Vingt-huit années séparent la publication des "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée" (1924,
Neruda avait alors vingt ans) de celle de "Les Vers du capitaine" (1952). On y retrouve pourtant la même verve amoureuse, comme si les deux recueils avaient été rédigés dans la continuité !
Il y a quelques semaines, je relisais "
Les Amours" de
Ronsard. L'auteur y déclame ses flammes en vers classiques, notamment en sonnets.
Pablo Neruda utilise une forme plus moderne, s'affranchissant des règles de la versification, mais sur le fond il y a beaucoup de similitudes. Les deux ont beaucoup aimé les femmes. Ils n'hésitent pas à déclarer leur amour sans pudeur, et n'en font guère preuve non plus pour les pleurer quand elles décident de les quitter.
Deux petits exemples :
"Ton souvenir émerge de la nuit où je suis.
Le fleuve noue sa lamentation obstinée à la mer.
Abandonné comme les quais dans l'aube.
C'est l'heure de partir, oh abandonné !"
(La chanson désespérée)
"Mais qu'as-tu ? Qu'avons-nous ?
Que nous arrive-t-il ?
Ah ! Notre amour est une corde dure
Qui nous amarre et qui nous blesse"
(Les Vers du capitaine / Les rages / L'amour)
On dit que
Ronsard a révolutionné la poésie française, notamment en imposant cette langue plutôt que le latin.
Neruda, par son art de faire chanter les mots, a lui aussi chamboulé les règles, contribuant à donner leurs lettres de noblesse à la poésie moderne.
À (re)lire avec amour...
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