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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
La Route One ou Pacific Coast Highway est de celles qui font rêver avant d'époustoufler ceux qui l'empruntent. Elle relie Los Angeles à San Francisco, souvent à flanc de falaise, serpente dans la roche et offre des points de vue sidérants à chaque sortie de virage ou presque. Sans parler des haltes pour admirer les colonies de phoques allongés dans les criques sauvages. J'en garde des images inoubliables. C'est l'histoire de la construction de cette route qui sert de cadre au nouveau roman de Michel Moutot déterminé à nous raconter livre après livre l'épopée des bâtisseurs qui trouvent dans l'immensité des Etats-Unis des défis peu communs.

Nous sommes dans les années 1930, profondément impactées par l'effondrement de 1929 qui a jeté une grande partie de la population dans la misère. Les grands travaux sont alors pourvoyeurs d'emplois souvent difficiles mais vitaux. Dans ce contexte, l'auteur fait se croiser les trajectoires d'individus aux intérêts très divergents et qui illustrent à leur manière les forces en présence. Il y a tout d'abord Wilbur Tremblay, l'ingénieur en charge des travaux dont la vocation de "construire des routes et des ponts" est née à l'âge de huit ans et a pu se réaliser en partie grâce à son adoption par un couple qui l'a sorti de l'orphelinat. Sa première expérience sur le barrage de Boulder près de Las Vegas lui a vite montré l'envers du rêve. Il y a ensuite Hyrum Rock, propriétaire d'un ranch fondé par son grand-père au milieu du 19ème siècle au-dessus de Big Sur, endroit choisi pour son éloignement du monde, parfait pour abriter un mode de vie mormon pas toujours bien vu des autorités fédérales. L'un veut faire avancer la route, l'autre tient à sa tranquillité. Forcément, ça risque de faire des étincelles. Ajoutons l'économie souterraine tenue par les mafieux, la dangerosité des travaux, la fièvre de l'or et le côté wild dont certains peinent à se départir : cette dernière portion entre Monterey et San Luis Obispo sera synonyme de sang et de larmes en plus de sueur.

Tout ceci est très bien documenté, qu'il s'agisse des défis techniques ou des organisations. Par-delà l'admiration pour les prouesses techniques (le Golden Gate bridge est en cours d'édification dans la baie de San Francisco...), cela donne à réfléchir sur les forces de destruction mises en oeuvre par l'homme pour s'approprier des territoires et assurer le développement de son confort et de son économie. Comme à Boulder/Las Vegas. Mon bémol est pour la trame romanesque et la forme. Je n'ai pas retrouvé le souffle de L'America qui m'avait vraiment captivée. J'ai eu l'impression que les personnages étaient beaucoup moins incarnés, leurs caractères peu précisés (surtout les rares figures féminines) ce qui a eu pour effet de me maintenir en surface. le principe de faire des crochets par leurs pensées en direct m'est apparu comme artificiel alors que ça fonctionnait dans son précédent roman ; je pense que c'est directement lié au manque de profondeur des personnages. On ressent l'admiration et la passion de l'auteur pour les performances techniques qui, elles, bénéficient de très longues descriptions, tout comme les paysages exceptionnels. Mais cela se fait au détriment des petites histoires qui permettent en principe de sublimer le tissage de la trame romanesque et de lui donner de l'ampleur. C'est dommage.

Reste le récit d'une aventure technique et humaine exceptionnelle dont j'aurais aimé beaucoup mieux ressentir le volet humain.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Babelio Masse Critique m'a cette fois expédié en Californie pour un récit plaisant sur les traces des bâtisseurs, ou dynamiteurs, c'est selon. Michel Moutot, journaliste, signe là son quatrième roman. Les trois premiers étaient aussi consacrés à l'Amérique. 1935. Un jeune et brillant ingénieur responsable de la construction de la Route One qui doit border toute la côte du Pacifique se heurte à l'hostilité d'un richissime propriétaire terrien, Mormon polygame de surcroît.

L'histoire demeure manichéenne et l'on choisit vite son camp, le riche et le pauvre, l'intolérant (sauf pour lui-même) et le progressiste, le pervers et le romantique. Peu importe la facture très classique de ce roman. L'intérêt en est plutôt d'ordre historique et documentaire. C'est que tracer une route de cette longueur dans un Ouest extrême, sur une étroite bande entre le Pacifique souvent vindicatif et les Rocheuses toutes proches et avec un sous-sol qu'on sait pour le moins pas sans faille, c'est le mot, n'est pas chose facile.

L'auteur revient en arrière au début du livre pour conter la migration des disciples de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et leur influence grandissante, leurs dérives aussi. Puis retour aux années trente, et les passages obligés de tout roman sur l'Amérique des pionniers. Par ordre d'apparition la mafia, la grande crise, celle des Raisins, quelques travailleurs / trafiquants chinois, les taulards de San Quentin embauchés sur les chantiers, les barrages notamment. Cette époque signe la fin du Go West. Bien décrite par Michel Moutot, qui connait son sujet, longtemps correspondant de presse aux U.S.A.

le travail colossal de ces années pré-Roosevelt a souvent été évoqué dans le folk song américain à commencer par les ballades de Woody Guthrie. Ce sont les dernières cartouches de la Conquête de l'Ouest, à coup de dynamite et de pelles mécaniques rugissantes. Il y aura des gagnants et des perdants. Parmi ces derniers... les grizzlys et les lions des montagnes.

