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Les jeunes filles (Montherlant) tome 3 sur 5
EAN : 9782070361939
256 pages
Gallimard (07/09/1972)
3.84/5   101 notes
Résumé :
- L'amour est gâché non seulement par le mariage, mais par la seule possibilité du mariage. Le spectre du mariage, agitant ses chaînes - les chaînes du mariage, il va sans dire !

- empoisonne tout amour avec une jeune fille. A l'instant où je me dis que je pourrais... non, je ne veux même pas prononcer ces mots... mon amour pour vous s'affaiblit, comme sous l'effet maléfique d'un charme. Si je chasse cette idée funeste, aussitôt il se redresse et pèt... >Voir plus
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Poursuite de ma lecture de la série des «Jeunes Filles». Dans «Le démon du bien», Montherlant concentre son récit sur la question du mariage à travers ses personnages Costals et Solange.

Ce 3ème opus est divisé en deux parties.

Dans la première partie, la question du mariage émerge entre nos deux protagonistes. On découvre la volonté pour Solange de se marier, souhait de jeune fille prévisible, mais il faut avouer que sa personnalité jusqu'ici présentée ne rendait pas cette volonté si évidente.
On a en face un Costals plus qu'hésitant ce qui ne surprend pas, ce dernier ayant toujours clamé son horreur pour le mariage. Mais, par affection pour Solange, il se sent prêt à l'envisager, sous certaines conditions... mais quelles conditions ?! S'engagent alors discussions et négociations entre Costals et la mère de Solange sur les termes d'un éventuel mariage.

«Il fallait cette rupture brutale pour me sortir de l'enfer de mes incertitudes et de mes variations quotidiennes.»

Il a fui... Dans la seconde partie du roman, on retrouve Costals, seul, à Gênes en pleine écriture de son oeuvre. Mais la visite de Solange le replonge dans ses indécisions, apportant des instants de tendresse, mais aussi d'autres chargés de cruauté et de rejet...

Dans ce volume, les questions sur le mariage sont clairement exposées. Pourquoi se marier ? le mariage est-il d'ailleurs envisageable pour tous ? Est-ce plus important que l'amour entre les deux personnes ? Qu'est-ce qu'aimer ? Quelles concessions est-on près à accepter dans un mariage ? Peut-on épouser une personne par charité ?...

«Je connaîtrai, à votre choix, si vous aviez seulement du goût pour un état - le mariage - ou si vous aviez de l'amour pour un individu.»

On pourrait penser au premier abord qu'il s'agit d'un roman où l'auteur dénonce le mariage, mais son personnage extrême, qu'est Costals, n'est pas le meilleur ambassadeur pour convaincre le lecteur.
En revanche, je nuancerais en disant qu'ici, c'est plutôt l'imposition de cet état du mariage - présentée comme une évidence, comme la régularisation d'une situation, à priori indispensable afin de gagner en respectabilité, en réputation et en moralité - qui est dénoncée. Ici, Costals doit épouser Solange s'il veut poursuivre sa relation avec elle... Bien agir pour l'autre, en sachant que ce ne sera pas forcément bon pour soi, le dilemme, le démon du bien...

Je ne sais pas si je suis dans le vrai, c'est en tout cas comme cela que j'ai ressenti cette lecture. Reste le dernier volume à lire, «Les lépreuses», un titre qui m'interpelle et m'interroge...
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Voici le troisième tome lu de cette série de quatre, et je vais devoir marquer le pas pour commander le dernier, que je n'ai pas.

Nous retrouvons Costals aux prises avec ce dilemme du mariage avec Solange, la seule jeune fille qui lui ait donné envie ne serait-ce que de se poser la question - sans avoir plus envie de franchir le pas. Notre héros désagréable s'est entendu avec la mère de Solange pour mettre cette dernière à l'essai en quelque sorte, avant de se décider. Il la fréquente, oscille sans cesse entre le oui et le non, donne de faux espoirs et se sent coupable. Un jour elle le surprend par son caractère à la fois affirmé et facile (oui, c'est possible), le lendemain il la juge ennuyeuse. Et surtout, elle n'est pas très motivée par leurs relations physiques, qu'elle cherche à éluder parfois.

