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Jocelyne Hubert (Éditeur scientifique)
EAN : 9782210754430
230 pages
Magnard (30/08/2002)
3.4/5   10 notes
Résumé :
"Histoire de brigands" ou "conte de fées" ? A mi-chemin de ses Confessions, Verlaine hésite ironiquement à qualifier une vie pleine de bruit et de fureur, pleine aussi de musique et de délicatesse. Portrait d'un poète, tableau d'une époque, genèse d'un art poétique révolutionnaire, les ultimes "notes autobiographiques" de fauteur bousculent bien des clichés et constituent un adieu bouleversant à "cette tant aimée coquine de littérature". Si personne ne doute plus au... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Chose curieuse, nous dit Léon-Paul Fargue dans la préface de cette vieille édition du "Bateau Ivre", ces confessions de Verlaine ne parurent pas chez Vanier mais d'abord à la librairie du Fin de Siècle en 1895, puis à la Bibliothèque Artistique et Littéraire en 1897.
La préface de l'édition qui nous occupe est peut-être d'ailleurs la partie saillante de ce petit opuscule d'un peu plus de deux-cent pages.
Elle est écrite de manière raffinée, quelque peu ampoulée, presque de façon maniérée.
Léon-Paul Farge y magnifie le poète enfermé dans sa défroque d'ivrogne.
Il y convoque Jules Renard et Anatole France comme pour les tancer de ne pas avoir vu que Verlaine était le plus grand.
En quelques pages splendides, comme semblant les excuser, il introduit ces confessions mornes et brouillonnes, ces quelques deux-cent pages commandées au pauvre Lélian.
Deux-cent pages !
C'est trop ou pas assez !
Confessions ou notes biographiques ?
Ce pauvre Lélian, tout le monde ou presque aura parlé de lui.
C'est à qui l'aura aperçu au Procope, au Buffet Alsacien, au Rocher ou à la Source !
Lui aura écrit, entre 1885 et 1893 dans "les hommes d'aujourd'hui", un peu moins d'une trentaine de notices biographiques dont la sienne et celle, non publiée, de son ami fidèle Frédéric-Auguste Cazals.
Et si l'on parle ici de Frédéric-Auguste Cazals, c'est qu'il manque à cette édition du "Bateau Ivre" les superbes illustrations que ce dernier avait réalisé pour l'édition de 1897 dans la Bibliothèque artistique et littéraire.
C'est grand dommage !
Car décidément, que ce soit avec sa plume ou son crayon, que ce soit seul ou avec Gustave Lerouge, Frédéric-Auguste Cazals n'avait pas son pareil pour croquer sur le vif, pour composer le portrait du grand poète.
Et c'est certainement dans "Les derniers jours de Paul Verlaine", achevé d'imprimer en juin 1911, que le Rouge et Cazals parviendront à cerner le mieux toute l'étendue du talent et du malheur de Verlaine.
"Verlaine, héros vaincu d'avance" nous dit Léon-Paul Fargue.
Ces confessions, en tout cas, écrites comme à la hâte, vite lues, n'apporteront rien à la légende sinon que de la relier à la plus triste et morne des vies.
Peut-être d'ailleurs réside-t-elle là la malédiction du poète, être le trait d'union entre le sublime et le sordide ...
Peut-être ...
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Je n'apprécie guère les autobiographies... Celle-ci a en plus un titre intimidant pour moi, puisque c'est une référence à la fois à Saint-Augustin et à Rousseau - "je forme une entreprise qui n'eut jamais n'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur", le prologue du texte étudié pour le bac et qui ne m'avait pas laissé un bon souvenir...
Sauf que Verlaine sous-titre l'ouvrage "Notes sur ma vie". Dans le tout premier paragraphe, il explique que le terme de Confessions est trop prétentieux pour lui, que celui de "notes" est "trop modeste". Nous voilà donc, lecteurs, prévenus, ce n'est pas une autobiographie classique que nous allons lire, elle sera pleine d'humour, elliptique aussi - d'ailleurs, elle ne semble pas finie, s'arrêtant justement à ce qui pourrait intéresser le plus aujourd'hui, c'est-à-dire la période de la vie de Verlaine avec Rimbaud, son séjour en prison... Est-ce parce que Verlaine a déjà en partie traité de ce sujet dans certains recueils poétiques ? Est-ce aussi parce-que ce texte est une oeuvre de commande, à un moment où Verlaine accepte de nombreux travaux littéraires pour gagner de l'argent ?
Ce n'est donc pas une autobiographie classique, tant mieux pour moi. Ce sont des souvenirs épars, des brèves de vie, quelques scènes, portraits, dialogues, vers inédits. On y lit donc le portrait d'un homme avec ses défauts, alcoolique, jouisseur, plutôt lâche - dans son récit sur la période de la Commune, Verlaine se présente comme un planqué qui reste dans ses bureaux administratifs. C'est un mauvais fiancé qui ne pense qu'à la future nuit de noce en courtisant sa promise, un mauvais mari qui se querelle bien vite avec sa femme et la bat. Verlaine dresse donc un portrait plutôt négatif de lui-même, avec un certain humour, mais sans rien exclure.
Cependant, c'est aussi le portrait d'un futur écrivain qui se dessine peu à peu, en creux. Si la poésie et la littérature ne correspondent pas à une vocation initiale - ou innée ?, elles le deviennent grâce aux premières lectures, aux premiers émois devant la lecture des grandes oeuvres passées et contemporaines comme Baudelaire. La chaste fiancée inspire le premier recueil - avec des vers plus licencieux qui ne sont pas publiés. Et la rencontre avec Rimbaud est présentée comme déterminante, même si, je le répète, le texte s'arrête là.
Il me faudra lire d'autres textes en prose de Verlaine pour avoir la suite de son regard rétrospectif sur sa vie, même si c'est dans ses poèmes qu'il s'exprime le mieux.
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Paul Verlaine parle de lui, de son enfance à son mariage (raté). Dans une écriture un peu embrouillée (les notes de cette édition scolaire sont assez souvent les bienvenues) mais dans une langue savoureuse de trouvailles, le poète montre sa sensibilité aux décors, assume ses ivresses et ses nuits folles comme sa naïveté et son ambiguïté de bourgeois conventionnel, trace une époque politique qui cherche sa voie (restauration monarchique, république, second empire...) et parsème ses propos de poèmes inédits et de commentaires littéraires.
Un livre pour qui souhaite connaitre le poète au-delà de ses rimes.
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L'éclairage authentique porté sur l'homme Verlaine, au-delà de sa simple poésie : c'est un récit enrichissant aux accents douloureux et vrais. Verlaine n'hésite pas à évoquer son goût prononcé pour l'absinthe « -La manie, la fureur de boire, - là ! » (p.105), ou encore ses relations orageuses et violentes avec Mathilde. Il parle directement à l'âme et au coeur du lecteur.



