Citations sur Une deux trois (11)
Ronen la regarda. Dit qu'il en était parfaitement conscient. Que personne ne savait mieux que lui à quel point Orna était une mère extraordinaire. Elle fut soudain saisie d'une violente envie de le frapper, de poser les mains sur son cou, de planter les ongles dans sa chair et de serrer, exactement ce qu'elle avait ressenti pendant des semaines, juste après l'annonce de sa rencontre avec Ruth et la demande de divorce.
De retour au café, chacun réintégrera sa place, mais des regards et une conversation sans mot tendront des fils invisibles entre leurs deux tables.
Sur la première page du cahier, elle voit une longue colonne de lettres hébraïques et à côté, dans une autre couleur, leur version phonétique en lettres latines. Sur la deuxième page, il y a déjà des mots en hébreu et, à côté, leur transcription phonétique et leur signification. La main qui les a tracés est celle d'une personne âgée dont l'hébreu n'est pas la langue maternelle : les lignes tremblotent un peu sur le papier, ce qui en complique le décryptage, mais comme il ne s'agit que de mots simples, Orna finit par les déchiffrer : ABA – père ...
"Ils firent connaissance sur un site de rencontre pour divorcés. Il y affichait un profil plutôt banal – quarante-deux ans, divorcé, deux enfants, habite à Guivataïm –, et c'est ce qui la poussa à lui envoyer un message. Il avait évité les « prêt à dévorer la vie » ou « en pleine recherche intérieure, je compte sur toi pour me révéler à moi-même ». 1m77, profession libérale, bonne situation, ashkénaze. Opinions politiques néant, tout comme la plupart des autres rubriques. Trois photos, une ancienne et deux apparemment plus récentes, sur lesquelles il présentait un visage plutôt rassurant et sans signe particulier. Autre détail : il n'était pas gros."
Lorsqu'elle se retrouva seule dans sa voiture sur le chemin du retour, elle se demanda si le plaisir qu'elle avait tiré de cette rencontre était lié à cet homme en particulier ou plutôt à la répétition, au fait qu'ils se connaissaient déjà.
Un instant, elle craignit que ses efforts pour juguler son désespoir et son amertume ne tournent court et que son mal-être réapparaisse soudain sur son visage, comme sous un maquillage qui aurait dégouliné
Mais si elle avait décidé pour l’instant, de ne parler de Guil à Personne sauf au psychologue, c’était parce qu’elle ne savait pas quoi en dire : elle n’était pas amoureuse et rien ne s’était encore passé entre eux. Et puis, peut-être y avait-il une part de superstition, peut-être espérait-elle que si elle n’en parlait pas il se passerait justement quelque chose. Ne recommandait-on pas, pour qu’un mets mijote bien sur le feu de recouvrir la casserole ? Exactement comme cette écrivaine qu’elle entendue un jour expliquer à la télévision pourquoi, pendant le temps de l’écriture, elle ne montrait jamais ses textes. » (Première partie ‘ Une’, chapitre 3, p 32
Ils firent connaissance sur un site de rencontre pour divorcés. Il y affichait un profil plutôt banal – quarante-deux ans, divorcé, deux enfants, habite à Guivataïm –, et c'est ce qui la poussa à lui envoyer un message. Il avait évité les « prêt à dévorer la vie » ou « en pleine recherche intérieure, je compte sur toi pour me révéler à moi-même ». 1m77, profession libérale, bonne situation, ashkénaze. Opinions politiques néant, tout comme la plupart des autres rubriques. Trois photos, une ancienne et deux apparemment plus récentes, sur lesquelles il présentait un visage plutôt rassurant et sans signe particulier. Autre détail : il n'était pas gros.
Elle portait encore un pull en soirée et quand elle se glissait seule dans le lit, elle entendait parfois la pluie tomber.
Elle lui envoya un premier message : « Serais ravie de faire votre connaissance. » Il répondit deux jours plus tard : « D’accord. Comment ? »
Les yeux d'Émilia sont à présent grands ouverts, mais en dedans elle les clot. Et dans un éclair, elle sait tout, tout ce qui est arrivé et tout ce qui arrivera, comme si c'était une histoire qu'on lui avait racontée juste avant le grand sommeil