Les loups blessés

Une découverte ! J'aime beaucoup le style de l'auteur, nerveux, sans gras. Il va à l'essentiel d'un récit très réaliste, nourri de son expérience de policier.
Je le retrouverai avec grand plaisir !

Pour Imed et Nordine c'est le premier méfait de « grand banditisme », quand deux jeunes de cités montent sur une attaque de fourgon à l'arme lourde, on peut s'attendre à de graves conséquences. C'est ce que vont vivre ces deux frères et Doumé, un corse, encore peu rompu à cet exercice. Résultat : deux morts, les deux convoyeurs.

Le commissaire Pessac, ne vit que pour son boulot de flic, il va vite remonter la piste des deux frères grâce à ses indics, mais pour Doumé c'est une autre affaire.

Imed et Nordine décident de commettre un nouveau braquage contre une agence postale, seuls. Les évènements vont prendre une autre tournure après que Pessac les ait infiltrés.

Mattéo Astolfi, lui, est un patron du grand banditisme et Doumé n'est autre que son petit frère. Mattéo est marié et père d'un petit garçon. Il aime sincèrement sa famille. Il a bien essayé d'éloigner Doumé de ce milieu mais a vite dû se rendre à l'évidence, qu'il avait lui aussi ce regard vide de tout sentiment. Il va donc tenter puisque telle est la volonté de Doumé, de le « rencarder » sur des coups sûrs avec de vrais professionnels et par la même occasion, lui, faire un dernier coup qui le mettrait à l'abri financièrement jusqu'à la fin de sa vie, et donc de décrocher.

De bavures en braquages, de braquages en récidives, de récidives en dénonciations, on va vivre de l'intérieur les courses poursuites, les planques, les tapissages.

Avec un langage plus que réaliste, l'auteur dont c'est le premier roman, n'est autre que le Directeur de la B.R.I., ça sent le vécu, les mauvaises fréquentations, la solitude, les coups bas des indics.

On respire également la tristesse, l'empathie, l'attachement qu'un flic peut avoir malgré lui, pour son indic, l'amour qu'il peut ressentir pour une pute, plus honnête que beaucoup de femmes.

C'est un roman criant de vérité dans lequel on s'immerge volontairement avec grand plaisir, ce côté un peu mauvais garçon, un peu « toucher la fange » du bout du doigt. On s'y croit, on y est. On est dans la voiture avec eux, autant avec les flics qu'avec les braqueurs. On les aime autant les uns que les autres.

Leurs personnages sont tellement pleins de complexité, tellement pleins de vérités et de mensonges, tellement pleins de vraie vie, de vraies envies, de vraies déceptions, de vraies souffrances et pourtant tellement plein d'espoirs.

Un roman très attachant, addictif, où on a vraiment le sentiment d'éprouver cette évidence du quotidien, celle de la vie des deux bords, la vraie vérité pas celle romancée.

Un gros coup de coeur.

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