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EAN : 9782849532775
220 pages
La Boîte à Bulles (15/03/2017)
3.52/5   21 notes
Résumé :
Chronique de l’Espagne contemporaine en trois chapitres, "Le Monde à tes pieds" se penche sur le malaise de trois existences. Celle de Carlos — ingénieur surdiplômé contraint d’émigrer en Estonie au détriment de son couple — de David — chômeur depuis 4 ans et dont la seule opportunité financière devient une femme mûre en mal d’amour — et de Sara — promise à un brillant avenir mais finalement devenue une démarcheuse téléphonique aux ressources insuffisantes...
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les auteurs espagnols sont manifestement assez marqués par la crise qui a touché violemment l'Espagne durant la décennie 2007-2017. Sur le même sujet, un auteur comme Miguelanxo Prado avec ses « Proies faciles » ne m'avait guère convaincu.

J'ai découvert Nadar en 2015 avec l'excellent Papier froissé. Je viens d'enchaîner sur cette oeuvre que je qualifie d'excellente à tous les points de vue. Il a fait coup double. C'est un autre auteur espagnol plus jeune et très prometteur. Bref, au lieu de se pencher sur les vieux de la vieille qui nous ont laissé ce monde pourri, on ferait mieux de découvrir de jeunes porteurs d'espoir. Cela ne vaut pas que pour la bd.

Il faut dire que j'adhère totalement à ce discours de l'auteur. Par ailleurs, il développe une thématique qui m'est très cher pour l'avoir également connu à savoir le déclassement professionnel. Vous êtes hyper diplômés de type Bac+5 major de promotion en droit et vous vous retrouvez à servir du café pour des ignares, faute d'avoir de bonnes relations surtout lorsque vous venez d'un milieu défavorisé. C'est le lot de milliers de jeunes en Espagne mais je dirai également en France. L'avenir se situe dans le fait d'accepter des boulots à l'étranger et pourquoi pas à Tallin en Estonie où il fait -4 degrés.

D'ailleurs, cette oeuvre se sépare en trois récits et trois jeunes ayant un parcours différents pour faire face à cette crise. le premier Carlos doit partir en Estonie et émigrer dans un pays dont il ne parle même pas la langue en sacrifiant la personne qu'il aime et qui partageait sa vie. le second à savoir David n'a pas d'autres choix que de se prostituer pour satisfaire des vieilles bourgeoises en manque de sexe tout en cachant cette lucrative activité à sa pauvre maman qui a placé beaucoup d'espoir en lui. La dernière à savoir Sarah, diplômée en histoire, s'apitoie sur son sort de vendeuse par téléphone sur des plateformes dédiées à l'assurance-vie.

C'est difficile d'entrer sur le monde du travail dans une société en crise et d'essayer de construire un couple et pourquoi pas une famille. J'ai bien aimé la façon dont Sarah remet à leur place ses parents qui font la morale dans une scène que je qualifierai d'anthologie. La génération Y est très souvent décriée. Cependant, c'est la génération précédente qui a eu droit à la retraite à 60 ans en bénéficiant des 30 Glorieuses et qui nous laisse à gérer les conséquences de leurs actes. La nouvelle génération a du mal à avoir le même niveau de vie que les parents et c'est quand même un problème.

L'auteur a su gérer tout cela à merveille en évitant le pathos. Il a su trouver l'équilibre exact dans sa réflexion sur l'Espagne contemporaine. Par ailleurs, il apporte des réponses ou des pistes. C'est clair que cela passera par des efforts et le sens du sacrifice.
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Très très joli album que celui-ci. J'avais flashé dessus depuis un petit moment et la lecture fut particulièrement savoureuse. Je n'ai encore lu aucun récit de Nadar, mais je sens ici une touche plus personnelle qui n'est pas pour me déplaire.

J'ai bien sur entendu parler de la crise économique espagnol, qui fit tant de ravages dans le pays. le chômage des jeunes a explosé littéralement, donnant des scènes de milliers de jeunes dans les rues, désoeuvrés et attendant de trouver un travail s'il en reste. C'est une vision assez dure dont je garde des souvenirs.
Ici, la BD se concentre sur trois personnages différents qui vivent cette crise de l'intérieur. Ou plutôt qui subissent un changement de société qui s'amorce en Espagne. Une façon de comprendre que désormais, il est possible que nos études deviennent inutiles, qu'on fasse des boulots alimentaires à la chaine sans passion, que l'on déménage du jour au lendemain pour correspondre au offres du marché, que l'on doive se couper de ses liens familiaux, amicaux, tout ça pour suivre l'emploi, le saint emploi.

