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4,05

sur 770 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce fut une lecture de longue haleine. Volumineux d'une part et pas si aisé à déchiffrer par moments. C'est qu'on ne parle plus tout à fait comme il y a 435 ans. Certes, on a adapté l'orthographe et la ponctuation, mais on a scrupuleusement gardé les tournures de phrases, expressions et mots disparus intacts, sous peine de défigurer le texte. Mais on a fait un bon effort pour simplifier le problème en mettant sur la page même les définitions, sens de mots différents d'aujourd'hui et traductions des citations qui émaillent le texte (c'est du moins le cas dans l'édition folio). Il m'a fallu cependant relire certaines phrases plusieurs fois avant d'en saisir le sens ou l'idée. Malgré ces contretemps, l'intérêt est définitivement présent.

D'abord, on découvre la merveilleuse personnalité de ce vénérable bonhomme, raisonné, amoureux de la vérité, sans-façon et qui se moque volontiers de lui-même. Dans ses actions et ses idées, il est le gros bon sens incarné, en quelque sorte.

Ensuite il parle de TOUT. Absolument tout. Si un essai vous lasse quelque peu, vous pouvez être sûr qu'un autre abordera un sujet qui vous intéresse. Vous serez peut-être surpris de voir exprimé en ce langage du XVIe siècle vos propres cogitations, tant la majorité de ces discours et sujets sont intemporels. Ce qui m'amène au point suivant.

Comme tout ces lettrés des siècles passés, Montaigne affectionne la littérature et l'histoire de l'antiquité. Il rapporte une multitude d'anecdotes et de citations de ce passé déjà vieux de mille ans et plus pour lui. Pour quelqu'un comme moi qui ne s'est jamais penché sur cette antiquité, il s'agit d'un merveilleux aperçu et introduction.

Mais il ne se borne pas là, et vous vivrez aussi sa propre époque, de guerres et de découvertes. Vraiment une mine inépuisable d'idées, d'anecdotes et de philosophie. Vous rirez aussi, car il peut se montrer hilarant et mordant.
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j'ai, enfin, trouvé le livre presque parfait qui traduit en français moderne, mais digne de ce nom, Montaigne. C'est triste à dire, même la remarquable collection Folio, dans ses trois volumes, n'y est pas parvenue.

C'est un pur régal, même si la traduction de Guy Pernon, malheureusement et définitivement épuisée apparemment, demeure toujours la plus brillante et qu'il subsiste chez Lanly une part de syntaxe un peu surannée



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En faisant abstraction du contexte historique et de la période littéraire dans laquelle a été écrit les Essais. J'essaierai, à travers ma critique de dégager, seulement et simplement, l'esprit et la philosophie des Essais.

Ils apparaissent comme une constellation de citations consignées à partir de lectures. Ces données servent, en quelque sorte, de points de départ à la réflexion et leur accumulation conduit, bien évidemment, au développement de l'esprit critique.
Aux expériences livresques de Montaigne s'ajoutent ses propres expériences personnelles ; et, c'est cette somme là qui permet de saisir l'homme dans sa totalité, qui amène l'émergence d'un humanisme.
Dans cette perspective écrire, chez Montaigne, c'est circonscrire le domaine à appréhender, c'est fixer dans l'esprit l'objet de la réflexion et l'auteur des Essais se propose de se peindre lui-même.
Le projet qu'il adopte, c'est celui de se connaître et pour se faire l'expérience quotidienne devient le vecteur de cette connaissance.
Il est à l'affût de lui-même : en apprenant à se connaître, il apprend également à connaître les autres. Finalement, ce livre est un discours tenu par l'homme sur l'homme.
Procédant de façon descriptive, les Essais posent tout simplement la question suivante : qu'est-ce que l'homme ? (ou de façon plus générale) L'unité de l'espèce se trouve-t-elle contestée par la diversité des individus ?
Montaigne est persuadé de nos singularités, il tente seulement d'expliquer et de trouver les raisons de nos actes et de nos réactions.
Dans ses Essais, il souligne sa (nos) faiblesse(s) tout en dégageant sa (notre) grandeur ; celle d'un être qui assume sa condition et accepte la vie telle qu'elle est.
Dans ce processus, plus il accumulera de détails sur ce qu'il est, mieux il révèlera l'humaine condition. Une telle approche lui permet de dépouiller tout masque et de saisir l'homme dans un effort d'anthropologie humaniste.

