Je sais qui l'a tué

C’était à l’évidence un mensonge, ça collait avec sa tenue mais pas avec son âge. Le garçon relâcha ses cheveux et ils recouvrirent sa blessure. Groves était sur le point de dire quelque chose – peut-être pour le contredire –, mais le garçon tendit une main tremblante.

Comment cinquante pence pouvaient-il avoir une telle importance ? Ils ne pouvaient pas faire une différence réelle dans la vie du garçon. Et pourtant, il y avait quelque chose dans le désespoir qui se lisait sur son visage. Pour une raison ou une autre, il croyait clairement que cette pièce changerait tout pour lui. Peut-être que c’était ça, ou alors la ressemblance partielle avec Jamie, mais Groves se surprit à fouiller au fond de sa poche.

Certains des sans-abris utilisaient cette technique : ils payaient un billet pour accéder au quai et haranguaient un public captif le plus longtemps possible avant que les agents de sécurité les fassent partir. Mais cet homme était aussi juste à côté de la porte et le train était sur le point de démarrer. Il était parfaitement possible qu’il essaie d’attraper l’iPad à la dernière minute et saute du train pour disparaître dans la foule. Ce que faisaient aussi certains des sans-abris.

Les gens qui disparaissent sans être signalés sont généralement ceux qui sont déjà sortis des radars de la société : les plus bas échelons de l’industrie du sexe, les sans-abris, les sans-papiers. Ce n’était pas une tâche que j’avais hâte d’accomplir.

Trouvons qui était la première victime. Et où la vraie Charlie Matheson a passé tout ce temps.
Plus facile à dire qu’à faire, bien sûr. Quand nous nous sommes retrouvés dans la salle d’opérations à 17 heures, nous étions à peine plus avancés.

Étant donné le niveau d’organisation requis pour mettre en scène un accident de voiture et garder quelqu’un en otage pendant deux ans, ils ne seraient pas du genre à chuter sur la dernière marche. 
Personne n’a rien dit, mais si on partait de ce principe, il avait raison.

Sean le regarda une seconde, peut-être parce qu’il attendait la suite – une explosion – mais c’était tout ce que Groves avait à offrir. Un instant après, Sean sortit les mains de ses poches.
« Je suis navré aussi, madame Morris. » Son ton inflexible surprit Groves. « Mais je vais devoir vous demander de nous suivre. »

Ça fait toujours du mal à quelqu’un. Mais Groves ne dit rien Il se souvenait de ses impressions d’Edward Leland quand ils avaient quitté les ruines de sa piteuse petite maison – que ce n’était pas une vie de boire au point d’oublier qu’on a allumé une cigarette et de s’endormir. Il imaginait maintenant Leland en train de boire pour effacer ses souvenirs et sa honte et peut-être même émousser ses instincts sous l’effet de l’alcool.

Ce n’était que des fous et des lâches : des gens à qui il manquait quelque chose d’important au fond d’eux.

C’était un gros ours sympathique, constamment surpris par la vitesse à laquelle la technologie évoluait. L’impression qu’il donnait souvent était celle d’un homme planté sur place qui regardait autour de lui, incapable de suivre ce qui se passait. Mon patron.