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Jean Guillaume (Éditeur scientifique)Claude Pichois (Éditeur scientifique)André Miquel (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070403875
948 pages
Gallimard (13/03/1998)
4.07/5   88 notes
Résumé :
« L'Orient, le voyage... Mais pourquoi ? Pour découvrir, seulement ? Ou pour trouver, là, sur place, une ou des vérités déjà pressenties ? Un rêve d'humanité première que l'Orient demeurerait seul à porter ? Nerval a vu, noté, dans une attention, souvent une sympathie que tous alors ne partagent pas forcément. Mais davantage encore : il est arrivé sur l'autre rive de la mer en mêlant à l'Orient qui l'accueillait le sien propre, recomposé à partir de l'antiquité ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Sans l'avoir jamais lu, ce nom d'auteur m'a toujours plu. Il sonne bien, et je devais trouver un auteur du XIXe siècle pour le challenge multi-défis. Voilà pourquoi ce choix.
Quant au titre, il m'annonçait de l'exotisme, du mouvement.

J'ai été d'abord très surprise de commencer ce voyage en Suisse puis en Autriche ! Pour moi ce n'est pas l'Orient, pas encore ! Mais pour l'auteur oui, déjà !
Dans cet ouvrage le narrateur s'adresse à un ami comme dans un courrier mais on ne sait pas qui est cet ami.
Nous avons tout d'abord droit aux aléas du voyage jusqu'en Suisse avec le refus de l'auteur de prendre le train, sa préférence pour la diligence malgré certains choix à faire.
Déjà de très nombreuses références littéraires et picturales apparaissent dans les descriptions des régions ou villes visitées (ville De Lamartine, valet d'Alceste, comme dans un vaudeville, Jean-Jacques Rousseau,…) et finalement ce voyage en Orient de Nerval, même si ce dernier marche énormément et arpente les villes visitées, devient surtout un voyage littéraire. Il tente de retrouver ce qu'il sait, ce que sa culture lui a appris, mais il est souvent déçu en arrivant dans les villes Suisses car elles ne correspondent pas à ce qu'il en avait imaginé !
«  Aussi bien, c'est une impression douloureuse, à mesure qu'on va plus loin, de perdre, ville à ville et pays à pays, tout ce bel univers qu'on s'est créé jeune, par les lectures, par les tableaux et par les rêves. » p.63
A Munich et à Vienne, il fera de nombreux rappels à l'Italie et aux peintures.
Dans l'adriatique, nombreuses références à la mythologie évidemment, et toujours la culture théâtrale très présente.

En Egypte (enfin l'Orient pour moi!!), ce sont les femmes du Caire qui le fascine et attire son attention. Une large part est faite à leur description bien qu'elles soient cachées sous des voiles. Il va s'installer pour 6 mois dans la ville du Caire, voulant « se fondre » à la population non sans quelques difficultés. Nombreux aléas là aussi jusqu'à l'obligation de se marier… mais je ne veux pas tout dévoiler !
C'est là en tous cas que le récit sur l'Orient démarre enfin, même si on reste sur de très nombreuses descriptions des lieux, des différentes nationalités regroupées dans la même ville, de coutumes ou fêtes observées… On y évoque la différence entre l'esclavage en Orient et en Amérique.
Puis une longue excursion sur le Nil le mène jusqu'en Syrie.

Tout au long de son voyage, Nerval ne parle pas la langue et apprend peu à peu quelques expressions ou trouve un moyen de communiquer. Il est bien sûr dépendant de ses serviteurs et des personnes voulant l'aider. Un long apprentissage mêlé de découvertes parfois surprenantes sur un autre mode de vie. C'est tout l'attrait du voyage par excellence !
Le style est très littéraire tout en restant fluide et la lecture en est agréable même si ce n'est pas vraiment « ma tasse de thé ».