Costals, rendu fou d'hésitation, se décide sinon à rompre, du moins à fuir, et part s'installer à Gênes, où il mène une vie de patachon qui lui convient nettement mieux. Toutefois, la pitié, ou encore le démon du bien, le reprend, et il invite Solange à le rejoindre pour cohabiter avec lui quinze jours. Il fait connaissance plus avant avec elle, d'autant plus qu'elle se livre davantage et se montre passionnée dans les ébats. Il constate également qu'en plus de sa beauté qui le trouble encore, elle a un côté sauvage, et de même que lui, elle est proche des animaux et des enfants qui la recherchent. Malgré ce nouveau terrain d'entente, Costals ne tardera pas à être repris par un autre démon, celui de son égoïsme, et à tout gâcher encore, du moins du point de vue de la jeune fille.

Les scènes de préparation du mariage sont bien amenées, et Montherlant s'en sert pour donner une illustration sans complaisance des rapports humains, entre hypocrisie et lâcheté. Comme d'habitude, Costals est un concentré de calcul décomplexé, d'esprit de dérision et de provocation. On jurerait qu'il est gagné par l'ivresse de dévoiler son narcissisme sardonique, de mettre à jour ses vraies motivations, celles qui sont tues habituellement. N'oublions pas qu'il est écrivain, et que peut-être, instaurer du drame dans ce roman plat qu'est le mariage n'est pas pour lui déplaire, en sautant tête la première dans cet arrangement qui pourrait ne jamais avoir lieu. Nous sommes toujours servis par les aphorismes de l'auteur, qui en veut sans doute plus à la société qu'il ne déteste les femmes.

J'ai été un peu plus gênée par l'expression, qui mêle un langage recherché de bon aloi avec des passages d'une plus grande crudité, voire grossièreté, ce qui crée des contrastes dissonants ; ajoutons à cela des réflexions pour le moins douteuses sur l'influence qu'aurait Costals sur les enfants et adolescents. On a su par la suite que Montherlant s'adonnait au tourisme sexuel avec de très jeunes gens, et franchement on n'est pas loin ici de l'aveu, c'est dérangeant quoique fugace. le tome reste toutefois tout à fait lisible, et la vie italienne et ses chats nous font de l'oeil.
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Quelque peu décevant. Notre ancien tueur d'amour hésite. Mariè-je, mariè-je pas ? Certes, les raisons invoquées pour céder au conformisme du mariage sont honorables, mais suffisent-elles à maintenir l'excitation naturelle que nous ressentons face à la pulsion de destruction ? Je n'en suis pas sûre.


- Si je me marie, ma vie sera un tel enfer que je n'aurais plus besoin de faire d'effort pour trouver la matière qui nourrira mes futurs écrits.
- Si je me marie, j'aurais accès à une dimension de l'amour qui a été peu analysée par les petits joueurs, ceux qui s'en tiennent aux préliminaires pré-matrimoniaux.
- Si je me marie, je désillusionnerais définitivement mon épouse. Je n'aurais pas le plaisir d'être heureux, mais j'aurais au moins le plaisir d'avoir rendu quelqu'un malheureux.


Parmi les passages hallucinants de ce livre, celui où Costals nous parle de sa « chattoune » au pur sens zoologique du terme, sans aucune allusion de con. On commence par aimer un chat, on finit par redevenir humain. Ce n'est pas ce à quoi nous avait habitué Henry. On le lit pour sentir le fond des poubelles, on en ressort un bouquet de roses bien-odorant. Dans d'autres circonstances, ça pourrait être agréable mais là, y a arnaque sur le produit.
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"Le démon du bien" est le troisième tome de la série "Les jeunes filles" De Montherlant.

Costals hésite à s'en rendre malade : "épouserai-je ou n'épouserai-je pas ?"

Car pour Costals, écrivain à la mode, on n'épouse pas quelqu'un : on épouse tout court.

