Dans ce nouvel ouvrage,
Quentin Mouron déserte momentanément les sentiers du récit fictionnel pour arpenter les chemins plus escarpés de la poésie en vers libres et en prose.
L'auteur décortique les différentes étapes d'un amour, de ses balbutiements à son extinction. Il brosse des situations où la lutte est au coeur des événements. En amour comme dans le labeur, il décrit un combat de tous les instants qui ne prend fin qu'avec le trépas de l'Homme.
Le présent recueil se décline en quatre parties : Rencontre, Engagement, rupture et vanité.
Des prémices et délices de la Rencontre, de la fusion amoureuse : […] j'avais noté le soir on promet toujours trop promettre c'est l'imprudence lyrique des hommes promettre c'est faire un pari sur les anges c'est décevoir par avance […].
Puis du temps suspendu qui reprend son cours. de celui de l'Engagement, brinquebalé par les évènements du quotidien. de lutte en renoncement, de performance en déconvenue : […] elle s'était élancée sous les injures des clients, les kebabs tièdes, le frites perdues, les burgers écrasés, les remontrances, les mauvaises notes, la désactivation, la désactivation pour les pédaleurs enlisés, pour les êtres tombés à côté du monde, à côté du droit du travail, à côté de la dignité humaine, à côté des conventions collectives […].
Vient le temps de la Rupture, des désillusions : […] il s'endormait quelques minutes dans son costume trop grand, sur le lit de ses rêves déchirés, sur le lit de ses rêves reprisés, sur le lit de ses rêves mités, sur le lit de ses rêves limités, il s'endormait quelques minutes et il se réveillait ivre et triste […].
Enfin le cycle s'achève sur Vanité qui dénonce l'inéluctable victoire de la grande faucheuse sur nos vies :
Nous avions revêtus de vieux souvenirs
Usés
Où ton sourire
Cousu en biais
S'effilait
Comme filait
Le temps
Qui avait blanchi
Les tempes
De nos parents
Qui avait vouté
Le dos
De tes amis
D'enfance
Assis
Sagement
Comme de vieux enfants
- Et ton cercueil
Attendait
Sagement
Sur les dalles
Sans éclat
De l'église
Où tu aimais
Prier
Sous les vitraux sans art
De l'église
Où tu aimais
Chanter
Sous le Christ sans joie
Presque sans amour
De l'église
Que tu avais aimée.
Oscillant entre tradition et modernité, ce recueil de poésie éclectique puise en grande partie son inspiration dans les théories marxistes et hégéliennes.
Amour et travail se rejoignent pour former une entité sans réelle distinction, avec la lutte comme principal fil conducteur de tous les instants.
Même s'il est traversé de multiples clins d'oeil à des poètes communistes du 20ème siècle comme
Louis Aragon et surtout
Nâzim Hikmet, ce recueil reste résolument actuel.
Tout comme dans ses romans, on retrouve la plume singulière et inclassable de l'auteur qui se caractérise par sa fougue, son cynisme, sa sensibilité à fleur de peau, son irrévérencieuse provocation et sa cruelle lucidité.
Une nouvelle facette de l'auteur vaudois à découvrir !
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