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Critique de brigittelascombe


"C'est à cause d'une femme et d'un hôtel que je ne peux pas retourner à Buenos Aires" confie Marcelo, un "homme d'affaires madrilène" à Claudio.
Ce dernier, universitaire d'origine espagnole mais exerçant en Pennsylvanie, se rend dans cette même capitale argentine pour faire un exposé (lors d'un colloque) sur un poème de Jorge Luis Borges.
Les deux hommes sont de parfaits inconnus. Seuls les relient leur pays natal et le temps à tuer dans l'aéroport de Pittsburgh où les bloque une tempête de neige. Claudio raconte, ici, l'incroyable aventure, passionnée et passionnelle, de son compagnon de transit avec Carlota Fainberg (d'où le titre) femme blonde "à tomber raide" occupant la suite nuptiale d'un hôtel argentin au bord de la ruine alors qu'en 1989, suite à l'hyperinflation, le pays était "foutu" et que Marcelo "cadre international" venait espionner pour le compte de la chaine "Worldwide resorts".
Bien que l'intrigue soit longue à se mettre en place (page 62 sur 182 pages) et que Antonio Munoz ponctue chaque phrase de mots d'anglais professionnels et fatigants (sans doute pour mieux baigner le lecteur dans le monde caricaturé des affaires), ce roman, fort bien écrit, dévoile plusieurs pistes intéressantes:
-L'époque où se déroule l'action et son contexte (marasme) économique (1989 puis 1993).
-La sensualité des Argentines dont le physique est comparé à celui des Espagnoles (courtes sur pattes!!! mais prêtes aussi, dans certaines circonstances...).
-Le caractère machiste des Espagnols: avec donjuanisme, fantasmant sur des femmes fatales mais intimidés et craintifs de ne pas être à la hauteur.
-La peur des hommes en général vis à vis de femmes "trop femmes".
-L'image et le paraître: car Claudio, intellectuel, juge au départ vulgaire cet individu qui étale ses frasques puis s'intéresse à l'homme d'affaires autoritaire qu'il entrevoit entre deux phrases.
-La lâcheté des hommes infidèles en général car l'aventure tourne au vaudeville.
-L'image caricaturale de "conquistador" et de "gallito" (petit coq) de l'Espagnol perçue en Argentine car Claudio, lui aussi va croiser une femme fatale. Son impardonnable faute à citer du Borges, poète argentin alors qu'il n'est pas d'origine latino-américaine.
-Le côté fantastique de ce récit car cette Carlota Fainberg, que rencontrera Claudio dans ce même hôtel, est-elle fantôme, femme ou fantasme? A lire!
A signaler que l'auteur, Antonio Munoz Molina (comparé à Henry James, Thomas Mann ou Juan Carlos Onetti), a publié de nombreux romans primés: Un hiver à Lisbonne (prix de la Critique et prix National de littérature 1987), le Royaume des voix (prix Planeta 1991 et prix national de la littérature 1992), Pleine Lune (prix Fémina étranger 1998).
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