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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans une petite ville tranquille du Kentucky, débarque un jeune vagabond qui a pour nom: Rambo. Il a à peine plus de 20 ans, les cheveux longs, la barbe fournie et trimbale ses quelques possessions roulées dans un sac de couchage qu'il porte à l'épaule.
A son arrivée en ville, le chef de la police, Wilfred Teasle, aperçoit le gamin; et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'aime pas trop ce genre d'individu. Il questionne Rambo, lui fait comprendre qu'il serait bon de ne pas s'éterniser dans les parages et finit par le déposer à la sortie de la ville. le jeune homme n'entend pas être traité de cette manière, non pas encore, et décide de retourner en ville. Après plusieurs avertissements vains, Teasle boucle Rambo et le ramène au poste, bien décidé à mater ce petit insolent. Après un interrogatoire musclé, Rambo n'arrive plus à se contrôler,les choses dégénèrent: il tue un policier et s'évade. S'engage alors une chasse à l'homme mortelle dans les montagnes et les forêts du Kentucky.

Avec une dizaine d'hommes et des chiens, le shérif se lance à la poursuite du gamin. Mais ce qu'il ne sait pas encore, et il va l'apprendre à ses dépens, c'est que Rambo est un ancien Béret vert, rentré du Vietnam depuis six mois et décoré de la médaille d'honneur du Congrès.
C'est devenu malgré lui une véritable "machine à tuer", pouvant survivre dans les milieux les plus hostiles. Pour Teasle, ce qu'il ne pensait être qu'une simple traque, tourne au cauchemar, tous ses hommes y passent et il se retrouve à son tour la proie...
Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas gâcher votre lecture (surtout que le scénario du livre et du film sont très différents, notamment la fin).

David Morrell a su rendre ses deux personnages principaux attachants et sympathiques. Rambo est un jeune homme détruit, la guerre lui a laissé des traces indélébiles. Hanté de cauchemars sur ce qu'il a fait pendant la guerre, aigri par l'indifférence et parfois même l'hostilité de ses concitoyens alors qu'il a sacrifié une partie de sa vie au nom de son pays; Rambo est un personnage complexe. Il en va de même pour Teasle (loin de du gros bouseux sans coeur qu'on voit dans le film), c'est un bon flic, qui fait appliquer la loi. Il vit une période difficile, sa femme l'a quittée, il promet de venger ses hommes morts dans les montagnes et se battra jusqu'au bout pour capturer Rambo. Ces deux hommes, si différents au premier abord, ont quelques points communs, ils sont tous les deux des vétérans de guerre (Teasle est une héros de la guerre de Corée), ils finissent par se comprendre et chacun entre dans la tête de l'autre pour anticiper le moindre mouvement de son adversaire.

Dans ce roman, Morrell met en opposition la guerre du Vietnam (Rambo) et les réactions de l'Amérique (Teasle). La fin du récit est intéressante, l'auteur montre que l'escalade de la violence conduit au désastre mais qu'au final personne ne gagne. Dans les années 1970 et au début des années 1980, ce livre était étudié dans plusieurs lycées et universités du pays. Ne vous laissez pas influencer par le film, le livre est bien meilleur, l'aspect psychologique est fondamental dans l'oeuvre de Morrell.

PS: les éditions Gallmeister ont intégré, à la fin du livre, un texte de David Morrell d'une dizaine de pages, sur la génèse de l'oeuvre et son rapport aux films. Très enrichissant.
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'Souvenir de lecture' loin de la SF aujourd'hui, avec "Premier Sang", le roman à l'origine du film "Rambo" - mais l'on est ici plus dans le psychodrame que dans la survie.
Un livre prenant, vraiment touchant, sur la solitude d'un homme face à l'incompréhension du reste du monde: "L'enfer, c'est les autres", aurait pu dire John Rambo... s'il avait lu Sartre.
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Qui aujourd'hui ne connaît pas John Rambo ? le cinéma en a fait une icône sous les traits de Sylvester Stallone (entre 1982 et 2008, quatre films mettront en scène les aventures de Rambo). Mais qui connaît véritablement Rambo (le prénom n'est jamais mentionné dans le roman), le personnage imaginé par David Morrell ?

