"Zohar, tu devrais aller voir Nino [...] sais-tu qu'il s'est converti à l'islam? " Et Zohar haussait les épaules. "Et alors ? S'il s'est converti à l'islam, il pourra se convertir ensuite à autre chose. C'est comme un billet de banque. Disons une livre sterling, tu la convertis en dollars. Après, les dollars, tu pourras les convertir en francs ou en roubles... C'est toujours de l'argent, non ? Tu montes, tu descends, de toute façon tu es juif."
En capturant les paysans à ses mirages, la ville du Caire engendrait des milliers de poètes nostalgiques dont les pleurs sortaient à la lune, comme les nuées de moustiques, escortés d'invisibles chameaux. C'est ainsi, dans les chants, que les paysans du Nil supportaient la ville où la misère les avait conduits ; c'est ainsi que la ville tirait sa force du limon millénaire.
La femme est une panthère, forte d'être sauvage. Capturée, elle devient folle ou se laisse mourir.
Je suis bien vieux. Quelquefois, je me demande si la mort m'a oublié.
Allez! Il est temps! Circoncis-le et son esprit s'ouvrira. Il aura accès à la raison.
Ah bon? De tous les organes que Dieu nous a donnés, c'est dans ce petit bout de chair qu'il a fourré l'inhibition de la raison?
Pour prier, chaque peuple est différent, mais pour se protéger de la mort, nous sommes tous semblables!
Je suis né de ça... au pays des pharaons, d'une mère possédée par les diables et d'un père aveugle. Que pouvais-je faire entre ces deux-là qui s'aimaient d'une passion infinie?
Et elles éclatèrent de rire toutes les quatre, tant le mot "Bab el Zouweila" leur était agréable à l'oreille.
On dit que l'Égypte est la mère des mondes, oum el donia… C'est aussi la mienne ! Je veux dire : l'Égypte est ma mère ; c'est la matrice de toutes mes pensées. Je suis de là. Nous autres, Juifs d'Égypte, sommes de là, de toujours. Nous étions là avec les pharaons. Dans un lointain passé, l'Égypte a été envahie par les Perses et nous étions là ; par les Babyloniens, par les Grecs, par les Romains, par les Arabes et nous étions encore là… Nous autres, Juifs, nous sommes comme les bufflons, pétris dans la boue du Nil, de cette même couleur sombre ; des autochtones.
Nous vivons près des Arabes comme un homme vivrait près de son foie. Leur Coran contient nos histoires et notre bouche est emplie de leur langue. Pourquoi ne sont-ils pas nous ? Pourquoi ne sommes-nous pas eux ?