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Citations sur Pétales et autres histoires embarrassantes (7)

Une nuit, je me réveillai en sursaut après un cauchemar dont je ne pus me souvenir. La lune presque pleine pénétrait à travers le shôji, baignant la chambre d ‘une lumière bleutée. Le corps de Midori était presque entièrement allongé sur le mien, respirant sereinement dans un sommeil profond. Ses jambes et ses bras en laçaient les miens, imitant les branches d’un lierre ou d’un chèvrefeuille. C’est ainsi que je le découvris : ma femme était une plante grimpante, souple et brillante. « C’est pour cela qu’elle aime tant la pluie, pensai-je, alors que, moi, je ne la supporte pas.
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J’avoue cependant que, souvent, tandis que je déambule dans les rues ou dans les couloirs de quelque édifice, l’envie me saisit soudain de faire une photo, pas de paysages ou de ponts comme le fit naguère mon père, mais de paupières insolites que de temps en temps je repère dans la foule. Cette partie du corps, que j’ai vue toute mon enfance, et sans jamais ressentir le moindre dégoût, a fini par me fasciner. Exhibée et cachée par intermittence, elle oblige à rester en état d’alerte si l’on veut découvrir quoi que ce soit qui en vaille vraiment la peine. Le photographe doit éviter de cligner des yeux en même temps que le sujet étudié pour capturer le moment où l’œil se ferme comme une huître joueuse. J’en suis venu à penser que cela nécessite une intuition particulière, proche de celle d’un chasseur d’insectes, et je crois qu’il y a peu de différence entre un battement d’ailes et un battement de cils.
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On dit que le martèlement d’une goutte d’eau tombant sans interruption sur le sol d’une cellule de prison brise en quelques jours les nerfs d’un détenu. Je vous assure, docteur, vivre aux cotés de quelqu’un qui fait craquer ses doigts à tout instant, c’est plus ou moins la même chose.
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Le meilleur moment pour entrer dans les restaurants, c'étaient les heures de pointe, personne alors ne remarquait ma présence et je pouvais m'aventurer dans les toilettes du lieu, qui, tout comme la proximité des femmes, étaient une véritable découverte pour mes vingt ans. Il n'était pas rare alors que je préfère me faufiler dans les sanitaires réservés aux dames, et m'immerger dans leur sillage. Les autres, réservés à mon sexe, me semblaient peu prometteurs, dans les taches des urinoirs je décelais de l'arrogance, parfois de la rivalité, mais rien qui vaille la peine que je m'en souvienne en arrivant à mon studio, où je ne survivais aux relents de la solitude et de l'enfermement qu'en me réfugiant dans les odeurs récoltées pendant la journée.
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J'essayais de distinguer des formes dans les contours des nuages et je laissais le sommeil me gagner, en supposant que, sans m'en rendre compte, j'étais en train d'accéder au paradis.
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Il y a sûrement dans la vie de tout renifleur un moment de plénitude comme celui que j'ai connu cette fois-ci dans les toilettes pour dames du Mazarin. Je ne saurais dire si ce qui me procura autant de plaisir fut le marbre discret des meubles et du sol, le haut plafond permettant la libre circulation des odeurs ou bien le vaste cabinet où je me livrai à une exploration minutieuse.
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[...] Les manies de Victor étaient elles aussi imperceptibles aux yeux du monde extérieur. Il fallait l'observer un certain temps pour se rendre compte qu'il faisait craquer ses doigts de façon compulsive - et pas pour une question de style, comme j'avais pu le croire au début - car son geste était naturel et le bruit du craquement presque inaudible. Et pourtant, passé les premiers mois, ce geste superflu et acceptable a commencé à m'être désagréable. Petit à petit, mon ouïe est devenue plus sensible au craquement.
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