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3,5

sur 47 notes
J'ai découvert en préparant, bien en amont, le mois des nouvelles, que l'auteur de romans policiers grec Petros Markaris avait aussi publié des nouvelles. J'ai beaucoup aimé le ton et l'ambiance des quelques romans que j'ai lus, c'est donc parti pour une autre facette de son oeuvre.

Avec « L'assassinat d'un Immortel », on entre immédiatement dans le vif du sujet, avec l'humour habituel aux romans de l'auteur grec, et son personnage de policier fétiche. Il s'agit donc d'une nouvelle policière au sens premier du terme, avec enquête et résolution finale. C'est bien ficelé, et décrit avec malice le monde littéraire grec.
Changement de décor avec « En terrain connu » où nous suivons en Allemagne un policier turc, puis direction Istanbul pour « Trois jours » qui permet d'avoir un aperçu de l'histoire grecque, en particulier de ses relations conflictuelles avec la Turquie, au travers de trois journées de 1955. C'est là que j'ai appris que Petros Markaris était né à Istanbul, au sein d'une importante communauté grecque : il évoque fort bien les habitants de ce quartier et ces journées particulières, c'est la nouvelle la plus longue et ma préférée.
« le cadavre et le puits » est une nouvelle courte et pleine de malice.
« Ulysse vieillit seul » reprend un personnage de Grec né dans la Ville, c'est-à-dire Istanbul, jamais nommée, et qui retourne y finir sa vie.
« L'arc de Pompéi » évoque les immigrés et le père Ioannis qui leur vient en aide.
« Tentative tardive » raconte la journée d'un couple d'Allemands en juillet 1944 et enfin, « Crimes et poèmes » revient à Athènes pour un meurtre dans le monde du cinéma, bouclant le périple commencé dans des décors un peu semblables.
J'ai bien aimé ces huit textes, variés et agréables à lire, toujours avec une connotation policière, et j'imagine qu'ils plairont davantage à celles et ceux qui comme moi, connaissent déjà l'auteur, ou alors à ceux que l'histoire des Grecs d'Istanbul intéresse, puisque c'est un aspect qui revient dans plusieurs nouvelles, et qui est tout à fait passionnant.
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Huit nouvelles dont la plus longue Trois jours, donne son titre au recueil. Des nouvelles couvrant une longue période évoquant à la fois la Grèce actuelle, mais également les Rums, ces grecs d'Istanbul qui ont dû s'exiler de Turquie dans les années cinquante. C'est le sujet de Trois jours, récit dans lequel, Vassilis, tailleur Grec à Istanbul, commerçant sans histoire, apprécié du commissaire Turc du quartier, un bon client qui le prévient d'une tuerie imminente contre les Grecs de la Ville. Mais dans les décombres de sa maison, il trouve un squelette...Trois jours évoque la violence contre la communauté qui conduira à l'exil des Grecs en Grèce, un pays qu'ils ne connaissent pas. L'assassinat d'un Immortel s'attache à cet écrivain, à double visage, charmant avec ses collaborateurs et immonde avec sa famille, une nouvelle où l'on retrouve le commissaire Charitos, qui ignore tout de cet auteur censé devenir académicien. Ulysse vieillit seul une des nouvelles les plus poignantes dans laquelle le vieil homme rentre en Turquie, son pays natal, pour y passer sa fin de vie mais où il trouvera une violence nouvelle entretenue par les loups gris, des nationalistes turcs. Tentative tardive est une nouvelle atypique sur le jour de l'attentat contre Hitler le 20 juillet 1944 qui résonne peut-être avec la dictature militaire en Grèce (une interprétation personnelle).