Déjà en voyant le film (et d'autres films sur la guerre du Vietnam) j'avais été choqué par l'accueil réservé aux vétérans. Je ne me prononcerai pas sur la justification ou non du conflit à proprement parler, mais ces gars se sont battus au nom de leur pays, ils ont vécu un véritable enfer et bon nombre sont morts là-bas. La moindre des choses serait d'avoir un minimum de respect et de reconnaissance pour ce qu'ils sont : des soldats certes, mais aussi des hommes dont la plupart n'avaient pas idée du merdier dans lequel ils foutaient les pieds.

Dès les premières pages, j'ai été pris du même sentiment d'injustice, du coup mon empathie est allée directement vers le personnage de Rambo. S'il se montre plus vindicatif et impitoyable que dans le film (conformément à son entraînement, il frappe pour tuer), il est aussi (même si cela peut paraître paradoxal) plus humain, se livrant à de longues introspections, parfois sûr d'être dans son bon droit, mais pas forcément d'avoir fait le bon choix et loin d'être indestructible.

Si dans le film Teasle apparaît comme un plouc relativement basique, le roman lui rend davantage justice. En lui donnant voie au chapitre, en alternance avec Rambo, l'auteur permet au lecteur de mieux appréhender le personnage et ses motivations (pendant toute la première partie de la traque, qui verra de nombreux policiers mourir, il ignore à qu'il a à faire à un héros de guerre que l'armée a formé pour survivre et tuer). Non seulement cela pousse le lecteur à comprendre Teasle, mais ça fait surtout barrage à tout manichéisme (ni lui ni Rambo ne sont exempts de torts).

Rapidement la confrontation entre Rambo et le chef Teasle (lui-même vétéran de la guerre de Corée) va prendre une tournure personnelle, un duel à mort va s'engager entre les deux hommes. Deux hommes qui vont finir par se haïr sans toutefois pouvoir s'empêcher d'éprouver un réel respect l'un pour l'autre.

Je craignais que l'écriture ait pris un coup de vieux, mais, et je suppose que la nouvelle traduction y est pour beaucoup, il n'en est rien. le récit vibre d'une rare intensité de la première à la dernière page. Pour un premier roman, on peut dire que l'auteur a placé la barre haut, très haut… du coup ça me donne envie de me pencher sur son travail.

Vous l'aurez compris, je vous encourage vivement à découvrir ce Premier Sang, surtout si vous avez vu le film. N'allez surtout pas croire que c'est juste un récit bourrin où on se flingue à tout va ; c'est violent, c'est noir, mais il y a aussi une réelle dimension humaine tout au long du roman.

Le roman est complété par un article écrit par David Morrell en 2000, Rambo et moi, un court essai dans lequel il nous explique comment est né le projet et quelles furent ses répercussions, non seulement pour lui-même, mais aussi pour tout un pan de la société américaine. Bien entendu il évoque aussi les adaptations cinématographiques autour de son personnage.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Je connaissais le film bien sûr mais pas le roman et en général la lecture qui suit la projection est souvent décevante ce qui n'est pas le cas pour "Premier sang" . On y retrouve bien sûr les grands moments du film mais les personnages sont bien différents et plus complexes .Des personnages avec une histoire , un passé souvent douloureux et surtout des doutes. Un récit très violent bien sûr mais une violence beaucoup plus réaliste que celle présente dans le film.
Un récit beaucoup moins manichéen que le film avec un final bien différent également .
Un excellent moment de lecture .
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« Fais pas chier ou je te ferai une guerre comme t'en as jamais vue ! « : autant vous dire que dans le roman qui a servi de matrice au film et à la carrière de Sylvester Stallone, Rambo, l'ancien béret vert, ne parle pas comme ça…

D'ailleurs, vous saviez que le film était l'adaptation (mauvaise ?) d'un roman publié en 1972 et écrit par David Morrell, écrivain canadien ? Ce roman s'appelait First blood et narre l'histoire de Rambo, ancien béret vert, qui erre sans but dans la petite ville de Madison, comté de Basalt dans le Kentucky. Il ne tarde pas à se mettre à dos le shérif Teasle, qui ne voit pas d'un très bon oeil le passage de vagabonds dans sa juridiction…

