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Tania de Montaigne nous livre son interrogation qu'elle vit et réfléchie depuis l'enfance et sa déconstruction plutôt habile des stéréotypes qui collent à sa couleur de peau.
En rien vindicatif, elle questionne le lecteur sur son propre laissé faire vis à vis de certains dogmes comme l'appropriation culturelle par exemple. Je m'y suis senti pointé du doigt car oui, on se laisse avoir dans une bienveillance peut-être emprunt de racisme inconscient et historiquement distillé...
L'humour renvoi certains "grand philosophes" de la "race noire" dans leurs oubliettes où ils devraient rester, le puant Gobineau ou le sportif qui devrait réfléchir avant de parler Willy Sagnol entre autres exemples bien choisis.
On y découvre aussi des intelligences noires ayant, études scientifiques à l'appui, éveillé les consciences mais malheureusement aussi été censurés, comme William Montague et son étude anthropomorphique comparative de Jessie Owen à ses athlètes contemporains
Le concept de race perd de sa "superbe" dans les mot de cette autrice , telle une ode à la différence et une mise en garde quant aux étiquettes ficelées aux corps.
Lecture à ajouter en complément d'un excellent THEMA d'Arte sur l'esclavage de juillet 2020.
Petit livre à relire de temps en temps, comme rappel essentiel d'une question brulante d'actualité en ce moment "le passé reste leur présent...".
Et encore merci à Tania de Montaigne de me l'avoir offert au salon rue du livre de rennes lors d'une très sympathique et charmante rencontre.
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Un pamphlet d'une centaine de pages qui renvoie dos à dos racisme et communautarisme, comme les deux faces d'une même pièce.
C'est bien envoyé, percutant.
C'est aussi le récit de la construction de l'identité d'une jeune française à la peau noire, et du regard que les autres portent sur elle du fait de sa couleur de peau et de la nature de sa chevelure. L'identité se construit par le regard des autres, grâce à ce regard ou contre ce regard.
C'est enfin la démonstration que le racisme imprègne toujours nos sociétés. Nous avons ancrée en nous une hiérarchie des peuples fondée sur la couleur de la peau et nous leur accolons des caractères stéréotypé. L'auteur aboutit ainsi à cette définition absurde: "Une Noire est donc un "meuble" Afro qui court vite, nage mal, chante bien et possède un grand sexe." Quand notre essentialisme s'applique aux humains, il chosifie, réduit l'humanité, et la légitimation du meurtre n'est plus très loin.
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Ce livre est très bien écrit, le style d'écriture est fluide, agréable, et dans l'ensemble simple à comprendre.

Le fond est très intéressant et j'aurai aimé lire l'autrice plus longtemps (je l'ai lu en 30-40 minutes, c'est court, surtout pour 13€) et en la suivant plus loin dans son raisonnement.

Elle remet en cause la logique des catégories sociales qui font d'un prototype (le Noir, le Juif, la Femme, etc.) une règle applicable à toutes les personnes appartenant à ce groupe. Elle propose de renoncer à la croyance en la Race (pas en tant que concept sociologique mais bien biologique et de groupe uniforme, même si ce n'est pas dit ainsi), de ne plus croire en le Noir, en "les Noirs, et tous les êtres en majuscule" comme on a pu arrêter de croire au Père Noël.
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Les Êtres en majuscules sont toujours des Etranger·es

« Des notions de race et de sexe, on peut dire qu'elles sont de formations imaginaires, juridiquement entérinées et matériellement efficaces », écrit la sociologue Colette Guillaumin dans son ouvrage L'Idéologie raciste.

Il m'a semblé important de commencer par cette citation qui se trouve vers la fin du livre. Je porte un nom aux consonances dites étrangères et souvent on m'interroge sur mon origine (voilà une chose que je partage avec l'autrice). Comme tout le monde, je suis né par hasard quelque part. En France de parent·es français·es… le fil du temps de cette assise territoriale est bien plus court que celui de Tania de Montaigne… Reste que ma peau est considérée comme blanche, que je ne suis ni noir ni Noir (bien que mes grand-parent-es été considéré·es comme schvartze !). Les fantasmes contre le droit du sol, la négation de l'individu·e au nom d'une incorporation « sanguine » ou « génétique » du passé…

« – Et vous, en tant que Noire, qu'est-ce que vous pensez ? ». Et vous en tant que nommé·e-assigné·e-considéré·e comme… qu'en pensez-vous. Ne suis-je donc pas un·e individu·e (bell hooks : ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme).
« J'essaye de me souvenir du temps où je n'étais pas Noire, mais seulement noire, sans majuscule ». Noir comme adjectif et non comme nom. Et les cheveux, en perruque, défrisés, raides ou non, « personne ne se trouve beau à l'adolescence », noirs pour une Noire « qui n'est pas encore sûre d'en être vraiment une » mais qui est nommée comme une chose. La croyance en la majuscule.