Des nouvelles qui évoquent les sujets actuels tels que le nationalisme, l'immigration, l'exil, la crise, des sujets que Petros Markaris reprend dans ses enquêtes du commissaire Charitos. Des thématiques qui le touchent et qu'il a vécu personnellement, étant issu d'une famille grecque d'Istanbul qui a dû s'exiler en Grèce.
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Un court recueil de 8 nouvelles dont l'une, "Trois jours", la plus longue (et la plus réussie pour moi), donne son titre au livre. Si l'on devait chercher un thème récurrent (en s'aidant de la postface de Michel Wolvovitch le talentueux et historique traducteur de Markaris), ce serait le thème de l'autre, le réfugié, qui cristallise tant de rejet sinon de haine, hier comme aujourd'hui.
Petros Markaris est né en Turquie, il fait partie des communautés grecque et arménienne qui sont parties tardivement de la Turquie indépendante tout en ayant intégré une partie de la culture turque, ne serait-ce que la langue. Installées en Grèce dans les années 1960, elles ne se sentaient pas forcément acceptées et à l'unisson de la culture des natifs De Grèce.
Cela m'a rappelé la situation des Français d'Algérie, des communautés installées depuis des générations à partir de 1830 sur cette terre d'Afrique et qui quittèrent, pour la plupart dans la douleur, au moment de l'indépendance de l'Algérie. Pour la plupart il gardèrent la nostalgie de la terre natale. Avec la différence cependant que les Grecs vécurent en tant que minorité dominée dans l'Empire ottoman puis dans la Turquie kémaliste et qu'il n'y eut pas de guerre de décolonisation. Pour autant les tensions existaient et culminaient en étant instrumentalisées au gré d'événements géopolitiques comme celui (méconnu de nous) de la prise de pouvoir par des nationalistes grecs à Chypre en 1955.
Le parallèle peut aussi être fait avec les communautés juives séfarades dans les pays musulmans, du Maroc à l'Iran, qui sans être chassées, subirent les tensions liées au conflit entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes.
De tout cela se fait l'écho la nouvelle éponyme, peut-être la plus personnelle de l'auteur, avec la finesse dans la description de la complexité des relations interpersonnelles qui caractérisent les périodes de conflits telles qu'elles sont vécues par les acteurs. Ainsi, l'auteur parle-t-il avec humanité et empathie d'un commissaire turc, d'un Grec atrabilaire, d'un gardien hypocrite et vénal, de turcs agresseurs et agressifs mais honteux de ce qu'ils ont fait le lendemain.
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Pour découvrir cet auteur, j'ai commencé par un recueil de nouvelles.
Bien m'en a pris car la post-face explique à quel point elles sont le reflet de l'univers de cet auteur grec né en Turquie d'une mère grecque et d'un père arménien.
Et c'est bien la complexité de ces origines liée à la géopolitique qui est retranscrite dans les différents récits qui composent ce recueil.
Sous couvert d'enquêtes policières, son genre de prédilection, l'auteur nous emmène au coeur de la vie de ces déracinés et exclus.
Je suis prête à me lancer dans ses romans
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Ça commence comme de tranquilles nouvelles policières, mais rapidement ces intrigues s'avèrent plus profondes que ça.
J'ai été charmée par cet auteur qui donne une impression de facilité, de légèreté même, alors que son propos s'avère bien plus forts qu'il n'y parait.
Mais mon plus grand plaisir a été de découvrir que toutes ces nouvelles ou presque avaient une dimension historique, politique ou sociale marquée. Derrière un meurtre tristement banal, se dessine une Grèce encore hantée par son passé dictatorial ou prise à la gorge par la crise économique.