Évidemment, vu mes convictions politiques, cette BD est dans l'axe que je connais déjà. Mais elle sait se faire intéressante en présentant trois façons différentes d'aborder ces soucis, mais aussi en nous représentant les diverses façons d'être coincé : question de couples, de reprises d'études, de personne à charge, de parents inquiets pour l'avenir de leurs enfants ... Tant de choses que je peux comprendre pour en avoir fait (ah, le management des centres d'appels ... horrible souvenirs) mais aussi que j'ai vu autour de moi. Les sur-diplômés qui vendent des sandwichs ou se retrouvent à marteler des chiffres sur un clavier jusqu'à l'abrutissement, j'en ai vu. Et je comprends tout les points soulevés par la BD : "je mérite mieux, enfin, je crois. Après tout, c'est pire ailleurs. Et qui me dit que demain ça sera pas encore pire ? J'ai déjà ça, c'est bien." Cette situation provoque des colères, des envies envers ceux qui ont plus, du ressenti envers soi-même. Mais rien n'est question de mérite ou de travail, surtout de chance, comme le dit si bien la fin de la BD. Une stupide chance que certains ont et d'autre non, tout simplement.

Je n'en ai pas tant parlé, mais les histoires sont très sympathique. Des tranches de vie mais qui sont toutes avec une fin, ce que j'apprécie, et une sorte d'optimisme final qui prédomine. C'est aussi très lisible au niveau du dessin, qui exploite peu le format à l'italienne mais qui utilise surtout des très grandes cases assez aérés, une façon de faire que je n'avais pas vu depuis très longtemps.
C'est le genre de BD qui n'intéressera que des gens déjà intéressés par le roman graphique de base, mais reste dans les bons crus du genre. Lisible, clair, au propos très sympathique, assez bavard aussi, mais avec de la tendresse. C'est un bon aperçu de ce que peut être la vie de jeunes gens d'aujourd'hui, une vie ni ratée ni réussie, une vie ordinaire. J'ai beaucoup aimé !
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Cela fait des années que Carlos a son diplôme d'ingénieur en poche. Mais le secteur est bouché. Il ne parvient pas à décrocher un poste en Espagne malgré les multiples candidatures qu'il dépose. Alors, le jour où il reçoit l'appel d'un employeur qui l'informe qu'il est retenu, et même si c'est pour travailler dans sa filiale estonienne basée à Tallin, Carlos n'hésite pas l'ombre d'un instant et accepte. Voilà enfin l'opportunité tant attendue ! Il a une semaine pour préparer son départ. Et si la nouvelle ravit la plupart de ses amis, elle blesse profondément Diego avec qui il partage sa vie depuis quatre ans. Un choix difficile à assumer pour ce jeune trentenaire.
David est chômeur depuis quatre ans. de fait, il vit toujours chez sa mère et passe ses journées à s'occuper de son grand-père qui vit lui aussi chez la mère de David. En lisant les petites annonces, une opportunité se présente. le genre de celles qu'on n'attend pas, le genre de celles qu'on n'envisage même pas. « Femme mûre recherche sexe. Je paye ». Il appelle… un acte qui aura des conséquences pour la suite.
Sara est télé-opératrice. Elle est chargée de vendre des contrats d'assurance vie. Efficacité, rentabilité… un boulot creux, inintéressant et dans lequel elle subit une pression constante. Une réalité à mille lieues des projets d'avenir que faisait cette historienne bardée de diplômes.
Trois personnages appartenant à la même génération. Des trentenaires. Trois parcours différents. Trois destinées dans lesquelles on entre à pas feutrés pour observer le choix cornélien que vont devoir assumer les personnages.

