ignorait pas qu'Hirtmann possédait nombre de fans sur Internet, cette invention merveilleuse qui avait changé la face du monde - qui permettait à Daech d'infecter des cerveaux fragiles avec ses idées mortifères, à des gamins d'en harceler d'autres jusqu'à les pousser au suicide, à des pédophiles de se repasser des photos d'enfants nus, à des millions d'individus de déverser leur haine sur d'autres à l'abri de l'anonymat.
P 296
Il se souvint que, dans les livres et les bandes dessinées de son enfance, les héros - animaux ou humains - étaient tous courageux, droits, honnêtes. Aujourd'hui, il ne voyait que des séries télé ou des films dont les héros étaient veules, menteurs, manipulateurs, cyniques. A la Bourse des valeurs fictionnelles, la droiture, le courage physique, l'élégance morale n'avaient plus la cote.
P 172
Sans le mensonge ou du moins quelques arrangements avec la vérité, la vie deviendrait vite insoutenable. (p. 253)
- Tu as une fille, Martin. Tu sais cela depuis longtemps...
Servaz sentit son corps se raidir.
Ne parle pas de ma fille, salopard...
- Je sais quoi ? demanda-t-il d'une voix très froide.
- Que quand on a un enfant, on cesse de raisonner comme avant. Quand on a un enfant, le monde redevient dangereux, n'est-ce pas ? Avoir un enfant, c'est réapprendre que nous sommes fragiles, un enfant vous rend vulnérable. Tu sais tout ça, bien sûr.