Toute ressemblance avec le film s'arrête là. En effet, là où le film sort ses gros sabots et l'artillerie lourde, fait de John Rambo un culturiste et Peau Rouge des temps modernes, le roman déroule son intrigue beaucoup plus subtilement…

Entre combat de coqs…
Rambo et le shérif Tealse, se jaugent dès les premiers chapitres comme deux jeunes coqs sur leurs ergots. Ils affichent pourtant un pedigree commun : avoir combattu l'ennemi du peuple américain (l'un au Vietnam, l'autre en Corée), détenir de jolies médailles militaires (la Distinguished Service Cross pour le shérif et, on l'apprend en fin de roman, la Medal of Honor, plus haute distinction militaire aux États-Unis, pour Rambo), aimer les armes, arborer un caractère de cochon (les deux refusent de se laisser emmerder, l'un par un vagabond crado, l'autre par un représentant de la loi foutrement zélé). On est loin des portraits tout noir tout blanc présentés dans le film.

Mais on ne peut s'empêcher de s'attacher à Rambo, qui parle tout seul et dont les failles psychologiques sont grandes, qui refuse d'être enfermé dans un lieu humide, qui est lardé de douzaines de cicatrices faites au couteau et au fouet et qui pète un câble quand on lui coupe les tifs… Une jolie démonstration de TSPT (trouble de stress post-traumatique) avant l'heure, du moins, avant que ces traumatismes psychologiques liés au combat ne soient pris en compte au sens médical par le Pentagone. [Le trouble de stress post traumatique a été intégré au Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) américain en 1980 seulement (ouvrage controversé, mais qui fait référence pour l'armée américaine), et reconnu comme maladie par l'Organisation mondiale de la santé en mai 1992…].

D'ailleurs, dans le roman, le shérif Tealse ne cessera jamais de parler de Rambo en employant les termes « le gamin ». Rien à voir donc avec la silhouette bodybuldée du film pour Rambo ! Et rien à voir avec le plouc bête et méchant qui incarne le shérif dans le film !



…et duel à mort
Si le roman se fait donc bien plus psychologique et s'attache à démontrer combien Rambo reste traumatisé par ses expériences militaires précédentes, le conflit qui oppose les deux hommes est bien plus pernicieux. C'est un duel à mort qui se joue entre les deux hommes : « Teasle se jura de traquer le gamin sans relâche, de l'étrangler, de le démolir. […] Il voulait tenir le cou du gamin entre ses mains et serrer, serrer, jusqu'à voir ses yeux lui sortir del a tête et sentir sa gorge craquer sous ses doigts. L'ordure. Putain de salopard ! C'est au moment où il réfléchissait à la façon d'atteindre le sommet de cette maudite falaise et au moyen de mettre la main sur le gamin, qu'il comprit son énorme erreur. Ce n'est pas lui qui traquait le gamin, c'était le contraire. Il avait laissé le gamin les attirer dans un piège. »

Assez curieusement d'ailleurs, chaque chapitre commence par le pronom Il et il faut lire quelques lignes pour comprendre qui parle, du shérif Tealse ou de Rambo. Comme si ces deux personnages finissaient par n'en faire plus qu'un. D'ailleurs le mimétisme fonctionne pleinement quand Teasle, pour assurer sa survie, alors qu'il est traqué par Rambo sans relâche et qu'il voit officiers, hélicoptères et même chiens se faire dézinguer sans pitié par le béret vert/hobo, adopte les méthodes de guérilla et s'enfonce dans un buisson de ronces pour échapper à son détraqueur…

Le shérif se met aussi à parler tout seul au chapitre 17, comme Rambo : « Mais alors, où est-ce qu'il est ? Il me guette ? Il a trouvé ma trace ? Il vient ? Il tendit l'oreille – pas un bruit. Il fallait qu'il continue. Il ne fallait pas réduire la distance entre eux. »

Troisième partie, chapitre 2 : débarque enfin l'auguste (clown vert ?) en la personne du colonel Sam Trautman. Il essaye d'arbitrer ce combat de poulets emplumés et de raisonner le shérif Teasle : « Je viens pour mon gars. […] Simplement, c'était l'un des élèves les plus brillants que notre école ait eus, et s'il ne s'était pas battu ainsi, on aurait pu se poser de sérieuses questions sur la formation que nous dispensons. […] Il est beaucoup plus malin, beaucoup plus fort que vous ne pouvez l'imaginer. […] Il aura toujours l'avantage. La guérilla, c'est son métier ».

