Citations sur Qui a tué Arlozoroff ? (30)
- Tu me demandes si je pense... Je veux seulement laisser venir les idées. Les idées, on ne les pense pas, on les invite ! On les accueille.
Durant le voyage ils lièrent connaissance. Il s'appelait Heinrich Blum. Il travaillait à l'université, comme bibliothécaire. Il avait assisté à la folie du feu de livres, cette nuit du 10 mai. "Saviez-vous que Heine a écrit que là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ?" Victor l'ignorait. "Heine ! Ils ont brûlé les livres de Heine, le plus grand poète de langue allemande...Mais qu'ont-ils donc à être ainsi obsédés par les Juifs ? Voulez-vous que je vous dise ? Ca ressemble à de l'envie ! Oui, de l'envie !"
- Etes-vous marié, Herr Hitler ?
- Non, madame ! Je ne suis pas marié et je ne me marierai pas !
- Comment pouvez-vous dire une chose pareille, Herr Hitler ! Peut-être n'avez-vous pas encore rencontré la femme qui...
- Il ne s'agit pas de cela, madame, je ne saurais être bigame. je suis déjà marié ; j'ai épousé l'Allemagne !
L'inconnu étendu sur l'estrade, celui que Goebbels avait présenté comme un sans-grade des Sections d'Assaut, était en réalité un communiste. Dans la mêlée, il s'était retrouvé au sol, blessé. Il écoutait, perplexe, les développements de Goebbels à son sujet. Il en fut si impressionné qu'il prit sa carte du parti nazi à l'issue du meeting. Embarqué dans le décor, lui qui quelques heures auparavant était l'ennemi, devint en l'espace d'un instant ce héros nazi que présentait Goebbels. L'homme s'appelait Albert Tonak. Jeune chômeur, première victime de la propagande, il devint le premier transfuge, illustration vivante de la stratégie de Goebbels qui avait décidé de s'emparer de l'électorat communiste. Pour le coup, Goebbels l'engagea comme chauffeur.
L'injure est l'âme de la provocation, son noyau. Par l'injure, on renvoie à l'ennemi sa propre image rabaissée, lui signifiant qu'on dispose d'une avance sur lui. S'il est possible de le penser chien, porc, excrément ou maladie malfaisante, c'est que l'on a déjà procédé au travail mental permettant de le tuer…La force de l'injure ne réside en aucune manière dans son contenu mais dans le processus qu'elle suppose déjà réalisé dans l'esprit de l'énonciateur. Qui t'injurie est capable de te tuer…Nous allons vous tuer ! Nous y sommes préparés !
_ C'est étrange de s'intéresser à un meurtre commis il y a si longtemps, s'étonne-t-il...Vous menez vraiment une enquête ? On ne vous prendra pas au sérieux. Ici, la mort d'Arlozoroff est devenue comme une légende, vous savez. Elle est l'objet de plaisanteries célèbres. Lorsque vous accusez quelqu'un, il n'est pas impossible qu'il vous réponde : " Mais oui ! C'est ça ! C'est moi qui ai tué Arlozoroff aussi, tant que tu y es..."
Il savait qu'il aurait une explication avec Sima. Il calcula rapidement : cela faisait bientôt deux mois qu'il avait quitté la Palestine. Elle devrait comprendre qu'un homme en bonne santé, dans la force de l'âge...Non ! Elle ne comprendrait pas ! Sima est une scientifique. Pour elle, les choses sont carrées. Si l'on a fait un choix, on s'y tient. Alors...
Dans ce pays où il se balade comme chez lui, qui sait si le premier passant qui vous adresse la parole n'est pas Dieu en personne ?
"Le monde n'existe qu'écrit et il est si difficile de créer"
Le royaume de la haine
Berlin 1933, janvier...
Il est un monde, souterrain, illicite, qui n'est pas celui du contrat social, mais de la haine. Il ne présuppose pas l'attirance pour la vie ensemble, mais la
maîtrise individuelle de la substance. C'est un monde peuplé de cannibales fondamentaux, d'humains préférant la chair humaine à toute autre nourriture. Là, l`autre humain ne peut avoir que deux statuts, celui d`aliment ou celui d'allié éphémère dans la capture d'une proie. Dans ce monde, nul ne jouit d'un quelconque privilège, ni le partenaire amoureux ni le parent, ni l'enfant ni le vieillard. L'expérience montre que les humains s'aventurent dans un tel monde pour solliciter des changements radicaux. Ce monde n'est que pouvoir; le pouvoir en est la seule valeur, la seule référence. On y pénètre toujours par une épreuve, d'offrír l'être le plus cher comme nourriture à ses complices, démontrant que l'on est inaccessible à l'amour. C'est par cet acte initial que l'on s'affilie à des semblables et s'adjoint des associés avec lesquels obtenir toujours plus d'humains à dévorer. Ce monde est bien réel ; on le retrouve dans toutes les sociétés humaines. Partout on l'appelle "sorcellerie".Il accompagne l'organisation politique même la plus élémentaire comme son ombre.
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