Challenge Multi-défis 2016 (item: un classique du 19ème)
Challenge XIXe siècle 2016
Challenge 1 mot- 1 livre
Challenge en Choeur
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Ce livre est une merveille, une ode à la langue française que Nerval manie avec une compétence inégalée, sauf peut-être par quelques écrivains renommés qui garnissent nos bibliothèques. Les phrases se lisent avec délectation, les descriptions sont des photographies et il décrit avec une verve sans pareille la vie dans une civilisation qui n'est pas la sienne. S'il y avait une critique à formuler - mais en avons nous le loisir ? - ce serait qu'il inclut dans son récit une longue partie (120 pages tout de même) qui, sous l'alibi d'expliquer ce que peut représenter la profession des conteurs chez les turcs, relate l'histoire de Salomon et de la reine de Saba. Ce paragraphe ne manque certes pas d'intéret, notamment lorsqu'il aborde les liens avec la franc-maçonnerie, mais il n'est nul besoin de voyager pour narrer cette histoire, et c'est d'autant plus dommageable que les autres chapitres sont un régal lorsqu'ils se rapportent à ce que l'auteur a pu ressentir tout au long de ses pérégrinations. On apprend quantité de choses de cet érudit, sur les religions, les coutumes, les régions, les femmes, sur les sultans, les califes et autres pachas. C'est un magnifique ouvrage, certes de près de 800 pages, mais qui se dévore comme un roman. Les difficultés qu'il rencontre, lorsqu'il choisit de prendre femme pour mieux se fondre dans un milieu qui pourrait lui être hostile, se parcourent avec délectation, de même que l'histoire de la genèse de la religion druse ou les rapports imposibbles avec ses serviteurs occasionnels. de la grande littérature, à n'en pas douter
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La première partie du livre ressemble à une page de réseau social, dans laquelle l'auteur raconte ses voyages, traverse des villes sans rien approfondir, en critiquant tout. le choix du  "on" indéfini est désagréable, car il n'implique pas l'auteur, et laisse cette impression de désinvolture et d'extériorité qui me laisse totalement froid.
C'est dans les références littéraires ou les digressions mythologiques que Nerval est le plus lyrique, mais on reste dans l'intellect et le savoir.

Ou est le grand auteur de cette première moitié  du XIXe siècle me disais-je... jusqu'à l'arrivée au Caire : enfin le style, la belle langue, l'intrigue, les descriptions... méritent toute l'attention du lecteur... avant de retomber dans le travers des explications historiques et politiques empêchant le lecteur de se plonger dans l'ambiance d'un jardin, d'un harem, d'une ruelle de la ville...Le plus frappant est l'absence d'émotion.
Le dandy n'était pas plus intéressant dans son approche de la vie que le bobo parisien d'aujourd'hui, et ce livre me laisse sur ma faim.
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Dans les années 1840 Gérard de Nerval a voyagé en Égypte, au Liban, en Syrie, ainsi qu'en Turquie et à Malte. À propos de ces voyages il a écrit une oeuvre qui a été publiée dans des magazines métropolitains français. D'où vient l'intérêt pour un lecteur? Nerval a même fourni à ces notes un semblant d'intrigue: comment trouver au Moyen Orient une épouse pour lui-même - un Français solitaire? Pour des raisons d'économie au Caire il loue une maison et ne vit pas à l'hôtel, et dans ce cas selon des lois locales il a besoin d'une femme à la maison, même si ce n'est pas sa vraie femme, mais une domestique ou une esclave. Finalement le Français scrupuleux accepte d'engager une domestique, cependant, il n'abuse pas de sa position de maître et élabore même un plan audacieux pour donner la liberté à l'esclave. Une drôle d'histoire car l'esclave refusera de faire le ménage et la liberté qui lui est offerte n'est rien moins qu'une insulte à la fille : en Egypte du XIXe siècle les femmes esclaves vivent mieux que les fellahs libres...

