-- Mais, ce chalet est superbe, Marie-Thérèse! On dirait le paradis sur terre.
-- J'étais certaine qu'il vous plairait, Adèle. Vous savez, Magog, c'est pour les gens huppés. On ne trouve pas de canaille par ici.
On les élève à la sueur de son front pour ensuite se faire placer à l’hospice.
Amélie avait connu les plaisirs de la chair. La vie n’avait plus de secrets pour elle, tandis qu’elle, Adèle, était restée ignare de la joie d’être femme. Voilà ce qui avait miné Adèle. Oui, voilà bien ce qui avait fait d’elle la bête qui avait peu à peu détruit la belle. Voilà aussi pourquoi elle avait toujours tenu sa sœur au bout d’une ficelle. Par vengeance... et aussi par amour. Un amour issu d’un instinct maternel. Un amour tendre et sauvage à la fois. Un amour possessif, maladif, si fort, si fou, qu’Amélie en avait perdu la raison. Un amour si bien tissé que jamais plus l’autre n’avait pu aimer. Et pourtant, à l’heure plus qu’ultime, avec quelques brins de lucidité, c’est encore celle qu’elle avait haïe que son cœur réclamait. Celle qu’elle avait détestée pour l’avoir trop enviée... trop aimée.
Tu ne vas tout de même pas rester allongée et pleurer jusqu’à ton premier cheveu blanc, non? Il faut que tu regardes les choses bien en face. Tu es jeune, tu es attrayante, tu es libre. Qui te dit que le bon Dieu n’a pas quelque chose en réserve pour toi? Il faut lui faire confiance.
On aura toute la vie pour s’aimer.
Elle, vieille fille? C’était impensable! Pas avec son charme et son intelligence. Toujours vierge, ceinture de chasteté plus solide que jamais, aucun homme ne réussissait à l’approcher.
Les enfants sont si mal élevés de notre temps qu’il me faut les éduquer en plus de les instruire.
On ne peut pas lui demander sans cesse la charité, il faut qu’on s’aide aussi.
On dit que les filles ont tellement peur d’en coiffer le bonnet qu’elles font les yeux doux aux garçons pour ne pas rester vieilles filles!
On ne vieillit, au fond, que pour perdre... jusqu’au jour où l’on est emporté soi-même au cimetière.