Voici le troisième tome lu de cette série de quatre, et je vais devoir marquer le pas pour commander le dernier, que je n'ai pas.
Nous retrouvons Costals aux prises avec ce dilemme du mariage avec Solange, la seule jeune fille qui lui ait donné envie ne serait-ce que de se poser la question - sans avoir plus envie de franchir le pas. Notre héros désagréable s'est entendu avec la mère de Solange pour mettre cette dernière à l'essai en quelque sorte, avant de se décider. Il la fréquente, oscille sans cesse entre le oui et le non, donne de faux espoirs et se sent coupable. Un jour elle le surprend par son caractère à la fois affirmé et facile (oui, c'est possible), le lendemain il la juge ennuyeuse. Et surtout, elle n'est pas très motivée par leurs relations physiques, qu'elle cherche à éluder parfois.
Costals, rendu fou d'hésitation, se décide sinon à rompre, du moins à fuir, et part s'installer à Gênes, où il mène une vie de patachon qui lui convient nettement mieux. Toutefois, la pitié, ou encore le démon du bien, le reprend, et il invite Solange à le rejoindre pour cohabiter avec lui quinze jours. Il fait connaissance plus avant avec elle, d'autant plus qu'elle se livre davantage et se montre passionnée dans les ébats. Il constate également qu'en plus de sa beauté qui le trouble encore, elle a un côté sauvage, et de même que lui, elle est proche des animaux et des enfants qui la recherchent. Malgré ce nouveau terrain d'entente, Costals ne tardera pas à être repris par un autre démon, celui de son égoïsme, et à tout gâcher encore, du moins du point de vue de la jeune fille.
Les scènes de préparation du mariage sont bien amenées, et
Montherlant s'en sert pour donner une illustration sans complaisance des rapports humains, entre hypocrisie et lâcheté. Comme d'habitude, Costals est un concentré de calcul décomplexé, d'esprit de dérision et de provocation. On jurerait qu'il est gagné par l'ivresse de dévoiler son narcissisme sardonique, de mettre à jour ses vraies motivations, celles qui sont tues habituellement. N'oublions pas qu'il est écrivain, et que peut-être, instaurer du drame dans ce roman plat qu'est le mariage n'est pas pour lui déplaire, en sautant tête la première dans cet arrangement qui pourrait ne jamais avoir lieu. Nous sommes toujours servis par les aphorismes de l'auteur, qui en veut sans doute plus à la société qu'il ne déteste les femmes.
J'ai été un peu plus gênée par l'expression, qui mêle un langage recherché de bon aloi avec des passages d'une plus grande crudité, voire grossièreté, ce qui crée des contrastes dissonants ; ajoutons à cela des réflexions pour le moins douteuses sur l'influence qu'aurait Costals sur les enfants et adolescents. On a su par la suite que
Montherlant s'adonnait au tourisme sexuel avec de très jeunes gens, et franchement on n'est pas loin ici de l'aveu, c'est dérangeant quoique fugace. le tome reste toutefois tout à fait lisible, et la vie italienne et ses chats nous font de l'oeil.