Les derniers jours de Cléopâtre

J'adore les romans historiques et encore plus ceux qui se déroulent durant une de mes périodes de prédilection, comme l'Antiquité. Ces Derniers jours de Cléopâtre m'ont donc immédiatement attiré, sans parler de cette superbe couverture ! J'avais lu quelques avis qui m'avaient un peu refroidie car ils mettaient en avant un style un peu désuet (le roman date des années 1980) et difficile à lire, mais j'ai voulu me faire ma propre opinion. Et j'en ressors avec une petite déception pour ce roman.

Les cent premières pages sont plutôt ardues à lire car Terenci Moix a un style très exubérant et théâtral : on part dans des descriptions très poétiques et des métaphores très développées, sans compter qu'effectivement la langue est un peu vieillotte. La comparaison avec un film hollywoodien (le Cléopâtre avec Elizabeth Taylor me paraît tout à fait de circonstances ^^) m'est très vite venue à l'esprit et ne m'a pas quitté tout au long de cette lecture.
J'ai également regretté qu'on ait un portrait très cliché et daté de la reine d'Égypte dans ce roman : on met beaucoup l'accent sur ses charmes, sur son appétit sexuel, sur sa passion dévorante pour Marc Antoine qui la fait oublier toute raison (même chose pour lui au passage)... Bref, un portrait perpétué pendant des siècles par les auteurs (historiens ou autres) romains puis repris par les historiens jusqu'à une époque récente : depuis quelques années, on revient en effet sur ce portrait de Cléopâtre en femme fatale pour quelque chose de plus nuancé et de plus fiable historiquement en mettant en avant ses connaissances, ses qualités politiques... (je vous conseille d'ailleurs à ce propos le livre d'Alberto Angela sur Cléopâtre paru il y a 4 ou 5 ans et qui montre bien cette "revalorisation" du personnage) du coup, c'est là où le fait que Les Derniers jours de Cléopâtre soit un roman paru originellement il y a une trentaine d'années est le plus flagrant et gênant pour moi.

Tout n'est cependant pas à jeter dans ce roman, bien au contraire : malgré ces bémols, j'ai passé un bon moment de lecture car Terenci Moix possède un bon talent de conteur. On a beau connaître d'avance comment vont se terminer les choses pour Cléopâtre, on fait défiler les pages sans s'en rendre compte pour savoir comment tout va finir. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé la manière dont l'auteur traite la mort de Cléopâtre, c'est très original et inventif (mais je n'en dirais pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise !)
Le roman possède également une formidable ambiance : les descriptions de la ville d'Alexandrie, du palais de Cléopâtre sont savoureuses à lire, on s'imagine sans peine le cosmopolitisme, la richesse et l'exotisme de cette cité qui a tant fasciné et fait rêver au fil des siècles.
Enfin, Terenci Moix nous livre un très beau portrait d'Octavie, dernière épouse de Marc Antoine et soeur d'Octave Auguste : j'ai beaucoup aimé la manière dont il la dépeint, en épouse romaine modèle mais néanmoins intelligente et maîtresse de son destin, mais le plus intéressant est son déchirement entre fidélité à son frère et fidélité à son mari. On en vient presque à regretter que l'auteur n'ait pas choisi d'en faire l'héroïne de ce roman !

En résumé, je dirais que Les Derniers jours de Cléopâtre est pour vous si vous recherchez un roman historique aux allures de film hollywoodien et qui procure un dépaysement total. Par contre, il faut garder en tête qu'il s'agit d'un "vieux" roman et qu'il est malheureusement daté sur certains faits et sur le style.

👑 Les derniers jours de Cléopâtre - Terenci Moix 👑
Traduction : Anne-Carole Grillot

Résumé :
Dans une barque qui remonte le Nil, Cléopâtre pleure la fin de son amour avec Marc Antoine. Les Derniers Jours de Cléopâtre fait revivre une période historique passionnante : l'agonie de l'Égypte face à l'impérialisme de Rome. Mais c'est surtout une grande histoire d'amour, celle de l'une des femmes les plus fascinantes de tous les temps.
Cléopâtre apparaît ici comme un personnage original et contradictoire. Elle n'est pas seulement une femme amoureuse, mais une femme entièrement dévouée à la politique, un domaine dans lequel elle a su cultiver le métissage et en tirer parti.
 

Ce sera un retour en demi-teinte pour moi car j'ai eu beaucoup de mal avec Cléopâtre! Les cent premières pages ont été particulièrement difficiles, Cléopâtre fraîchement quittée par son grand Marc Antoine fait un étalage sans mesure ni retenue de son chagrin d'amour, port du deuil ostentatoire de son amour perdu, plaintes, malédictions, humeurs, voeux de vengeance et j'en passe... elle n'a pas la tristesse discrète... ah les reines... On n'a qu'une envie, c'est de lui hurler de se ressaisir car elle en devient pathétique et ridicule et sur cent pages c'est long. Heureusement dans la deuxième partie entre en scène Octavie, la femme romaine de Marc Antoine et enfin on retrouve la raison et la maîtrise. À partir de là ma lecture a été plus agréable, on saisit les enjeux politiques et leurs importances et on fait connaissance avec tous les personnages qui vont jouer un rôle dans la destinée de Rome et de l'Égypte. J'ai aimé en apprendre plus sur cette période que je connais peu, sur ces noms qui sont restés mais dont je ne connaissais pas l'histoire.
Je tiens à souligner la très belle écriture de l'auteur, très poétique avec un style recherché, très riche, imagée, elle ravira les amoureux des belles phrases et des jolis mots 😊.
Vous l'aurez compris c'est surtout le caractère de Cléopâtre qui a été compliqué pour moi, je n'ai pas réussi à l'apprécier et c'est toujours un frein pour moi de ne pas accrocher avec le personnage principal.
Un roman intéressant et instructif très bien écrit mais avec une reine fortement agaçante comme personnage principal.