Photographie d'une génération confrontée à la précarité professionnelle. Petits boulots dans lesquels généralement la pression hiérarchique carbure à plein, dévalorisation et manque d'estime de soi, difficultés financières dues notamment au cout de la vie (le montant onéreux des loyers ne cesse d'être pointé du doigt) … voilà en substance ce que Nadar (chez Futuropolis : « Salud ! » et « Papier froissé« ) aborde dans ce recueil. Au travers du récit de trois jeunes adultes, l'auteur parle donc de la crise économique et de ses conséquences sur l'Espagne. le chômage, l'endettement, les expulsions, les remboursements d'emprunts qui prennent à la gorge [et immanquablement, on se rappelle du scandale des participations préférentielles]… voilà donc le portrait d'une génération désabusée qui se remémore déplore que le mouvement des Indignés n'a pas produit les fruits attendus… et ce gouffre qui sépare leur génération de celle de leurs parents (... lire la chronique complète sur le site : https://chezmo.wordpress.com/2017/04/10/le-monde-a-tes-pieds-nadar/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Les histoires se déroulent en Espagne mais elles pourraient se dérouler en France tant les difficultés et désillusions narrées ici sont rencontrées également par certains jeunes Français. Les trois instantanés de vie qui sont proposés ici permettent à l'auteur d'évoquer toutes les conséquences de la crise économique sur la vie des jeunes, qu'ils soient diplômés ou non : le déclassement, la tentation de "l'exil économique", le rapport aux parents, le sentiment de honte ou de gêne vis-à-vis des amis. La première et la troisième histoire laissent affleurer un peu d'espoir alors que la deuxième laisse une impression plus noire. le dessin est un peu inégal et je n'y ai pas vraiment accroché. La bande dessinée se termine sur un entretien avec un sociologue qui permet d'éclairer les aspects sociaux de l'histoire et de proposer une intéressante mise en perspective.
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La crise économique est passée par là. Trois histoires de jeunes Espagnols, en mal de travail. L'un ne trouve à être employé comme ingénieur qu'en Estonie. L'une se morfond comme téléopératrice pour vendre des assurances vies. Et l'autre finit comme gigolo.
Le monde du travail n'est pas si souvent abordé dans la fiction. Un univers réaliste et universel.
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critiques presse (4)
ActuaBD
11 août 2017
Chronique sociale parfaitement réaliste, Le Monde à tes pieds dresse un portrait générationnel touchant.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BoDoi
16 mai 2017
es héros, tout comme ses seconds rôles, sonnent très juste, ils ressemblent forcément à quelqu’un que l’on connaît.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
26 avril 2017
Peut-être passerez vous à côté de cet album, rangé dans un coin, néanmoins, je vous encourage à vous pencher sur cette couverture et à entamer cette lecture... Vous m'en donnerez des nouvelles !
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDGest
14 avril 2017
Mini-trilogie moderne, cruelle et douce comme seule la complexité de l’âme humaine peut l’être, Le monde à tes pieds se révèle être une œuvre totalement aboutie.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Bouger ? Mais vers où ? Je crois qu'on peut rien changer. Lorsque tu pars en croisade, la première chose que tu dois savoir, c'est qui est ton ennemi, non ? Et là, personne ne sait qu'il faut attaquer. C'est pour ça que personne ne fait rien. On est aveugles. J'ai l'impression que tot le monde est coupable et en même temps innocent, je sais pas. C'est bizarre.
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Parlons de mensonges. D’une génération qui cloue le bec à l’autre pour se justifier. « Vous n’avez jamais manqué de rien ». Entre les lignes, ça veut dire : « Alors ne te plains pas et ne me juge pas ». Je dis que c’est super que tu aies fui les franquistes ou que tu aies commencé à travailler à douze ans… Félicitations, on dirait même que ça t’a plu ! Mais sache que nous aussi, on nous a tabassé dans les manifestations, si c’est ce dont il s’agit ! Mais, oh, vous êtes les grands héros de notre société, les grandes victimes ! Vous méritez tout ! La seule chose que vous voulez en disant ça, c’est vous justifier, vous légitimer. Démontrer que, même si vous vivez comme des bourgeois, vous êtes des gens de gauche qui se sont sacrifiés pour le pays, allez !
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On est de grandes machines qui fabriquent des rêves et des désirs… tout ça parce qu’on croit qu’on « mérite » quelque chose. On grandit avec ces idées de réussite et de prospérité. C’est un énorme mensonge qu’on s’inflige à nous-mêmes
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Tu vois, on aime croire que ce qu’on obtient dans la vie, on l’a acquis à la sueur de son front ou qu’on le mérite, ce genre de choses… Sauf que, parfois, tu sues et tu travailles tout ce que tu peux, tu te défonces jusqu’à plus en pouvoir et ça change rien
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Le monde ne manque ni de bouchers ni de bourreaux, ne sois donc ni l'un ni l'autre.
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