Deuxième rencontre avec
John Muir, dont j'ai présenté il y a peu ses
Souvenirs d'enfance et de jeunesse, où pointaient déjà son amour de la nature.Je rappelle que c'est grâce à son action que des parcs nationaux existent, que les séquoias n'ont pas été débités et qu'il a eu raison contre les "spécialistes" quand à l'origine glaciaire de Yosemite.
Âgé d'une trentaine d'années, il est engagé l'été 1869 pour accompagner des moutons en transhumance vers la vallée de Yosemite, dans la région de la Sierra, "cordillère enneigée" qui devrait se nommer plutôt "cordillère lumineuse".
Pour lui, c'est le choc! Jamais il n'oubliera sa première découverte... Avec enthousiasme (et parfois une certaine exaltation) il décrit la nature qui l'entoure. C'est un naturaliste averti, ses présentations des arbres et plantes sont extrêmement détaillées, ses observations géologiques précises, mais que l'on ne craigne rien, son style est si entraînant qu'il nous convainc vite de continuer la route avec lui. Mais quelle énergie chez cet infatigable randonneur. Il es parfois imprudent, d'ailleurs. L'humour n'est pas absent, et il n'a guère de sympathie pour les pauvres moutons, à ses yeux une sorte de tas de laine pas toujours avisé.
Il prend des notes, esquisse des croquis, et j'ai un regret, celui de ne pas trouver dans ce récit des reproductions de ses notes sur le tas (mais peut-être ne sont-elles pas disponibles?) ou à tout le moins des photos des arbres ou sommets décrits au long des pages...
"Le sol est recouvert de cristaux, les cristaux de mousses et de lichens, d'herbes tapissantes et de fleurs, lesquelles sont dépassées par des plantes plus hautes, feuille sur feuille, dans un perpétuel changement de couleurs et de formes; les vastes rameaux des sapins s'étendent sur tout cela, avec au-dessus de leurs cimes le dôme azuré, comme une fleur en forme de cloche, et les étoiles qui montent à l'infini."
"Et maintenant, du pain et du thé, mon lit de sapin, un bonsoir à Carlo [son chien], un regard aux lys du ciel, et le trépas du sommeil, jusqu'à l'aube d'un nouveau lendemain dans la Sierra."
"Jamais de ma vie je n'avais contemplé un paysage aussi magnifique, un trésor aussi illimité des beautés suprêmes de la montagne.A qui n'a point vu de pareils paysages de ses propres yeux, la description la plus extravagante que je pourrais en faire ne saurait même pas donner un aperçu de leur grandeur et de l'éclat spirituel dont ils étaient baignés. J'ai hurlé et gesticulé, dans un brusque débordement d'extase, à la grande stupéfaction
De Carlo, laissant percer dans son regard intelligent une perplexité inquiète des plus comiques qui m'a fait reprendre mes esprits."
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