AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les mouettes (26)

Dis-moi, mon cœur, est-ce cela, l’amour ? … » Question simple. Formulée ainsi par un poète, plus précisément un lord qui écrivait des vers, c’est Ili qui le lui avait dit. Question simple, et on aurait dit que la femme étendue sur ce sofa la posait non sans quelque ironie ; oui, bien que détendue dans l’intimité d’une situation aussi vieille que l’humanité, apaisée et gratifiée elle parlait avec dérision, avec humeur, comme si elle doutait du sens véritable de la situation et de l’expérience. Question diabolique. Il ne la comprend vraiment qu’à présent, des années après que celle qui la posait a cessé d’exister – la chambre est encore là, le divan aussi, la fenêtre, le rebord où elle était assise ainsi que la photographie qu’il a prise de la personne svelte et pensive juchée dessus.
Commenter  J’apprécie          10
… oui, comme les mouettes qui atterrissent ici, guidées par leur instinct qui les emmène du Nord dans cette direction parce que, dans leur lutte pour la vie, elles espèrent y trouver les conditions atmosphériques et la subsistance dont elles ont besoin. Ce n’est pas une expérience banale, ordinaire… Il est vrai que je cherche à comprendre les phénomènes et les signes sur un mode humain. Mais que puis-je faire d’autre ? Je ne suis qu’un homme. Le deuxième exemplaire m’a trouvé, elle a appuyé sur la poignée de la porte et, avec l’assurance des somnambules, elle a pénétré chez moi, l’homme pour lequel ce visage, ce physique, ce regard et ce sourire signifient davantage que pour les autres, le million d’habitants de cette cité. Il ne peut s’agir que d’une provocation démoniaque ; on dirait qu’ils sont habiles ces temps-ci, là en bas, à organiser le quadrille infernal, les grandes valses du mal masqué. Quel instinct a mené cette femme chez moi ?
Commenter  J’apprécie          10
La vie est extraordinaire et une règle extraordinaire de la vie c’est qu’en réalité, dans la pratique, tout est plus simple, y compris la mort et la guerre. J’ai quarante-cinq ans et je pourrais imaginer que, à la dernière minute, la vie satisfait tout le monde : elle m’enlève la mer mais elle me rend la sensation de vivre que me procurait l’amour, elle me rend cette femme, elle me renvoie ce corps, ce sourire, ce regard auxquels mon corps et mon âme répondaient de tout leur élan. Mon cadeau d’adieu… je le verrais ainsi si j’étais mystique. Mais il est probable qu’il ne s’agit que d’un hasard. Un hasard – même si tout cela est vraisemblable, incroyablement, bêtement vraisemblable et d’un romantisme bon marché.
Commenter  J’apprécie          10
Tout un monde va lentement dépenser ses provisions, savon, insuline, semelles de chaussures et café en grains ; c'est normal quand on engloutit également la vie, la vie à foison. La question est de savoir si, à présent que le monde gaspille ainsi sans compter, des deux mains, il reste un contenu moral et sensible dans l'âme des hommes. Désormais, tels des fous, avec rapacité, ils vont commencer à stocker le vieil or et les bas de soie mais aussi les aventures, vite, ils vont essayer, entre deux bombardements, d'engranger cette excitation épileptique qu'ils confondent allègrement avec l'amour et l'expérience.
Commenter  J’apprécie          00
Il se demande parfois lui aussi ce qu’est l’amour et ce que l’on cherche entre les bras de l’autre… et répondre à cette question devient de plus en plus douloureux. ‘Dis-moi, mon cœur, est-ce cela, l’amour ?...’ Question simple. (...) Question simple, et on aurait dit que la femme étendue sur ce sofa la posait non sans quelque ironie ; oui, bien que détendue dans l’intimité d’une situation aussi vieille que l’humanité, apaisée et gratifiée, elle parlait avec dérision, avec humeur, comme si elle doutait du sens véritable de la situation et de l’expérience. Question diabolique. (…) La question, il ne la comprend que maintenant, jusque-là elle n’était qu’un vers, un lieu commun, du badinage. À présent, il pense qu’Ili la posait sérieusement. Car il y avait comme une désillusion dans sa voix : c’était la question d’un être qui, bien qu’apaisé et gratifié, prend brutalement conscience de quelque chose, la question d’une créature qui reprend soudain pied dans le chaos de l’existence humaine, allongée sur un canapé, dans l’appartement d’un homme, et qui adresse, au-delà de cet homme et de la situation, cette question à la fois naïve et narquoise, choquée et dubitative au Créateur.
