Un titre plus approprié pour cet ouvrage : « L'Empereur aux 5 conquêtes et aux 995 coups de braguette » !
Javier Moro avec une précision et une fluidité remarquable révèle une tranche d'histoire pour ma part totalement inconnue, la création d'une nation, pire d'un empire : le Brésil, ainsi que la vie dissolue de son premier Empereur Pedro 1er.
Son texte, du pain béni pour un metteur en scène, tellement fouillé que s'il trempait sa caméra dans les pages de Javier (c'est mon pote maintenant), avec un poil de talent il en sortirait un film en 3D : Divertissant, Déchirant, Délirant.
Seul petit bémol, la précision est la force de ce roman qui en est aussi sa faiblesse, en effet le bonheur d'apprendre les péripéties des familles de Bragance et d'Habsbourg est légèrement terni par de longs passages politiques sur la constitution et l'indépendance.
Flash-back : Les invasions napoléoniennes font fuir du Portugal le monarque et ses figurines vers d'autres cieux. Joao VI, son épouse espagnole ainsi que leurs enfants dont Pedro ont la joie de vous annoncer l'annexion du Brésil.
Sur fond de trahisons, mensonges, couardises et autres lâchetés, (toujours d'actualité) vous découvrirez dans un décor à couper le souffle (très à la mode « à couper le souffle »), la baie de Rio de Janeiro, l'ascension de notre Pedro qui s'empare du rôle d'autocrate, alors qu'il ne s'intéressait qu'aux femmes, aux chevaux et jamais à ceux qui les montent (lol).
Cet homme est malmené, sa légitimité est contestée, des guerres intestines font rage. Avec les appuis des uns les défections des autres, on s'acheminera, après d'âpres hostilités vers l'indépendance disputée du Brésil. Sans les conquêtes de notre fringant personnage, son épouse Léopoldine (fille de François II rigide Habsbourg) et de sa magnifique maîtresse Domitila (fille de rien), rien n'aurait été possible. Ah, les femmes sont les véritables pilotes de la destinée des nations.
Avide d'aventure et d'aventures, il passera sa vie à chevaucher les plaines brésiliennes et les plantureuses brésiliennes aussi fertiles les unes que les autres, il aura une myriade d'enfants qu'il reconnaitra et aimera tous tendrement. N'est ce pas son sauf-conduit pour son immoralité ?
Dans ce roman, on ressent parfaitement l'ambivalence de cet homme déchiré entre ses frasques et son devoir, entre son éducation et sa soif de pouvoir. Thèmes éternels et internationaux.
La révolte gronde, il ne sera jamais légitime, il est né au Portugal. Il abdique pour laisser la place à son fils qui deviendra Pedro II et quitte le Brésil en 1831.
Il devient, magie de la dynastie… Pedro IV, roi du Portugal.
Il écrira, nostalgique, à son fils : « le Brésil est aussi mon enfant, tu n'es pas le seul ».
Beau livre !