Voilà qui pique au vif le shérif Teasle, qui ne manque pas de critiquer l'armée (sous la plume de David Morell). Et Sam Trautman de répondre en dénonçant l'accueil réservé par la population américaine à ses vétérans. Dans sa préface (dans l'édition anglaise) / postface « Rambo et moi » (dans l'édition française), David Morell dit avoir voulu évoquer à travers Rambo l'indifférence des civils et parfois même leur hostilité envers le sacrifice fait pour leur pays :
« – Moi je ne tue pas pour vivre.
– Bien sûr, mais vous acceptez un système où les autres le font pour vous. Et quand ils reviennent de la guerre, vous ne supportez pas l'odeur de mort qu'ils trimbalent avec eux ».

Plaidoyer pour les colombes ?
On ne vous dira rien de la fin, seulement qu'elle est beaucoup plus noire et obscure que dans le film. D'ailleurs, tout le roman est un déchaînement de violence et de morts, à l'image de la guerre du Vietnam (et de toutes les guerres) sans aucun doute. Pas de quartier ni pour les hommes, ni pour les animaux qui se dressent sur le chemin des combattants. Chaque chapitre est jonché de cadavres…

Côté bestialité, les deux hommes se partagent la palme. Pas un pour rattraper l'autre ! Rambo n'hésite pas à tuer : « Il n'avait envie de tuer personne, mais il n'avait pas le choix non plus ». Et le shérif ne lui accorde aucune compassion : « Un héros de guerre songeait Tealse. le gamin avait bien dit qu'il avait fait la guerre, mais qui est-ce qui aurait pu le croire ? Pourquoi n'avait-il rien dit de plus ? Qu'est-ce que ça aurait changé ? Tu l'aurais traité autrement si tu avais su ? Non, ce n'est pas possible. »

Le roman est donc bel et bien l'affrontement de deux Amériques, de deux générations, d'un conflit père-fils… au-delà d'un simple discours sur la guerre du Vietnam et ses ravages. Un roman bien plus subtil donc que le film de Ted Kotcheff. Et qui nous rend enclin à penser encore plus qu'il vaut mieux faire l'amour que la guerre.

On vous recommande vivement de déposer ce roman sous le sapin pour rencontrer enfin le « vrai » Rambo !

A noter: deux version existent chez l'éditeur Gallmeister : la première sortie en 2013 qui porte le titre original « Premier sang » et la deuxième sorti en 2018 et qui porte le titre Rambo.


Lien : http://alter1fo.com/2019-des..
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En choisissant de lire "Premier sang", il faut savoir faire abstraction des films "Rambo" du 1er au dernier...

Car il y a autant de différences entre le livre et l'adaptation cinématographique que de différences entre la musique Classique et la musique militaire.

Rambo, dont on ignore le prénom est rentré aux Etats Unis après avoir été démobilisé du Vietnam...

La guerre au Vietnam n'est pas encore finie, mais elle est déjà perdue...

Nous sommes en 1972.

Rambo le ressent dans ce pays où il est né et où il sent être un étranger...

Le shérif de Madison, une tranquille petite ville, est lui un héros de la guerre.
Pas la seconde. Mais celle d'après. La guerre de Corée.

Le shérif Teasle est un homme assez tolérant à la limite, mais il ne veut pas que des vagabonds le fasse chier, excusez-le du terme (c'est un militaire, bordel !) dans sa douce bourgade et que l'on perturbe ses électeurs bien pensants...

Et quand Rambo arrive en ville...Teasle demande gentiment (si si, je vous l'assure ) au routard de bien vouloir monter dans sa voiture pour l'emmener faire un tour..

A force d'insister, Rambo accepte de monter.
Et l'autre l'emmène à la sortie de Madison en lui disant d'aller tout droit vers d'autres cieux...

Mais Rambo, à beau ne pas être un Stallone bodybuldé mais là faut pas le prendre pour un peureux...
Ni pour un con.