« Et l'amour, voyez-vous, croyez-m'en plutôt que de m'en blâmer d'avance, c'est sinon le tout, ah ! du moins le presque tout, le mobile quasiment unique de toutes les actions dignes de ce nom, et ne me parlez pas d'autre chose, ambition, lucre, gloire ! tout au plus peut-être de l'Art. Et encore, et encore, l'Art, tout seul ?... » (p.177)



- Nous assistons à l'éclosion du poète à travers l'évocation de ses lectures et de ses premiers émois littéraires : Baudelaire, Banville, Cabaner… Verlaine nous confie ici ses premiers balbutiements poétiques avec une candeur touchante. Sous nos yeux, un poème jaillit du quotidien.


Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Vous connaissez tout cela, tout cela
Et que je suis plus pauvre que personne
Vous connaissez tout cela, tout cela,
Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne ...
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[à l'âge de "discrétion", le poète découvre Paris]
Les voitures, si nombreuses, sans grand bruit là, les passants, les trois quarts du temps bien mis et volontiers de bonne humeur, flânant, fumant, causant tout haut, - la plupart des gens, en province, se parlent comme à l'oreille, - les boutiques : ô ce duel de grenouilles empaillées chez un "naturaliste" de Bonne-Nouvelle ! les enseignes : ô ce quatrain d'un perruquier de la porte Saint-Martin, en face de l'emplacement où quarante ans après devait s'élever le théâtre de la Renaissance :
Passants, contemplez la douleur
D'Absalon pendu par la nuque
Il eût évité ce malheur
S'il eût porté perruque ?
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Je le répète en toute vergogne, j'aurai plus tard bien d'autres et de bien autres absurdités (et pis) dues à cet abus de cette horrible chose, la boisson et dans la boisson, cet abus lui-même, source de folie et de crime, d'idiotie et de honte, que les gouvernements devraient sinon supprimer (et au fond pourquoi pas ?) du moins terriblement taxer et imposer : L'absinthe !
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Et tout alla cahin-caha dans ce ménage… jusqu’à l’arrivée à Paris, vers octobre 1871, d’Arthur Rimbaud, pour qui ma femme conçut tout de suite une jalousie absolument injuste, alors ! dans le sens vilainement désobligeant qu’elle l’entendait… Il ne s’agissait en principe, non pas même d’une affection, d’une sympathie quelconque entre deux natures si différentes que celle du poète des Assis et la mienne, mais bien d’une admiration, d’un étonnement extrêmes en face de ce gamin de seize ans qui avait dès alors écrit des choses, a dit cet excellemment Fénéon, « peut-être au-dessus de la littérature »…

Ici finissent, pour un temps peut-être, mes « Confessions ». L’ensemble de mon œuvre en prose et en vers témoigne assez, d’aucuns disent ou trouvent que c’est trop, de beaucoup de défauts, de vices même, et d’encore plus de malchance, plus ou moins dignement supportée.
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Car de vocation pour la poésie, je ne crois pas que j'en eusse la moindre à ce moment. J'étais le plus pratiques des êtres de ma taille, gourmand pas trop, paresseux juste au point, assez joueur, et qui dormait bien quand il n'avait pas trop gambadé ni bavardé dans la journée. Je n'ai jamais été mélancolique de ma vie. Ce n'était pas pour être taciturne d'habitude non plus que coutumièrement expansif in illo tempore. Bref un parfait petit bourgeois, un "équilibré" s'il en fut. On change !
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