Route One est une lecture aisée et dépaysante, bien étayée par les recherches, soignée, que je conseille amicalement. Babelio et le Seuil ont bien fait.

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Une route mythique.
La route One.
Celle qui passe par Big Sur. le paradis d'Henry Miller.

Michel Moutot s'emploie à en dresser un tout autre portrait ! La construction de cette route légendaire aura soulevée bien des tempêtes.
C'est par fragments temporels que l'auteur construit son récit. de l'enfance de l'ingénieur, Wilbur Tremblay, marquée par le krach boursier de 1929, aux sursauts de la nature.
Sans compter que pour construire cette oeuvre monumentale, il va lui falloir traverser les terres bien protégées d'un mormon aux relations douteuses...

Les couleurs sont belles, la Californie s'offre toute entière, entre légendes urbaines et ruée vers l'or. Les couleurs sont belles et la lumière parfois aveugle.

Un roman qui se construit à l'instar du pont. A cheval entre l'histoire et L Histoire.
Remarquablement bien documenté. Remarquablement bien ficelé.

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Mes sincères remerciements aux éditions du Seuil et à Babelio pour ce roman reçu dans le cadre d'une Masse critique.

La construction, dans les années 30, de la mythique Route One qui doit relier Los Angeles à San Francisco sert de trame à l'histoire que nous raconte MIchel Moutot. Propriétaire d'un ranch près de Big Sur, Hyrum Rock est prêt à tout pour que le tracé de la route évite ses terres. Son grand-père, Moses, a créé le ranch au milieu du XIXème siècle et l'a fait prospérer en gardant le secret sur la source de ses revenus. Mormon polygame comme son aïeul, peu sociable, Hyrum impose sa loi despotique sur ses épouses et ses enfants et refuse toute idée de progrès et de modernité. En traversant ses terres, la Route le relierait à tout ce qu'il rejette et, surtout, ouvrirait son domaine au monde extérieur, révélant ainsi les ignobles secrets familiaux et financiers.

Sur le chantier, le jeune ingénieur Wilbur Tremblay doit faire face aux obstacles naturels auxquels s'ajoutent les difficultés causées par les machinations sournoises de Rock. Alors que la Grande Dépression continue de faire des ravages, jetant sur les routes des familles dépouillées, affamées et désespérées, le drame se noue entre Hyrum, incarnation du passé, et Wilbur, image du progrès. L'affrontement de ces deux conceptions du monde est symbolisé par cette Route qui semble refermer la page du Far-West et ouvrir celle du monde moderne.

En écrivant ce résumé, je me dis qu'il y avait là une sacrée matière pour un roman plein de lyrisme et de grandeur... Mais, sauf dans quelques scènes où les ouvriers se confrontent à la roche, utilisent des engins qu'ils ne maîtrisent pas encore complètement, je n'ai pas trouvé que le roman était à la hauteur de son sujet.
Je crois que la faute en est à un choix narratif qui éloigne le lecteur du sujet central : la Route. En effet la narration se scinde en plusieurs récits et plusieurs époques: l'histoire de Moses dans les années 1850, celle de Wilbur de 1915 à 1935, celle d'al Capone, celle d'Hyrum... On comprend que ces jeux temporels sont destinés à montrer l'effondrement d'un monde et la naissance d'un autre et qu'il s'agit, en quelque sorte, de la naissance de l'Amérique moderne. Mais l'intérêt est dilué, le propos me semble affadi par ces histoires connexes qui auraient pu être distillées à l'intérieur du récit principal sans faire l'objet de chapitres dédiés.

Un peu déçue par ce roman dont j'attendais davantage d'ampleur.
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Michel Moutot écrit sur un pan de l'histoire américaine : celle de la construction d'une route en Californie qui suit la côte Pacifique devant rallier San Francisco à Los Angeles. Cette route One nécessite de construire ponts, tunnels et un barrage où les hommes sont nombreux à postuler. le crach boursier de 1929 vient d'avoir lieu. Les gens n'ont plus de travail, c'est la crise. La misère sévit.
Ces chantiers d'envergure génèrent des tensions entre communautés et propriétaires terriens, notamment chez le mormon Hyrum Rock, polygame, détenteur d'un secret, une mine d'or, qui l'oblige, pour se protéger à pactiser avec la mafia chinoise tandis que la mafia italienne tente par tous les moyens de ralentir les chantiers. Ces histoires sous-jacentes de mafia italienne et chinoise viennent alourdir la continuité du chantier mais aussi le récit qui s'éparpille un peu. c'est toute une époque décrite et clairement trop technique à mon goût.
On suit l'histoire à travers deux familles, celle du mormon et celle d'un jeune homme devenu l'ingénieur du projet de la route : Wilbur Tremblay. Orphelin, adopté par les Tremblay, il devient un grand homme bon et travailleur. le destin de ces deux hommes va se croiser à la fin, par le personnage de Amelia, la fille de Hyrum, et une histoire d'amour qui arrive un peu tard.
Des pages d'une histoire américaine qui m'a demandé beaucoup de concentrations, on fait des allers et retours à chaque chapitre dans les dates de 1848 à 1935, je ne me suis pas laissée embarquer dans l'aventure de la Route one même si j'imagine bien que les paysages décrits doivent être incroyables et le chantier, un projet d'une envergure sans pareil pour l'époque. Je passe ma route.
Merci tout de même aux éditions du Seuil et à Babelio pour cette découverte.
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