Costals fait vivre l'impensable à la jeune fille qu'il aime/qu'il n'aime pas/qu'il aime/qu'il n'aime pas.

Il est prêt à se sacrifier par pitié. Il est tendre par pitié. Il fait l'amour par pitié. Par un mouvement de balancier, quand la pitié vient, il va vers la femme. Quand elle se retire comme se retire la vague, il reflue avec elle et une rage folle l'étreint alors : un monstre prend sa place qui torture sans pitié, qui torture jusqu'au meurtre symbolique.

Costals est un être abject, une "hyène", dit Montherlant. Et son démon est la pitié. Costals est le "Le démon du bien", d'où le tire du roman, car la pitié empoisonne à la fois celui qui la dispense et celui auquel elle est dispensée. Celui qui n'est capable que de pitié et non d'amour est le Malin en personne.

Et l'autre versant du Démon n'est autre que la divinité. Dans un final paraphrasant avec jubilation la Génèse, Montherlant avec dérision (autodérision ?) ajuste l'autre partie du masque de l'écrivain mondain en le dépeignant infatigable en ses oeuvres :

"Et il écrivit ensuite quatre jours, à raison de quatorze heures de travail par jour. Et ensuite il prit du repos : il chassa la femme durant trois jours, et il eut deux aventures.
Et ensuite il écrivit encoure quinze jours, à raison de douze heures de travail par jour. Et ensuite il prit du repos : il chassa durant deux jours, et il n'eut pas d'aventure.
Etc....
..."
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Bien sûr, Montherlant a raison.
Le mariage, cette institution bourgeoise est un tue-l'amour ! C'était vrai au début du XXème siècle (c'était vrai depuis le début d'ailleurs) et c'est évidemment pareil aujourd'hui ! Et les nouvelles moeurs n'y changent rien. En vérité, le mariage n'a plus lieu d'être et il serait temps de trouver de nouveaux arrangements sociétaux pour protéger les enfants, fruits d'unions souvent éphémères, dans la mesure où la plupart du temps, les deux membres d'un couple s'ennuient à mourir l'un auprès de l'autre !
Et bien sûr, Montherlant est un écrivain,
un vrai, qui sait manier le français avec maestria et non seulement la langue, mais aussi les concepts. Rien à voir donc avec un pisseur d'encre, dont les ouvrages envahissent, à vous en coller la nausée, les têtes de gondole des hyper d'aujourd'hui ! Car pour les librairies, il faut les chercher !
Bon, là n'est pas le sujet.
Et, il est vrai que certaines jeunes filles d'aujourd'hui, aussi idiotes que celles de l'époque De Montherlant, en cela bien aidées par les media et la publicité en sont encore à rêver de leur jour de gloire, de leur longue robe blanche froufroutante, du voile qui l'accompagne et de tout ce cérémonial ridicule qui fait le bonheur et l'opulence de toutes les officines dédiées à la réussite d'un beau mariage.
Mais heureusement, la plupart des jeunes filles d'aujourd'hui, ne sont pas que cela !
La grosse différence, c'est que depuis le début du siècle dernier, elles ont, heureusement pour elles, eu, enfin, accès à l'éducation.

Le problème avec Montherlant, c'est qu'il est, avant tout, un répugnant macho, un type immonde pour qui une femme n'est visiblement rien d'autre qu'un vagin.
Lire les jeunes filles et les suites que Montherlant leur a données, c'est se plonger dans l'abjection. Pour Montherlant, un corps de femme c'est quelque chose de sale, plein de sucs juste destinés à empoisonner l'homme.
Pour Montherlant, une femme c'est forcément un esprit faible, un être absolument incapable d'une pensée intelligente ! Toutes les femmes qu'il dépeint ne sont que de pauvres êtres ridicules, toutes férocement caricaturées !

