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Critique de candlemas


Contrairement à ce que j'ai lu d'autres critiques, je n'ai pas été déçu par cette lecture, sans doute parce que je savais assez précisément à quoi m'attendre.

Avec ce livre publié en 1836, le romantisme initié en Allemagne et engagé en France par le souffle hugolien prenait un tour morbide. Toute une génération née après le cataclysme de la Révolution se sent alors perdue, et écrit son amertume, son désespoir, son dégoût de tout et sa perte d'idéal.

Roman autobiographique, La Confession d'un Enfant du Siècle -qui porte donc bien son nom- s'inspire de la vie De Musset, "enfant terrible", et de sa passion ayant tourné court avec George Sand, pour conter les amours de cet homme-enfant qui se laisse porter par la passion de l'instant, sans parvenir à se raccrocher ni au passé, ni à l'avenir.

Voilà pour le thème du livre. Maintenant, qu'est ce que j'ai trouvé dans ce livre de si conforme à mes attentes ?

D'abord, on ne peut pas reprocher à Musset de ne pas être sincère lorsqu'il met en scène dans son -seul- roman les affres de l'amour et de la passion, qu'il a réellement vécues avec George Sand. Il décrit avec lucidité les débordements issus de l'ascenseur émotionnel généré par le sentiment amoureux. La femme y tient certes le mauvais rôle, et son épanchement par le "Je" nous fait parfois prendre en pitié cet perpétuel insatisfait qui sombre successivement dans la débauche et la jalousie, là où la vie , et surtout la mort, de l'auteur, s'avère bien moins romantique.

Ensuite, avec quel art de la langue Musset réalise-t-il sa confession ! Proche du Lys dans la Vallée de Balzac ou des Confessions de Rousseau, son roman prend parfois des allures de poème en prose. Aussi, si je peux comprendre qu'on ne puisse s'identifier à ce personnage de tout jeune homme, agaçant par son auto-persécution, son caractère morbide menant l'histoire au mélodrame, je ne me suis pour ma part pas ennuyé, considérant le lyrisme franc, à la fois pathétique et enflammé, de son épanchement. S'il faut le lui reprocher, pour moi alors il faut y intégrer Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Et, sinon, si l'on accepte de se laisser porter par l'émotion au delà des petitesses du réel le temps de poème, pourquoi ne pas le faire à la lecture de 300 pages de roman ?

Enfin, et je rejoins là la plupart des commentaires, l'un des aspects les plus originaux du roman est sans doute ce dédoublement de personnalité de l'auteur qui nous fait percevoir le caractère désabusé des intellectuels et artistes de ce début de XIXème siècle. Sans doute, historiquement, ne trouve t-on un tel dégoût de la vie et des hommes dans la littérature française que dans l'entre-deux-guerres. Il me semble que ce qui fait d'Alfred le dandy aux prostituées le digne représentant de cette "génération sacrifié" -ou qui se pense telle- est cette double voix qu'il emploie : il est à la fois ce jeune homme névrosé, instable, égocentré, et à la fois un vieillard, rongé par une vie brûlée prématurément, qui s'observe lui-même avec une douloureuse lucidité... Musset aura pratiquement tout écrit son oeuvre avant Les Confessions de 1836, et sombrera, durant ses 20 dernières années, dans l'alcool et la dépression...

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