Il retourne en ville, de toute façon il avait un petit creux et le petit Dinner sur la route de Madison fera l'affaire...

Le bras de fer entre Teasle et Rambo ne fait que commencer.
Jusqu'au moment où une étincelle mettra le feu et la violence de Rambo éclatera en plein visage des forces de l'ordre...

Deux bêtes de guerre vont s'affrontées.
Deux mondes les séparent et pourtant ils ont servi sous le même drapeau, en dehors de la terre qui les a vu naître, mais et surtout mais dans des temps différents...

" La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas" comme le faisait remarquer Paul Valéry.

Existe t-il des guerres justes ?
Existe t-il des armées justes ?

En lisant "Premier sang" de David Morrell, vous aurez déjà une ébauche de réponse à ces deux questions...

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C'est un époustouflant premier roman de David Morrell que viennent de rééditer les éditions Gallmeister.

Mais d'abord, il faut désapprendre ce que l'on croit connaitre de Rambo via son incarnation au cinéma. Premier sang est l'occasion de redécouvrir sa véritable histoire.

Contrairement à ce que le film de Ted Kotcheff a choisi de nous faire croire, Premier sang n'est pas l'histoire d'un malentendu et simplement un délit de sale gueule. Ici, on est très loin du personnage de shérif plouc incarné par Brian Dennehy au cinéma. Pareil pour Rambo qui dans le livre est surnommé le gamin pour sa jeunesse et qui est bien plus bavard que le gars (un peu) pataud incarnée par Sylvester Stallone dans le film.

Ce qu'il y a de troublant dans le texte de David Morrell est sa manière dont il fait doucement évoluer la polarité des deux personnages. Aussi troublant que cela puisse paraitre, notre opinion sur les deux héros du roman évolue en même temps que l'on prend conscience des changements qui s'opèrent en eux. Parce que oui, dans le roman, le shérif Teasle est un héros à part entière. Avec certainement autant de casseroles accrochées aux pieds que Rambo.

David Morrell a écrit un roman à deux voix, mettant face à face deux animaux blessés, deux visions qui s'opposent qui vont même s'intervertir pour finalement ne plus faire qu'une. On alterne les points de vue entre Rambo et le shérif Teasle avec la régularité d'un métronome pour conclure sur un final stroboscopique.

Ce n'est pas que l'histoire d'un duel opposant deux hommes, ou deux générations. C'est une fable qui évoque la part d'ombre que l'on garde en soit et qui nous dévore. Cette chose qui peut hanter des anciens soldats et qui ne demande parfois qu'à sortir. Maintenant, on parle de trouble de stress post-traumatique, comme l'auteur l'évoque à la fin de cette édition.

En filigrane, David Morrell joue subtilement sur la corde sensible en introduisant avec le personnage de Teasle la figure paternelle. Teasle, enfant adopté par un homme autoritaire, Orval (l'homme aux chiens qui devient un benêt lui aussi dans le film) et qui a contribué à faire de lui l'homme intransigeant qu'il semble devenu. Teasle, encore qui voit peut être en Rambo une part de lui même. Sa part d'ombre ?

Du coup, on se retrouve avec un schéma assez curieux : Orval, éleveur de chiens, père de substitution de Teasle. Teasle qui a des relations conflictuelles avec Orval et qui joue le père fouettard avec Rambo. Teasle qui est à la tête d'un groupe d'adjoints dont il se sent responsable. On sait aussi que sa femme l'a quitté quand il lui a signifié son désir d'avoir un enfant. Et Rambo dont les figures paternelles prennent forme sous les traits de Trautman, un être distant dont il ne connait finalement que la voix et bien plus tard, de Teasle. Au fur et à mesure, on découvre donc trois pères (Orval, Teasle et Trautman) dans le dénis ou le regret.
Et un fils qui fait ce pour quoi il a été éduqué.

Il y a certainement mille choses à développer encore à ce sujet. Je comprends mieux pourquoi le roman de David Morrell est longtemps resté un sujet d'étude pour des étudiants.

Ce troublant Premier Sang est un chef d'oeuvre du genre et hante son lecteur longtemps après la dernière page. Une histoire à redécouvrir d'urgence.
Lien : http://www.4decouv.com/2013/..
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