« « Je m’en prenais aussi à ma mémoire. J’avais beau fermer les yeux très fort, elle ne reproduisait quasiment rien, rien de cette intimité qui devait pourtant bien avoir existé , me semblait- il , lorsque tu vis en couple marié pendant un an et demi.
Ou pas ? »...
Ce que je fais, c’est me lever et descendre l’escalier, pieds nus, dans le noir. Anatole, le berger croisé, m’entend arriver et sait quelle heure il est. Quand j’entre dans la cuisine et y allume la lumière, l’animal est en train de s’étirer les pattes. J’attrape la farine, les œufs, le batteur électrique, le grand et le petit bol, et commence sans hésiter. Je n’ai jamais besoin de réfléchir à ce que je vais faire. Je le sais, c’est tout. Des petits sablés. Un cake aux pommes. Une quiche lorraine.
Je peux être reconnaissante à mon mari d’avoir à l’époque installé le four à hauteur de visage. De mon visage. Comme il avait aussi, par galanterie, adapté le plan de travail à ma taille et non à la sienne, qui était, comme les circonstances me l’ont appris, d’un mètre quatre-vingt-quatre.