Citations sur Sauveur & fils, tome 1 (161)
- "Comportement inadmissible". Yo, man, t'es un gangster! Tu veux que je t'imite la signature de ton père?
- Tu sais lire? répliqua Lazare en lui reprenant le carnet des mains. Elle demande une rendez-vous. Et t'es pas tellement noir.
- Pas faux, admit Gabin
Sauveur parut plus surpris que fâché à la lecture du mot de la maîtresse.
- Qu'est ce qui t'es arrivé?
- C'est mon premier mot, se défendit Lazare. Paul, il en a eu sept.
- Ce n'est pas ce que je te demande.
- Mais c'est pas ma faute, se défendit encore Lazare. Tu m'as dit de dire quand je n'aimais pas quelqu'un. J'ai dit que j'aimais pas Océane.
Saint-Yves eut quelque difficulté à faire comprendre à son fils qu'il avait mal interprété ses propos. Lazare répétait "c'est pas juste" et finit par accuser Océane de racisme.
Saint-Yves convainquit Madame Courtois de venir le lendemain avec Cyrille à 8h30, puis il raccrocha, soucieux. Il lui semblait que cette jeune fille, qui jusque là avait lutté, était en train de se laisser broyer, et son fils avec elle.
Le pervers narcissique est à la mode, comme l'enfant hyperactif. Ou l'épidémie de dépression nerveuse.
Si elle avait été plus attentive à ce que Paul disait de Lazare, elle aurait remarqué que pas une seule fois il n'avait mentionné la couleur de sa peau. Cette histoire de pigmentation qui semblait passionner les adultes était beaucoup moins intéressante que - par exemple - le fait que Lazare allait acheter un hamster ...
- C'est compliqué.
- La vie ?
- Les gens.
Lazare ne se doutait pas qu'une simple phrase pouvait déclencher une tornade,un séisme,la troisième guerre mondiale.
« Lazare défit sa ceinture de sécurité et se recroquevilla sur son siège, passant les bras autour de ses jambes. C'était la posture qu'il adoptait lorsqu'il écoutait dans le noir par la porte entrebâillée. La voix de son père s'éleva dans l'ombre. - Lazare, je ne sais pas si je dois tout te dire. Est-ce que les secrets qui vous entourent de leurs nuées vous empêchent de vivre, de grandir, d'aimer ? C'était la question qu'il se posait à propos de chacun de ses patients, Ella, Margaux, Blandine, Cyrille, Lucile, Marion, Élodie, Gabin. Ont-ils, avons-nous, besoin de tout savoir ? - Tu peux parler, papa. Il ne va rien t'arriver. »
- Tu es fort, apprécia Lazare, qui était tellement fier de son papa.
- Oui, confirma Saint-Yves en le soulevant de terre pour le planter au-dessus des bagages.
Puis il se dirigea vers la sortie et, tout en contournant la vitre qui le séparait pour quelques secondes encore de Louise, Paul et Alice, il chantonna : "La peau, la peau fwomage, laissez les hommes passer..." Non seulement il savait pourquoi il était revenu, mais il savait pour qui.
- Toi, c'est normal. C'est le cerveau des adolescents. Dans tous les cerveaux, il y a de la mélatonine qui fait dormir, mais le cerveau des adolescents fabrique la mélatonine pas à la même heure que le cerveau des adultes. Alors, le soir, ils n'ont pas envie de dormir, mais le matin, si.
Tout en dissertant, Lazare coupait le pain, faisait chauffer le lait, et Gabin le regardait, ahuri. C'était quoi, ce gnome ?
Lazare poussa la grille du jardin puis la porte de la véranda, qu'aucune clé ne fermait, et Louise se fit la réflexion que cette confiance dans le voisinage était un trait de mœurs antillaises. Était-ce raciste de le penser ? se demanda-t-elle, saisie d'un nouveau scrupule. D'ailleurs, n'est-ce pas la preuve de son racisme de se demander si on est raciste ?