le me serais éteinte à petit feu, enlaidie, abrutie par un travail que je n'aimais pas, ne survivant que dans l'expectative du vendredi et détestant le lundi.
L’habitude de se prendre des claques rend méfiant vis-à-vis du bonheur.
Tu es en train de me dire que je devrais recommander des livres comme on délivre des médicaments, avec une notice pour chacun?
- Tu es en train de me dire que je devrais recommander des livres comme on délivre des médicaments, avec une notice pour chacun ?
Il leva les mains en signe de reddition.
- C'est toi qui l'as dit, pas moi. Des livres que tu as lus et que tu as envie de conseiller, évidemment.
L'idée était même très bonne. Il fallait que j'assouvisse ma curiosité.
Nous partagions la même passion pour la lecture en rêvant de devenir écrivaines. Durant les périodes de séparation, nous nous racontions tout dans de longues lettres aux mots codés que nous étions les seules à comprendre.
- Tu sais, poursuivit-elle, une expression de suffisance imprimée sur son visage poupin, je suis fan de romans policiers et quand Carolina m'a expliqué la situation, je me suis demandé ce qu'Agatha aurait fait dans ce genre de situation.
Qui était cette Agatha ? J'hésitai à le lui demander, mais puisqu'il fallait poursuivre la conversation, toutes les questions étaient bienvenues.
- Agatha, c'est quelqu'un de votre famille ?
Elle écarquilla les yeux avant d'épeler le nom entier comme on le fait avec un tout petit enfant ou un crétin fini.
- A, G, A, I, H, A. C, H, R, I, S, I, I, E, évidemment.
OK, celle-là avait une case en moins. Elle ajouta :
- Face à un problème, je me demande toujours comment elle l'aurait résolu.
Mon amie l'angoisse était de retour. Malgré ma gaieté apparente, ma légèreté et mon éternelle ironie, mon moi intérieur volait en éclats. Je souffrais d'anxiété depuis si longtemps qu'elle était presque devenue une compagne de vie.
Tôt ou tard, ce qui vous appartient vous revient.
La bibliothérapie repose sur l'idée que la lecture de romans génère dans l'empathie. Lire un mot, disons un verbe par exemple, active dans le cerveau les mêmes états mentaux que si nous vivions l'action nous mêmes.
La lecture est vue, en gros, comme une simulation du réel.
Oui, c'est vrai, j'ai un petit défaut, mais vous n'allez tout de même pas m'en tenir rigueur?
Réservé à tous ceux qui ne s'arrêtent pas aux apparences et vont au fond des choses. Déconseillé aux perfectionnistes. A lire le soir, vingt pages par jour jusqu'à la fin.