Un livre a deux vitesses d'une part des analyses d'auteurs anglo-saxons James, Auster,
Nabokov et d'autre part une autobiographie avec analyse de la révolution islamique iranienne et de les rapports de Nafisi avec ses étudiantes.
Une entrée de livre bourrative aussi « diurétique que la purée de marrons »*, très scolaire au ton très professoral qu'il faut aborder avec conviction. Dès le début Nafisi se lance dans des explications de texte de CM1 ( Là j'exagère)
Lolita par ci
Lolita par là idem du nympholepte Humbert et
Nabokov ? Ensuite : le baiser de Daisy, le bal etc...
Nafisi un véritable « que sais-je ? » pour un travail d'analyse littéraire!
Des petites phrases plusieurs fois renouvelées « Voilà comment la prose de
Nabokov tend des pièges au lecteur naïf » merci Azar! Pénible Pénible ce CQFD.
De même pour des débuts de paragraphe ou Nafisi nous demande « de les imaginer ... » On se sent un peu merdeux de ne pas avoir suivi avec attention ce qui a précédé! Mais oui Azar on suit! Il y a là une interpellation du lecteur un peu surannée, rappel à l'ordre professoral du lecteur inattentif, fruit d'une écriture datée.
Lecteur Le bonnet d'âne n'est pas loin !
Ensuite la description des évènements en Iran devient plus pertinente, l'écriture moins didactique a croire que ce n'est pas la même personne qui l' écrit. le procès Gatsby façon atelier scolaire théâtre ressenti encore comme spécieux D'autres analyses judicieuses pour que le lecteur ne se fourvoie pas
Pas bien compris le lien littérature/
Nabokov /James etc. le lien de ces jeunes musulmanes avec
Lolita (qui d'ailleurs, ne semble pas être le livre a leur proposer en premier lieu ), leur mode de vie avec Humbert, Daisy … la liberté d'expression et liberté tout court, James, Austen, la femme, la lecture et leurs vécus personnels dans un contexte aussi terrifiant
Très embrouillé, mais on retient surtout que la liberté intellectuelle est facile à vivre et procure du plaisir mais elle est difficilement transposable dans le vécu (surtout celui de l'Iran islamique ) et donc l'intellect et le vécu sont indissociables Malgré une transcendance de l'esprit qui ne semble pas inutile, les étudiantes restent prisonnières de leur vécu
La petite déception due, en première partie a une analyse assez succincte sur le contexte iranien se comble avec une analyse pertinente de l'attitude des lettrés iraniens enseignants, groupuscules d'étudiants de toutes obédiences et des autorités islamiques pendant la révolution et la guerre avec l'Irak.
Des descriptions de litiges littéraires avec les autorités, conflits philosophiques et théologiques, bras de fer idéologiques et des associations contre natures politiques sur les campus.
Pour le reste, la citoyenne de seconde zone c'est du convenu même en 2004
Le séminaire donc « un moment de fraîcheur dans un monde de brutes » dans une théocratie à l'iranienne c'est déjà beaucoup et mais c'est tout ?
Ce séminaire est-il conçu pour échapper au présent grâce à la littérature et se faire plaisir à rêver ou pour, à terme, servir de base idéologique militante contre le régime théocratique ?
On s'interroge sur « l'utilité » de cet ouvrage Pourquoi écrire ce livre après avoir migré aux Etats-Unis ? Pour qui ? Ces quelques séminaires ont-ils suffit a les armer pour affronter leur vécu futur ou cette période n'est-elle qu'une (belle) parenthèse ?
A bien y regarder ce livre apporte une vue assez triste, en demi-teinte, sur ces jeunes filles en quête d'elles-mêmes et désireuses de ne pas en rester là mais éteintes dans le quotidien, écrasées par ce régime et prisonnières de leur pays.
Deux personnes écrivent : l'enseignante qui est pénible à nous asticoter et l'auteur d'autobiographie qui est intéressante On sent un peu un remake à l'iranienne du « cercle des poètes disparus » (avec
Robin Williams avant qu'il ne se ballade en collants verts dans Peter Pan et chairs avec Mme Doubtfire) mais avec des femmes dans un entourage très rétrograde et dangereux.
Un livre qui vaut surtout comme témoignage du quotidien et des souffrances subies par ces étudiantes, leurs espérances et leur capacité à avancer. On aurait aimé en savoir plus sur leurs vécus plutôt que d'avoir a subir des explications de textes
Bref c'est une fiction (comme dit le « magicien ») il y a certainement quelque chose de vrai la dedans
« Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, renvoyés sans fin au passé » (Gatsby) et c'est le cas dans cette théocratie archaïque.
* Desproges