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Citations sur Les Chimères : La Bohême galante, Petits châteaux de Bohême (30)

El Desdichado.

Je suis le ténébreux, - le veuf - l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie:
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus?... Lusignan ou Biron?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron:
Modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de là fée.
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Le point noir

Quiconque a regardé le soleil fixement
Croit voir devant ses yeux voler obstinément
Autour de lui, dans l'air, une tache livide.

Ainsi, tout jeune encore et plus audacieux,
Sur la gloire un instant j'osai fixer les yeux:
Un point noir est resté dans mon regard avide.

Depuis, mêlée à tout comme un signe de deuil,
Partout, sur quelque endroit que s'arrête mon oeil,
Je la vois se poser aussi, la tache noire! -

Quoi, toujours? Entre moi sans cesse et le bonheur!
Oh! c'est que l'aigle seul - malheur à nous, malheur! -
Contemple impunément le Soleil et la Gloire.
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« Artémis »

La treizième revient… C’est encor la première ;
Et c’est toujours la seule, — ou c’est le seul moment :
Car es-tu reine, ô toi ! la première ou dernière ?
Es-tu roi, toi le seul ou le dernier amant ?...

Aimez qui vous aima du berceau dans la bière ;
Celle que j’aimai seul m’aime encore tendrement ;
C’est la mort — ou la morte… Ô délice ! ô tourments !
La rose qu’elle tient, c’est la Rose trémière.

Sainte napolitaine aux mains pleines de feux,
Rose au cœur violet, fleur de sainte Gudule :
As-tu trouvé ta croix dans le désert des cieux ?

Roses blanches, tombez ! vous insultez nos dieux :
Tombez, fantômes blancs de votre ciel qui brûle :
— La sainte de l’abîme est plus sainte à mes yeux !
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        Vers dorés

                Eh quoi ! Tout est sensible !
                Pythagore



Homme ! libre penseur – te crois-tu seul pensant
Dans ce monde, où la vie éclate en toute chose
Des forces que tu tiens ta main dispose
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant…
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose,
Un mystère d’amour dans le métal repose :
Tout est sensible ; – Et tout sur ton être est puissant

Crains dans le mur aveugle un regard qui t’épie
À la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à quelque chose impie.

Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ;
Et, comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres.
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Dans les bois.

Au printemps, l'oiseau naît et chante:
N'avez-vous jamais ouï sa voix ?...
Elle est pure, simple et touchante
La voix de l'oiseau -- dans les bois !

L'été, l'oiseau cherche l'oiselle;
Il aime, et n'aime qu'une fois !
Qu'il est doux, paisible et fidèle
Le nid de l'oiseau -- dans les bois !

Puis, quand vient l'automne brumeuse
Il se tait... avant les temps froids.
Hélas! qu'elle doit être heureuse
La mort de l'oiseau -- dans les bois !
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Vers dorés.

Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant
Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ?
Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l'univers est absent.

Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d'amour dans le métal repose ;
" Tout est sensible ! " Et tout sur ton être est puissant.

Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t'épie :
A la matière même un verbe est attaché...
Ne le fais pas servir à quelque usage impie !

Souvent dans l'être obscur habite un dieu caché ;
Et comme un oeil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres !
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Delfica.

La connais-tu, Dafné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore, ou sous les lauriers blancs,
Sous l'olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d'amour qui toujours recommence ?...

Reconnais-tu le Temple au péristyle immense,
Et les citrons amers où s'imprimaient tes dents,
Et la grotte, fatale aux hôtes imprudents,
Où du dragon vaincu dort l'antique semence ?...

Ils reviendront, ces dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique...

Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.
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Antéros.

Tu demandes pourquoi j'ai tant de rage au coeur
Et sur un col flexible une tête indomptée ;
C'est que je suis issu de la race d'Antée,
Je retourne les dards contre le dieu vainqueur.

Oui, je suis de ceux-là qu'inspire le Vengeur,
Il m'a marqué le front de sa lèvre irritée,
Sous la pâleur d'Abel, hélas! ensanglantée,
J'ai parfois de Caïn l'implacable rougeur !

Jéhovah! le dernier, vaincu par ton génie,
Qui, du fond des enfers, criait : " O tyrannie ! "
C'est mon aïeul Bélus ou mon père Dagon...

Ils m'ont plongé trois fois dans les eaux du Cocyte,
Et, protégeant tout seul ma mère Amalécyte,
Je ressème à ses pieds les dents du vieux dragon.
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J'avais quitté la proie pour l'ombre... comme toujours !
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A une petite chatte qui me regardait avec de grands yeux bleus.

Je voudrais te faire un sonnet,
Petite chatte, et te surprendre ;
Mais si je sais comment m'y prendre,
Que je sois pendu, s'il vous plaît !

Bah ! Le premier quatrain est fait,
Le second est facile à faire :
Je t'aime ! Hé ! las ! Quel air sévère !
Rentrez vos griffes, s'il vous plaît ?

Ai-je rien dit qui vous déplaise ?
Vos grands yeux bleus me font mal aise,
Vite, fermez-les, s'il vous plaît ?

Mais si mon vers ne vous offense,
Accordez-moi, pour récompense,
Un baiser, - veux-tu, s'il vous plaît ?
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