Ce tome regroupe le prologue et les épisodes 1 à 4 d'une série publiée en 2011 par Boom Studios.
Quelque part aux États-Unis, un pénitencier ferme ses portes. Les détenus sont emmenés vers un autre centre de détention, mais au fond du couloir de la mort, un prêtre place le casque à électrodes sur la tête de William Boyle, un détenu installé sur la chaise électrique. Il lui remet un cube ouvragé en or et en acajou, Boyle déclenche son ouverture et semble électrocuté simultanément. Pinhead apparaît et le prêtre reçoit sa juste récompense. Plus tard quelque part dans un champ immense du Nebraska, Pinhead vient s'emparer d'une victime offerte par Samuel, le gardien du Cube. de retour dans
Hellraiser, Pinhead indique qu'il est lassé de sa mission et qu'il souhaite conclure un nouveau pacte. Sur terre, Kirsty Cotton s'adonne à la peinture, et Edgar, son compagnon, l'interrompt pour lui dire au revoir car il part donner une série de conférences sur la création littéraire. Kirsty Cotton profite de son absence pour rassembler Alex Price, Bethany Howard et Marcus Aimes et monter une expédition pour détruire la Boîte à Musique, un des dispositifs qui ouvre une porte vers
Hellraiser. Pendant ce temps là, le gardien du Cube continue de faciliter le passage des Cénobites en confiant le Cube à des humains prêts à le recevoir.
En 1986,
Clive Barker publie la nouvelle "The hellbound heart" (rééditée en français dans
Hellraiser) dans laquelle apparaissent les Cénobites pour la première fois, ainsi que la dimension
Hellraiser.
Clive Barker a ensuite écrit et réalisé un film
Hellraiser - le pacte mettant en scène Pinhead. Parallèlement il a développé la franchise
Hellraiser sous forme de comics publiés par la branche adulte de
Marvel Comics, pendant que d'autres réalisaient de nombreuses suites cinématographiques. le scénario de cette histoire est écrit par
Clive Barker en personne et
Christopher Monfette.
À la lecture, il est vite évident que Barker et Monfette écrivent pour des lecteurs qui connaissent déjà les notions rattachées à
Hellraiser : les Cubes, la Configuration des Lamentations, Kirsty Cotton, Pinhead, les Cénobites, les chaînes et les crochets de boucher. En particulier, il faut se souvenir du principe de vie des Cénobites : un sadomasochisme paroxystique qui rapproche la douleur la plus intense du plaisir le plus jouissif.
Ensuite, la narration est un peu dispersée. le prologue sert à montrer une manifestation bien gore des pouvoirs de Pinhead, pour rappeler au lecteur ce principe de base. Puis Barker et Monfette réintroduisent le gardien du Cube, et enfin Kirsty Cotton. le récit démarre enfin par la destruction d'une boîte de Lemarchand, avant de repartir dans une autre direction (les premiers contacts de Price, Howard et Aimes avec les Cénobites), puis encore une autre avec une population de clochards. Donc malgré la brièveté de ce tome, la narration se révèle dense et bien remplie.
Illustrer des histoires d'horreur de manière convaincante n'est pas donné à tout le monde. Un parti pris artistique trop littéral fait verser le récit dans une collection de vignettes convenues désamorçant le choc horrifique, voire transformant les monstres en personnages grotesques et ridicules de dessin animé. À l'autre extrémité du spectre, une vision trop artistique transforme chaque case en une abstraction ayant perdu tout impact, car trop déconnectée de l'expérience physique du lecteur. le prologue et les épisodes 1 et 2 sont illustrés par
Leonardo Manco qui a déjà fait ses preuves dans les récits d'horreur avec la série Hellblazer (par exemple Hellblazer - Toutes ses machines ou Empathy Is the Enemy). Son dosage est parfait entre les éléments réalistes et l'exagération nécessaire pour rendre horribles les chaînes à crochet, les éviscérations, et autres dépeçage d'êtres humains vivants. La vision d'un être humain dépecé, perdant son sang et suspendu à des crochets est difficile à soutenir. Mais il ya encore plus d'horreur lorsque Samuel vide un seau d'eau pour évacuer le sang vers les avaloirs. Les épisodes 3 et 4 sont illustrés par
Stephen Thompson (illustrateur également de Die Hard). Il utilise un style un peu plus réaliste qui fait perdre de sa mystique à Pinhead, et un peu de densité à l'horreur. Son utilisation des aplats de noir permet de garder une certaine noirceur au récit, sans tomber dans un graphisme de superhéros (le pire est évité).
Cette reprise de contact avec Pinhead et le cube d'orfèvre de
Philippe Lemarchand s'avère satisfaisante, sans être transcendante. L'intensité de l'horreur est soutenue, sans réussir à atteindre un niveau insoutenable, surtout du fait que le récit s'attache à Kirsty Cotton et à l'objectif de Pinhead, plus qu'au principe fondamental du sadomasochisme.