Je suis trop faible, mes jambes cèdent sous mon poids. Le sol se rapproche, mais deux bras m’empêchent de tomber. Mes poignets sont rattachés aux barreaux de mon lit. On me pique le bras, je m'assoupis. Je me mets à divaguer. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Je n'avais plus qu'elle ! Elle n'était pas parfaite mais elle m'aimait à sa manière. Moi aussi j'ai le droit au bonheur, le droit d'être aimée et on me l'a enlevé.
Le dessin m'avait permis d'évacuer mon stress, mes peurs, mes angoisses et il ne m'avait plus quittée. A Paris, je me réfugiais au jardin des Tuileries pour dessiner. C'est là que j'avais rencontré Ivy. Elle adorait mes dessins et venait souvent me regarder griffonner. Elle m'avait demandé de faire son portrait. De-là, était née notre amitié et on ne s'était plus quitté.
Je n'aime pas qu'on me dévisage. Je n'aime pas qu'on entre dans mon espace vital. Je n'aime pas son regard sombre. J'effleure sa main, ferme les yeux et tente de me calmer. Des hommes comme lui, sûrs d'eux, arrogants, dominants, j'en ai vu pendant sept ans. Je peux les reconnaître entre mille, ma mère savait les attirer et moi les éviter. Jusqu'à Colin !
Je souffre, j'ai mal au cœur, je suis tétanisée. Je n'ai plus que toi, je ne sais pas quoi faire ! Je suis bloquée ici et je me sens perdue, ne m'abandonne pas toi aussi.
On ne sait jamais ce que l'avenir nous réserve. Quand le destin croise notre route tout peut chavirer...