Tania de Montaigne parle, entre autres, de l'« appropriation culturelle », de l'« égalité des droits et à l'accès à une citoyenneté pleine et entière », de cette culture devenue « peu à peu clôture, moyen de délimiter l'espace des uns et des autres », de ce qui est plus que nous et qui colle, de la mécanique de « la Race » et de la simplification « on est ce qu'on naît, seul le sang et l'ADN font loi » dans l'oubli de ce que chaque histoire construit, « Avec la Race, s'invente l'idée que, rien qu'en regardant quelqu'un, on sait d'où il est et qui il est ». Mais aujourd'hui on ne dit plus « Race » mais « origine » et le réel n'a toujours pas sa place, et « puisque je ne suis pas blanche, je suis forcément d'ailleurs ».

Tu viens d'où ? en sous-entendant un ailleurs nécessairement autre, « « Origine » est une façon de faire rentrer chacun dans son Groupe, de lui faire réintégrer sa Race ». A chaque fois, un rappel à l'ordre, une remise à sa place, « Voilà, notre château hanté. Voilà les fantômes qui nous habitent. Ils parlent à travers nous, ventriloques invisibles ». Et le souci, le problème : « « Ton problème c'est les Mexicains », « Ton souci c'est les Noirs », « les Arabes », « les Juifs », « les Roms, « les Rohingyas », « les Yézidis » », une liste à n'en plus finir, une liste à exclure, à déporter, à exterminer, « La Race est la mort de l'autre par essence, elle implique la destruction, l'élimination ».

« Alors, tentons une expérience. Faisons un tour dans notre maison hantée, ouvrons les placards, les tiroirs, les dossiers, et regardons la Race en face. Il se pourrait, alors que nous cessions enfin de croire que les Noirs, les Juifs, les Musulmans, et tous les êtres en majuscules existent ».

Dans le livre, au gré des interpellations, l'autrice donnera et complétera la définition en humour de la « Noire », de la « noiraude » à « La Noire est donc un « meuble » Afro qui court vite, nage mal, mais chante bien et possède un grand sexe ».

Je souligne la plongée dans l'histoire, le temps où certain·es n'étaient que des « meubles », les mémoires de Frédérick Douglass Mémoires d'un esclave américain, le Code noir et l'infâme Jean-Baptiste Colbert, dont tant de lycées portent le nom (Louis Sala-Molins et Louis-Georges Tin : Il faut débaptiser les collèges et les lycées Colbert ! ; Louis Sala-Molins : Colbert, l'esclavage et l'Histoire ; La résistance à l'égalité et à la liberté), l'Essai sur l'inégalité des races humaines d'Arthur de Gobineau, le comique faisant son singe, etc. « Intellectuellement restreints, les Noirs, tout comme les Femmes… ». le lointain est si proche. Hier ce que les Noirs avaient en moins, aujourd'hui ce qu'ils auraient en plus (dans le sport, le sexe, etc.), ce passé qui interdit toute mémoire.
Je n'oublie pas les mortifères ritournelles. Ne pas être considéré·e comme un·e français·e (par exemple) aussi « légitime » (« de souche » disent les ultras) qu'un·e autre, et cette sempiternelle proposition de « retourner chez moi ». le « pur » et la « pureté » de la droite extrême (mais pas que d'elle), l'obsession de l'« ennemi caché », de celles et ceux qui « dissimulent leur vraie Nature », de l'« Eternellement Etrangère », d'« un Avant qui n'a jamais existé ».