Dans les notes du texte je lis que tous les événements décrits par Nerval n'ont pas eu lieu dans la vie. Eh bien, ça ne m'a pas du tout dérangé. Il écrit si naturellement et en connaissance de cause que vous ne doutez pas une seconde de la réalité de ce qui se passe. Et cela, quoi qu'on en dise, est un signe d'une vraie littérature.
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Je ne sais trop comment qualifier cet ouvrage de Gérard de Nerval qui a bercé ma jeunesse et mon adolescence. On ne présente plus l'auteur : poète majeur de son temps qui manie les mots comme nul autre. Comme bien des artiste de sa génération, De Nerval fut attiré par l'Orient. Il nous livre une récit à la croisée du récit de voyage, de l'autobiographie, du roman, du recueil de poèmes, de la collection de récits anciens. C'est un peu les enquêtes d'Hérodote en mode poétique. J'ai savouré et adoré ce voyage en Orient haut en couleur et en exotisme.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Ne pouvant pénétrer dans l'enceinte du palais de Méhémet-Ali, palais neuf, bâti à la turque et d'un assez médiocre effet, je me rendis sur la terrasse d'où l'on domine tout le Caire. On ne peut rendre que faiblement l'effet de cette perspective, l'une des plus belles du monde, ce qui surtout saisit l'oeil sur le premier plan, c'est l'immense développement de la mosquée du sultan Hassan, rayée et bariolée de rouge et qui conserve encore les traces de la mitraille française depuis la fameuse révolte du Caire.

La ville occupe devant vous tout l'horizon, qui se termine aux verts ombrages de Choubrah ; à droite, c'est toujours la longue cité des tombeaux musulmans, la campagne d'Héliopolis et la vaste plaine du désert arabique interrompue par la chaîne du Moka-tam; à gauche, le cours du Nil aux eaux rougeâtres, avec sa maigre bordure de dattiers et de sycomores.

Boulac, au bord du fleuve, servant de port au Caire qui en est éloigné d'une demi-lieue ; l'ile de Roddah, verte et fleurie, cultivée en jardin anglais et terminée par le bâtiment du Nilomètre, en face des riantes maisons de campagne de Giseh ; au-delà, enfin, les pyramides, posées sur les derniers versants de la chaîne libyque, et vers le sud encore, à Saccarah, d'autres pyramides entremêlées d'hypogées ; plus loin, la forêt de palmiers qui couvre les ruines de Memphis et sur la rive opposée du fleuve, en revenant vers la ville, le vieux Caire, bâti par Amrou à la place de l'ancienne Babylone d'Égypte, à moitié caché par les arches d'un immense aqueduc au pied duquel s'ouvre le Calish qui côtoie la plaine des tombeaux de Karafeh.
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J'ignore si tu prendras grand intérêt aux pérégrinations d'un touriste parti de Paris en plein novembre. C'est une assez triste litanie de mésaventures, c'est une bien pauvre description à faire, un tableau sans horizon, sans paysage, où il devient impossible d'utiliser les trois ou quatre vues de Suisse ou d'Italie qu'on a faites avant de partir, les rêveries, mélancoliques sur la mer, la vague poésie des lacs, les études alpestres, et toute cette flore poétique des climats aimés du soleil qui donnent à la bourgeoisie de Paris tant de regrets amers de ne pouvoir aller plus loin que Montreuil ou Montmorency.
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Je vais au-devant du printemps, je vais au-devant du soleil... Il flamboie à mes yeux dans les brumes colorées de l'Orient. - L'idée m'en est venue en me promenant sur les hautes terrasses de la ville* qui encadrent une sorte de jardin suspendu. Les soleils couchants y sont magnifiques.

p. 54
* Il s'agit de Genève.
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La cuisine est assez bonne à Genève, et la société fort agréable. Tout le monde parle parfaitement français, mais avec une espèce d'accent qui rappelle un peu la prononciation de Marseille. Les femmes sont fort jolies, et ont presque toutes un type de physionomie qui permettrait de les distinguer parmi d'autres. Elles ont, en général, les cheveux noirs ou châtains ; mais leur carnation est d'une blancheur et d'une finesse éclatantes ; leurs traits sont réguliers, leurs joues sont colorées, leurs yeux beaux et calmes. Il m'a semblé voir que les plus belles étaient d'un certain âge, ou plutôt d'un âge certain.
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[…] je n’ai que la ressource d’entretenir la plus âgée, qui prend le café à ma gauche. Je commence par quelques phrases d’allemand assez bien tournées touchant la rigueur de la température et l’incertitude du temps. «Parlez-vous français ? me dit la dame allemande.
- oui, madame, lui dis-je un peu humilié ; certainement, je parle aussi le français. »
Et nous causons désormais avec beaucoup plus de facilité.
——-
Cette aventure m’amuse car je l’ai vécue aussi, il y a quelques années dans un train de Munich à Nuremberg. :-)
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