Il est très difficile d’aider quelqu’un qui ne veut plus s’aider.
Sa vie était certes banale, mais à son âge, c’était ce qu’on appelait le repos du guerrier. Il lui arrivait encore d’exécuter quelques menus travaux pour les voisins, des bagatelles, car ses yeux faiblissaient de plus en plus et sa main n’était plus aussi alerte. Il n’avait pas toujours bonne mine, sans parler de sa mauvaise circulation sanguine. Il s’était même trouvé une passion... les mots croisés de tous les journaux! Tout en s’amusant, il s’instruisait.
Un amour se doit d’être partagé.
C’est l’alcool qui fait qu’on oublie .
Une personne ignorée, c’est pire qu’une personne insultée.
Le cœur ne se nourrit pas d’illusions.
Le destin, le destin... faut quand même le provoquer parfois.
La vie, ce n’est pas toujours un roman de Magali!
Ce sont bien souvent de vieux rêves qu’elles chérissent encore, surtout quand ils refont surface au déclin de la vie. Ce n’est pas de tout repos, la gérontologie.
Ces « petites filles », comme les infirmières les appelaient, allaient avoir quatre-vingt-cinq et quatre-vingt-quatre ans au cours de l’année si Dieu voulait bien les prolonger. Adèle avait été toute sa vie un éminent professeur dans des écoles privées tandis qu’Amélie avait à son actif plusieurs trophées à titre de musicienne. Jadis respectées, vouées à tous les égards et révérences, voilà que maintenant on les tutoyait sans manière. Dans cette Résidence des lilas où s’achevait leur vie, on les considérait non pas comme les doyennes d’une société, mais comme les « p’tites vieilles » de la place. Ce « tu » si dur à l’oreille face aux cheveux blancs des sœurs Berthier était coutumier, même de la part des jeunes de vingt ans. Les nobles demoiselles, de leur côté, dispersaient des « vous » de part et d’autre à ces écervelées qui n’avaient pas compris que le respect devait survivre au trépas de la raison. Adèle et Amélie, quoique séniles, n’étaient pas folles.