Dans cette suite d'"Oh-Roh", nous suivons le destin de Kengo Iba désormais schizophrène puisqu'il ne fait plus la différence entre sa vie et celle de celui qu'il a remplacé pour ne pas perturber le cours de l'Histoire... Il connaît à l'avance l'heure de sa mort (ou plutôt celle de celui dont il joue le rôle), et son objectif est de former son fils pour qu'il puisse après lui assurer la bonne marche de l'Histoire... Et être l'héritier du Khan des Khans est tout sauf une sinécure, car pour le père comme pour le fils le moindre signe de faiblesse peut rapidement être synonyme de mort violente !
On suit donc le récit d'apprentissage de Qubilaï (oui on confond Tolui et Qubilaï, mais après tout nous somme dans une fiction et non une reconstitution) qui doit constamment faire ses preuves, surtout à la tête des Loups Rouges ouïghours qui n'en font qu'à leurs têtes... Qubilaï a soif de reconnaissance de la part de son père, et trouve consolation avec le vieux Benkei, l'honneur personnifié, et le jeune Rissho, le génie, la générosité et la sincérité personnifiés (un personnage historique édifiant, véritable mutant ayant appris à lire avant l'âge d'un an !). Quand l'échéance de la mort de Gengis Khan approche, des mutins de l'armée chinoise débarquent du XXe siècle avec des mitrailleuses et des chars d'assauts : le Loup Bleu a fort à faire tant avec ses subordonnés qui ne jurent que par la loi du plus fort, qu'avec ses nouveaux ennemis trans-temporels qui se torchent le cul des paradoxes temporels... Qubilaï, Benkei et Rissho parviendront-ils à sauver la vie de leur suzerain qui a décidé de se sacrifier pour une juste cause ???
La fin est très jolie : le père se réconcilie avec le fils, mais le père débarrassé du poids de l'Histoire accomplit sa promesse de retourner au Japon, alors que le fils embarrassé du poids de l'Histoire n'accomplira jamais sa promesse de retourner au Japon, et que Rissho lui quitte le fils pour accompagner le père et accomplir sa destinée en tant que fondateur de l'école bouddhique Nichiren...
Buronson a rencontré la célébrité avec la cultissime saga post-apo "Hokuto no Ken", mais il est aussi connu pour ses polars et ses séries historiques (même qu'il a commencé sa carrière par des titres relevant de la Science-Fiction ^^). J'ai toujours pensé que de la barbarie du Moyen-Âge à la barbarie post-apo il n'y avait qu'un pas vite franchi, et ce titre ne me contredit pas du tout... du coup on retrouve pas mal de gimmicks de son oeuvre phare transposés du post-apo au Moyen-Âge, avec un héros badass affrontant des barbares punks, et on se retrouve avec un récit brut de décoffrage, à la fois viriliste et nationaliste, le tout à la sauce Heavy Metal ! (et je demande si l'auteur a lu "Voici l'Homme" de Michael Moorcock, tant les points communs sont nombreux entre les deux oeuvres et leurs mécanismes communs au sujet des paradoxes temporels)
Et le scénariste Buronson à la carrière déjà bien établie donne ici sa chance au dessinateur Kentaro Miura en tout début de carrière... Alors oui, il n'est ici pas dans le nec plus ultra qui ensuite le caractérisera, mais bon sang ne saurait mentir : les graphismes sont ambitieux, le découpage est minutieux, les personnages sont badass, les visages hyper-expressifs, et les bastons dantesques nous emmènent au coeur de la folie... Bref, le souffle épique est déjà là !!!
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