Commenter  J’apprécie          00
De quelle manière raffinée on peut tuer. On peut tuer quelqu’un sans poison ou sans stylet ou même sans paroles, il suffit simplement d’un certain comportement…, répondit le pharmacien d’un air presque bête et apeuré, comme stupéfait par la signification de sa découverte. Voilà comment un être peut en anéantir un autre : il ne le laisse pas partir mais ne s’abandonne pas lui-même, il se l’attache en le détachant du monde, mais en même temps il ne lui permet pas de s’approcher trop près et surtout il ne noue aucun engagement. La personne que l’on choisit et que l’on isole ainsi du monde succombe. Car elle reste seule sans l’être tout à fait, parce malgré tout elle vit dans une sorte de lien, alors que le maître ne se soucie pas d’elle, l’esclave…
Commenter  J’apprécie          00
Cet homme agissait sur Ili comme une forme de maladie infectieuse. Une maladie qui tue le malade, et pourtant celui-ci ne veut pas s’en débarrasser. Il existe de tels malades et de telles maladies, dit-il avec la satisfaction d’un expert qui connaît son sujet. Dans ce cas, seul un miracle peut les sauver. Je croyais qu’un semblable miracle pourrait se produire, poursuivit-il, contrit. Non, je vous en prie, permettez-moi de tout vous raconter enfin. J’étais au courant de tout, de vous et de cet homme, de tout ce qui s’est passé durant les quatre années où Ili était à l’université, mais ce que je ne pouvais vraiment pas savoir, c’était à quel point cette infection était dangereuse.
Commenter  J’apprécie          00
Ce « beau monde » n’est que l’écume de la civilisation, ces femmes au visage peint comme les momies égyptiennes, ces hommes au regard fixe et méchant qui portent leur costume de bourgeois à la mode merveilleusement taillé tel un uniforme de société secrète. Cette complicité glaçante partout. Partout cette communauté de sang prête à tout, clignant des paupières, échangeant du regard des signes sexuels, commerciaux et idéologiques. Cette saleté humaine lisse et parfumée qui a un corps, un système nerveux et la faculté de la parole mais qui n’a plus d’âme. L’âme, qu’est-ce donc ? Un organe, un organe immatériel qui peut répondre à l’éros, au grand, au véritable éros, et qui transporte le courant entre le monde et l’éros.
Commenter  J’apprécie          00
les mouettes sont visiblement obligées de fournir une énorme énergie pour exister et ne se demandent pas si la vie d’une mouette a un but. Elles sont arrivées en provenance de pays lointains plongés dans la nuit, elles ont survolé l’hiver et la guerre avec une ardeur muette, elles ont cherché dans l’infini des champs d’azur, flairant, tâtonnant, le chemin qui les mènerait vers des températures un peu moins basses et des fleuves charriant des blocs de glace moins compacts. Elles glapissent, de leur voix criarde, éraillée, sans une once de sensiblerie. Mais comme elles sont belles !… C’est la première fois de sa vie qu’il observe le vol des mouettes.
Commenter  J’apprécie          00
Les mouettes aiment bien cet endroit, dit la jeune femme. Je les vois tous les jours, chaque fois que je traverse le pont. Il y a toujours quelqu’un qui s’occupe d’elles. En général, ce sont des hommes, remarque-t-elle.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (101) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3211 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}