Molmy Christophe – "
Quelque part entre le bien et le mal " –
La Martinière / Points, 2018 (ISBN 978-2-7578-7572-8)
La lecture de ce deuxième roman publié par C. Molmy confirme ma constatation mentionnée dans la recension du son premier ouvrage, intitulé "
Les loups blessés " (cf recension) et de son troisième (cf recension) : l'auteur recourt à une trame classique solidement charpentée (les querelles entre différents services de police sont une antienne oh combien ressassée), et n'hésite pas à réutiliser d'un roman à l'autre non seulement les mêmes personnages mais aussi un certains nombres de scènes, allant jusqu'à répéter parfois textuellement telle ou telle phrase.
Ainsi, il est ici de nouveau question d'une attaque de "dabiste". Plus largement, l'auteur procède de nouveau au mélange de deux affaires qui finissent par se rejoindre de façon un peu trop évidente.
Le titre l'annonce clairement : l'intrigue parallèle se déroule "
quelque part entre le bien et le mal", et nous avons droit malheureusement aux grandes "esssplications" sur l'assassin qui n'y peut rien puisqu'il est "débordé" par son inconscient heurté par un tout grand malheur survenu bien entendu pendant l'enfance : l'auteur s'enlise et patauge dans le mélodrame, c'est bien dommage.
Heureusement qu'il insère ici aussi ces scènes de chasse-poursuite qu'il sait si bien décrire, mais tout de même un peu répétitives.
Ceci étant, me reste l'impression que l'auteur n'ose pas traiter à fond certains sujets réellement sensibles qu'il serait à même – en raison de son expérience professionnelle – de développer voir de placer au coeur de son récit. Ainsi du très bref paragraphe en haut de la page 133, effleurant une question cruciale : non seulement les policiers sont sommés de fournir une kyrielle de preuves pour prouver qu'un tel – déjà fort bien connu des services de police et condamné à plusieurs reprises – est bien le coupable, non seulement ils doivent pour ce faire rédiger des rapports argumentés, détaillés (qui finissent par susciter des vocations d'écrivains) mais en plus, ils sont écrasés par les délais, comme celui de la garde-à-vue. C'est à l'usure – dont le manque de sommeil – que beaucoup de procédures sont cassées lors de l'instruction judiciaire.
Le mode de fonctionnement absurde de la machine judiciaire est décrit un peu plus en détail dans les pages 277-281, l'origine de ces dévoiements de la justice devrait faire l'objet d'explications plus fournies de la part de l'auteur, qui est sans nul doute à même de rendre compte du rôle de plus en plus scabreux des avocats.
Suggestion : relire les romans de Norek, lui aussi policier sur le terrain, pour examiner les complémentarités et différences entre ces deux auteurs...