Nous avons là un véritable monument de pensée et de la littérature occidentale.
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"De l'éducation", "Du voyage", "Valeur du dialogue", "Des coches"... du bon sens à la pelle, des idées bien arrêtées, un petit bout passionnant de philosophie.
Certes, c'est sans doute grâce à un super prof de Français de lycée que Les Essais m'ont autant plu, mais chacun devrait lire un ou deux essais sur la problématique qui l'intéresse. Je ne pense pas qu'il faille lire tout le livre d'un coup, juste piocher au gré des titres.
"De l'amitié" reste une des plus belles éloges sur ce thème que j'ai jamais lue, les images sont bien trouvées, comme souvent dans ces Essais.
Je recommande, car si on prend la peine de s'y plonger, on comprend que les idées de Montaigne du 16° sont encore d'actualité dans nombre de sujets...
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« Essais » de Montaigne, un livre historique et connu qui n'a pas besoin d'une quelconque introduction. Je suis heureux que j'ai pu terminer ce premier tome sans problème de compréhension, car la littérature du XVI siècle, c'est généralement « un challenge » pour moi. (Je me souviens encore des textes néerlandais de la même époque qu'on devait lire au lycée ; la plupart étaient vraiment ennuyeux. Franchement, cette lecture était une punition …).

Heureusement, « Essais » est différent. En fait, la traduction en français moderne par Guy de Pernon est agréable et relativement facile à lire. Je n'ai pas lu ce premier tome rapidement, peut-être en deux ou même trois semaines seulement. J'ai dû doser la lecture un peu pour ne pas perdre la concentration.

Le livre comprend presque soixante chapitres dans lesquels l'auteur présente une grande variété de sujets. Il y a des chapitres vraiment intéressants qui semblent presque actuels, par exemple sur l'éducation, mais on trouve aussi des chapitres un peu moins captivants. C'est évident que Montaigne a lu « Lettres à Lucilius » de Séneque, car son livre contient plusieurs citations de cet oeuvre. On trouve aussi beaucoup de références aux autres auteurs de l'Ancienneté.

C'est une livre intéressant grâce à toutes ces pensées et réflexions d'une auteur du XVIe siècle. Les deuxième et troisième tomes m'attendent impatiemment.
Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Montaigne voyait son époque, la Renaissance, comme une époque de dissimulation, de corruption, de violence et d'hypocrisie, et il n'est donc pas surprenant que le point de départ des Essais se situe dans la négativité, la domination des apparences et la perte du lien avec la vérité. d'être. le scepticisme tant discuté de Montaigne résulte de cette négativité initiale, car il remet en question la possibilité de toute connaissance et voit l'être humain comme une créature de faiblesse et d'échec, d'inconstance et d'incertitude, d'incapacité et de fragmentation ou, comme il l'écrit dans le premier de ses essais, comme « une chose merveilleusement vaine, diverse et ondulante ». Son scepticisme se reflète dans le titre français de son ouvrage, Essais, ou « Tentatives », qui n'implique pas une transmission de connaissances éprouvées ou d'opinions confiantes, mais un projet d'essais et d'erreurs, d'exploration provisoire. Ni référence à un genre établi (puisque le livre de Montaigne a inauguré le terme d'essai pour désigner la courte composition en prose qui traite d'un sujet donné de manière très informelle et personnelle) ni indication d'une unité et d'une structure interne nécessaires à l'oeuvre, le titre indique une attitude intellectuelle de questionnement et d'évaluation continue.

