Il y a des moments de la vie où il n’y a rien d’autre à faire que compter sur les grandes eaux de nos dangers pour amener sur la berge ce qui doit être ramené. Qu’est-ce que la berge, on ne le sait pas vraiment. Peut-être l’endroit où nos vies sont racontables.
C’est un drame typiquement humain que de vouer nos vies à donner ce qui nous manque.
L’humain est un animal de rangement : la mémoire a son espace consacré, elle ne traîne pas dans les rues ; on ne croit pas aux fantômes. Ou peut-être, au contraire, y croit-on suffisamment pour tenir la mémoire prisonnière des archives.
"Un brouillon de mots tangue encore sous mon front. Et bien sur je reconnais ce symptome. Mon corps répond au récit de Ludmila, à son injonction de l'écrire. Et comme avec l'alcool, l'illusion du dernier verre, l'illusion du dernier livre. Raconter cette histoire, ne sachant pas pourtant où elle commence vraiment ni où elle finit, si elle finit un jour ou s'il faut l'écrire pour qu'elle finisse enfin."
Une maman qui disparaît est forcément tenue prisonnière quelque part, comment imaginer autre chose lorsqu'on a 6 ans ?
Disons que je re-bois pour les occasions heureuses et je re-fume pour les occasions malheureuses.