Montherlant, esprit créateur et bien entendu supérieur, ne saurait se compromettre avec ces êtres inférieurs.
Montherlant ne fait rien d'autre, à travers les 4 volumes des Jeunes filles que véhiculer des pensées malsaines, dans un style fleuri qui finit par vous flanquer la nausée !
Je dois être honnête: je me suis arrêtée au troisième des quatre volumes, tellement cette lecture m'est devenue répugnante.
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Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Le troisième être était surtout le lapin en peluche, posé sur l’oreiller contre la tête de Solange ; fort pelé et poussiéreux, […] avec une de ses oreilles lui retombant sur le museau, et un de ses yeux remplacé par un bouton de bottine. Souvent Costals le baisait au lieu de Solange, à moins qu’ils n’unissent leurs trois bouches : Costals, qui connaissait son génie, savait bien pourquoi il l’avait priée de s’adjoindre de ce lapin. (D’autres fois, il lui arrivait de faire porter à ses amis, durant les caresses, des têtes de carnaval représentant des têtes d’animaux. Combien alors il les dépassait ! bondissait hors des limites étroites de ce sexe !) Il le mêla si fort à leurs jeux qu’un moment vint où le lapin envahit complètement son imagination, en chassant Solange. Sa volupté prit alors un caractère religieux […].
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La confiance par l'ignorance, voilà qui est essentiellement féminin. Elles élaguent dans un homme, dans un auteur, tout ce qui leur déplaît, tout ce qui n'est pas conforme à leur "Rêve". L'athée, pour elles, est censé "chercher", le dur est censé être un tendre, l'euphorique est censé être un inquiet, la crapule est censée être un honnête homme. Elles n'aiment pas des êtres réels, mais des fantômes ou des archétypes, et elles le savent. Et on s'étonne qu'elles soient maladroites ! Et elles s'étonnent d'être, à la fin, "déçues" !
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Épouser un individu, passe encore. Mais il faut épouser un troupeau d’inconnus, l’obscène tribu des pères et mères, frères et sœurs, oncles et tantes et cousins, qui ont des droits sur vous eux aussi, ne serait-ce, en mettant les choses au mieux, que celui de vous faire perdre votre temps.
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Je ne vous aime pas. Je veux dire que je ne vous aime pas à fond. Et il y a un abîme entre aimer à fond, et aimer autrement qu’à fond. Aimer autrement qu’à fond, c’est ne pas aimer. Ma vie est ailleurs. Ma vie est là où vous n’êtes pas. Vous avez été un malentendu…
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On prétend que les querelles entre amants ressoudent l’amour. En réalité, elles créent des fêlures que rien ne ressoude. Quand on cherche dans son passé, on trouve que les êtres qu’on a profondément aimés, ce sont ceux avec qui l’on n’a jamais eu un accrochage. Et il y en a : ce miracle existe.
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Vidéo de Henry de Montherlant
Narcisse Slam a répondu au décalé et intimiste Questionnaire de Trousp, autant inspiré par celui de Proust que des questions de Bernard Pivot. Site Internet: https://trousp.ch/
0:00 Introduction 0:17 Que pensez-vous de cette citation? «C'est curieux un écrivain. C'est une contradiction et aussi un non-sens. Écrire c'est aussi ne pas parler. C'est se taire. C'est hurler sans bruit. C'est reposant un écrivain, souvent, ça écoute beaucoup.» Marguerite Duras 1:19 Quel métier n'auriez-vous pas aimé faire? 3:06 Quelle qualité préférez-vous chez l'Homme? 4:22 Quel est pour vous le pire des défauts? 5:38 Avec quel écrivain décédé, ressuscité pour une soirée, aimeriez-vous boire une bière au coin du feu? 8:33 Comment imaginez-vous les années 2050? 11:18 Quel mot vous évoque le plus de douceur? 12:48 Comment commence-t-on un roman? Par exemple L'Épouse? 16:23 Si vous pouviez résoudre un problème dans le monde, lequel choisiriez-vous? 20:18 Que pensez-vous de cette citation? «Les écrivains sont des monstres.» Henry de Montherlant 23:19 Quel livre emporteriez-vous sur une île déserte? 25:09 Si votre maison brûle, qu'aimeriez-vous sauver en premier? 28:36 Comment construit-on un personnage? 32:04 Remerciements
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