Le scepticisme de Montaigne n'exclut cependant pas la croyance en l'existence de la vérité, mais constitue une défense contre le danger de trouver la vérité dans des notions fausses, non examinées et imposées de l'extérieur. Son scepticisme, combiné à son désir de vérité, le conduit à rejeter les idées communément acceptées et à une profonde méfiance à l'égard des généralisations et des abstractions ; il vous montre également le chemin vers une exploration du seul domaine qui promet des certitudes : celui des phénomènes concrets et surtout du phénomène fondamental de votre propre corps et de votre esprit. Ce moi, avec toutes ses imperfections, constitue le seul lieu possible d'où peut commencer la recherche de la vérité, et c'est pourquoi Montaigne, du début à la fin des Essais, ne cesse d'affirmer que « je suis la matière de mon livre. » Il découvre que son identité, sa « forme maîtresse », comme il l'appelle, ne peut être définie en termes simples d'un soi constant et stable, car il s'agit de quelque chose de changeant et fragmenté, et que l'appréciation et l'acceptation de ces caractéristiques sont les seules. garantie d'authenticité et d'intégrité, seule manière de rester fidèle à la vérité de son être et de sa nature et non aux apparences des autres
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Un classique de la littérature française, qui, bien avant l'avènement du siècle des Lumières (XVIIIè), apporta une base de réflexion totalement libre sur l'humanisme, la morale, le développement de l'esprit critique, reflet de ce que les Lumières ont pu apporter à la culture occidentale. Et quand on lit que « les Lumières sont un mouvement littéraire et philosophique européen du XVIIIe siècle fondé sur la raison qui permet, selon les philosophes des Lumières, de sortir des préjugés et de l'intolérance, et de faire progresser les hommes vers le bonheur, la liberté et le savoir » (www.etudes-litteraires.com), on ne peut que confirmer cette impression que les critiques / réflexions / préconisations de vie qu'on trouve dans les Essais sont universellement transposables et encore tellement vraies, près de 5 siècles plus tard.

La force de son oeuvre repose aussi sur le fait que Montaigne, menant une enquête d'abord sur lui-même, pour comprendre ses propres raisonnements, cherche à comprendre le genre humain et par la même nous entraine dans une réflexion plus large sur notre propre mode de pensée. Pour cela il s'inspire beaucoup des grands « penseurs antiques » qui ont fait naitre la philosophie : Socrate, Platon, Aristote, Cicéron ou encore Sénèque et Plutarque se basant ainsi sur des principes et des raisonnements qui inspirent toujours autant depuis déjà quelques siècles…

Plus personnellement j'ai apprécié la modestie et l'honnêteté intellectuelle dont faire preuve Montaigne. Il ne ramène rien à lui et s'appuie sur les raisonnements d'autres, qu'il cite, pour tenter de mieux se comprendre lui-même et pour comprendre le genre humain. Il ne cherche pas à s'enorgueillir dans ses Essais ; ce serait même plutôt l'inverse. Montaigne rejette l'idée qu'il pourrait être un bel « esprit », à tel point qu'il se dénigre à maintes reprises.

A noter : le fait que les Essais soient l'oeuvre d'une vie, dont certaines parties ont été réécrites à plusieurs reprises, complétées, corrigées, ne gène pas du tout la compréhension du raisonnement de Montaigne. On peut même imaginer que Montaigne a pu murir ses raisonnements et les affiner pour nous apporter dans ses Essais la version la plus aboutie ; comme un homme qui aurait, sans en avoir la volonté première, consacré sa vie à construire les bases des sciences humaines, de la morale, de l'introspection…
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Une bien grande oeuvre mais qui mérite qu'on s'y attarde, derrière un exercice d'introspection se cache en réalité des idées avant-gardistes dont certaines ne sont pas encore une réalité aujourd'hui. À lire en dehors de ton domaine scolaire, quitte à naviguer dedans, il n'y a aucune nécessité de commencer à la page 1!
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Oisiveté, inspirations, paresses et stérilité d'âme.

L'auteur est il maître de sa réflexion et son oeuvre ?

Lignes à suivre et interpréter dans leur expérience et leur vocation de savoirs.
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J'ai été agréablement surprise par la lecture des Essais, qui me faisaient un peu peur. Peur de quoi?
Et bien: d'un texte trop philosophique, d'un niveau de langue inaccessible et décourageant,d'une sorte de confession ennuyeuse d'un personnage qui ne parle que de lui... et pour ceux qui auraient les mêmes appréhensions, j'ai trouvé qu'il n'en était rien. D'un autre côté, j'ai choisi la version Pocket qui, malgré la précision sur la couverture "texte intégral" est une sélection d'Essais. Et, je ne suis pas sûre d'avoir eu le courage de m'attaquer à la version intégrale!

Il faut s'habituer, en revanche, aux citations latines (ou, comme moi, finir par faire abstraction sur certaines) , qui sont bien trop nombreuses et qui coupent le discours. [Jean d'Ormesson nous avait portant prévenu!].
Lien : http://mediatexte.blogspot.c..
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