Il est de nombreux chemins pour rendre compte des assignations, des racismes, des rapports sociaux de racisation. Celui suivi par Tania de Montaigne est à la fois lucide et ludique. Un beau travail d'écrivaine sur ce qui existe et n'existe pas, une invitation à « cesser de croire que les Noirs, et tous les êtres en majuscules, existent ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Un texte court et bien écrit où Tania de Montaigne témoigne de la considération, souvent inconsciente, que porte la société française sur les noirs. de la couleur de peau, noire, on passe à des préjugés qui enferment les personnes dans une catégorie : les Noirs. L'assignation est là, souvent implicite, mais tellement présente.
Tania de Montaigne détricote chaque préjugé porté sur les Noirs, pour qu'un jour, enfin, notre société puisse évoluer et sortir de ce racisme omniprésent.
En complément de cette lecture, je vous suggère le film "Noir tout simplement" de JP Zadi.
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Moi qui ai passé toute ma vie à avoir des cheveux "drôles": "Oh c'est drôle on dirait de la mousse" disaient souvent des gens -blancs- en plantant leurs doigts dans ma tête sans y avoir été invités.

Je pense à l'une de mes enfants, claire de peau, blonde à en jalouser les blés en juillet. Elle vient de fêter ses dix ans, l'innocence même, la peau lisse, les yeux bleu azur. Ses origines sont ancrées bien au nord de l'équateur... Bien au nord.
La chevelure a bien épaissi avec les années. Elle est belle, longue, si douce au toucher. Tresses, macarons, chignons... Il a beau être lisse, le cheveu se laisse dompter.
Les copines en raffolent. le crâne de ma fille connait un vrai succès. Au matin, à midi, à 16 heures. Avant, après pendant le cours de gym ou celui d'éveil quand on est en groupes et plutôt rapprochées. Toutes les excuses sont bonnes pour planter "sans y être invité" ses doigts dans la toison dorée. Chaque jour, c'est la même rengaine, elle se défend avec force, répète le même couplet: "Laissez mes cheveux tranquilles", je ne suis pas une poupée".
Quand on expérimente la nouveauté, on s'en émerveille... c'est ce que j'aime à penser. Ma fillette est la seule blonde aux yeux azur de sa classe. Nous avons un jour quitté le Nord pour un Sud plus ensoleillé.
Les expériences que décrit Tania de Montaigne, elles peuvent exister également dans l'autre sens. L'inconnu pose question.
Nous vivons en Afrique, c'est un choix fantastique et assumé. Parfois, pourtant, nous vivons nous aussi nos expériences, tout blanc que nous sommes étiquetés de bien nombreux clichés.

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Dans ce remarquable petit ouvrage, Tania de Montaigne montre, avec simplicité, à partir de sa propre expérience comment les discours de l'extrême droite raciste et des anti-racistes essentialistes se rejoignent. Refusant d'être assignée dans un rôle de Noire, avec majuscule, comme si cela la définissait en soi, elle propose une approche universaliste et républicaine, qui fait d'elle une Française noire et pas une Noire de France. Un condensé de bon sens, à mettre entre toutes les mains à l'heure ou la bouillie indigéniste tient lieu de pensée dans beaucoup de milieux.
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Essai passionnant, qui tourne en ridicule les clichés d'hier et d'aujourd'hui.
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Dans son dernier livre, Tania de Montaigne explique qu'aujourd'hui on ne dit plus « Race », on dit « Origine ». Mais le principe est le même. Tania est née à Paris, elle possède une carte d'identité française, tout comme sa mère, ses grands parents, ses arrière grands parents, ses arrière-arrière-grands-parents, et pourtant il ne se passe pas un jour sans qu'on lui demande d'où elle vient.

« Dis-moi, tu es de quelle Origine ? »

Elle sait que cette question n'est liée qu'à sa couleur puisque les gens qui la lui posent le font sans la connaître, en général tout de suite après « bonjour » ou parfois même avant.

Et la conviction qui sous-tend cette entrée en matière, c'est que les Noirs, les Noirs avec une majuscule, existent et font tous partie du même « Groupe humain ».

Dans ce nouveau numéro des Sujets qui fâchent, c'est donc l'universalisme qui est en jeu et le combat contre toutes les formes de racisme et d'assignations.

Un face à face entre Gérard Miller et Tania de Montaigne.
Lien : https://blogentresoi.wordpre..
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Pour les adultes et grand.es élèves de lycée.
Concis et très limpide. Humour aussi par l'absurde. Analyse de l'autrice à partir de son expérience et affirmation sereine de son refus d'être assignée à un groupe
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