Avec la nouvelle qui donne son nom au recueil, j'ai découvert l'histoire de la communauté des grecs de Turquie, dont l'auteur fait d'ailleurs partie. « Trois jours » de 1955, pendant lesquels la révolte chypriote a mis en péril les minorités grecque, juive et arménienne vivant à Istanbul. Un déchirement repris dans la nouvelle « Ulysse vieillit seul », probablement la plus émouvante du recueil.
Une lecture qui m'a rappelé que la littérature policière n'est vraiment pas un genre mineur.
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Ca n'engage que moi : Lors d'une interview de Sophia MAVROUDIS, celle-ci faisait part de son enthousiasme à lire Petros MARKARIS.
D'origine turque mais connaissant parfaitement l'histoire de la Grèce (il y vit et y enseigne), et à travers ses nouvelles, Petros MARKARIS dénonce et décrit avec humour, colère, bienveillance, noirceur les relations gréco-turque.
Avec beaucoup d'empathie pour ses personnages, ces huit histoires - policières-historiques-noires- m'ont, une fois de plus, plongée dans un pan historique, méconnu, de la Grèce et de la Turquie, des relations très tendues entre ces deux pays.
Un excellent livre à découvrir.
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A l'heure où s'enveniment les relations diplomatiques entre la Grèce et la Turquie, j'ai pensé que ce recueil de nouvelles m'aiderait à y voir un peu plus clair sur les origines de cette vieille détestation entre les deux peuples.

Au travers d'énigmes policières sans grand intérêt, je n'ai trouvé aucune réponse à mes questions, que ce soit sur le conflit chypriote ou sur la chute de l'empire byzantin.

Les récits sont emplis, jusqu'à saturation, de noms de rues dont on se demande souvent si elles sont situées à Athènes ou à Constantinople, et de noms de personnages très secondaires dans la narration des scénarios.

Et si vous ajoutez à cela une traduction souvent foireuse, l'ensemble donne un résultat pour le moins indigeste, même pour l'expatrié français que je suis, habitant la Grèce depuis 13 ans...
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Ne connaissant ni le livre ni l'auteur, j'a entrepris la lecture de ce recueil de nouvelles par hasard.
Au total 8 nouvelles (dt certaines très courtes : 8 à 10 pages) dont j'ai trouvé l'intérêt inégal.
Globalement elles ont le mérite de me plonger dans un univers qui m'était étrangé : les grecs de Turquie.
Le morceau de choix est la nouvelles éponyme,"Trois jours", que j'ai trouvé vraiment excellente. J'ai aussi apprécié "Ulysse vieillit seul".
Si les autres m'ont moins séduites, celà reste un livre interressant pour découvrir l'univers de cet auteur.
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Gagné en mars via Masse critique, j'ai reçu le recueil de Petros Markaris la semaine dernière et l'ai dévoré. Il faut dire que ces huit nouvelles sont courtes. J'ai d'ailleurs beaucoup d'admiration pour les auteurs qui arrivent à ficeler aussi bien des histoires en si peu de pages.
Dans deux nouvelles, on retrouve le commissaire Charitos, personnage récurrent des romans de l'auteur. Les six autres présentent d'autres enquêteurs en charge d'élucider des meurtres ou morts suspectes. Certaines se déroulent en Grèce, d'autres en Allemagne ou en Turquie et dans divers milieux socio-économiques ou culturels. La première relate la mort d'un écrivain et donne l'occasion à l'auteur d'asséner quelques vérités sur le monde littéraire. C'est assez jubilatoire. le cadre temporel varie également du présent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale et l'on ne sait donc ni où ni à quelle époque la nouvelle suivante nous entrainera
Le recueil doit son titre à la nouvelle éponyme, la plus longue, qui se déroule sur fond de pogrom antichrétien grec en 1955 à Istanbul. On sent une touche autobiographique plus marquée dans celle-ci.
Chaque texte permet à l'auteur d'enfourcher un cheval de bataille : la xénophobie, l'immigration, le milieu littéraire grec, la radicalisation…
Enfin, on retrouve la touche d'humour et le style soigné et mordant de l'auteur. Sa lucidité, ses connaissances pointues sur son pays, sur l'Histoire, sur les relations entre la Grèce, la Turquie et l'Allemagne rendent la lecture intéressante et vivante tout en gardant une intrigue policière soignée.
Si vous ne connaissez pas cet auteur, c'est l'ouvrage idéal pour le découvrir.

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J'aime rattacher ce livre avec le film de Costa-Gavras en novembre 2019 "Adults in the room"
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